Generation Kill, c’est avant tout un univers de mâles :
Les senteurs fétides dégagées par les corps en exercice de nos braves marines, exposés à un soleil de plomb, les fines couches de souillure collant autant à l’épiderme que la mousse à la roche, l’impossibilité de soulager ses problèmes d’ordre gastrique en toute dignité.
On reviendra également aux rapports de force entre les hommes d’un même bataillon et autres exhibitions de virilité et expressions guerrières, l’humour vache, parfois crade, vannes de salle gosses pour pallier à l’ennui éprouvé durant les longues courses en Humvee à travers les terres arides du golfe. Quelques réflexions métaphysiques, toujours prises sous cet indifférent angle sarcastique très américain.
Generation Kill, c’est aussi l’organisation interne précise de l’armée américaine, les déboires de la bureaucratie militaire, impliquant un respect scrupuleux de protocoles parfois inutiles, parfois dangereux, souvent paralysant. Un matériel obsolète, inadéquat, incomplet, renforçant cette idée de guerre préparée dans la précipitation. Une hiérarchie n’hésitant pas à se servir d’un régiment comme chair à canon, envoyé à l’abattoir sans le moindre soutien. Des objectifs irréalisables, absurdes, dont le seul but revient à gonfler l’égo galonné de quelque officier. Du jargon militaire codé, employé avec méticulosité, une rigueur qui camoufle plutôt bien le banal de bon nombre de situations.
Generation Kill, c’est des bidasses confrontés au macabre. Souvent un véritable manque de discernement face à l’horreur. De la légèreté déplacée que l’on devine motivée par le déplacement permanent du groupe et le manque de temps. Pas le temps d’accorder de l’importance ni aux doutes ni aux remords lorsqu’on a déjà du retard sur le planning.
Bref, Generation Kill, c’est essentiellement le quotidien des réservistes américains pendant la deuxième guerre du golfe, au cœur d’un conflit incompréhensible; soldats systématiquement sollicités pour qui le repos devient luxe. Generation Kill, C’est aussi et surtout la démythification de la guerre propre, tant vantée par la classe politique américaine et autres partisans ingénus. Generation Kill, c’est le réalisme d’une arme qui s’enraye au moment d’essuyer une rafale en plein poitrail.