La fascination de l’humanité face à l’avènement de son extinction est encore bien présente dans la culture populaire, que ce soit sous la forme de film « fin du monde » ou bien encore le phénomène zombie (jeux-vidéos et séries notamment). Mais les oeuvres (post-)apocalyptiques ne sont pas juste un prétexte pour nous montrer Bruce Willis en héros ou donner l’occasion à l’ado boutonneux de flirter avec l’ultime top-modèle, ce sont aussi des récipients d’observations sur l’Homme et la signification de son existence dans un monde qui a perdu son sens. C’est le cas de Shoujo Shuumatsu Ryokou, un anime de l’automne 2017 mettant en scène deux adolescentes qui parcourent une Terre vide, ravagée par la guerre.
Shoujo Shuumatsu Ryokou n’est pas une série d’action et bien que l’élément de survie soit bien présent, l’oeuvre est avant tout un voyage empreint de contemplation, fourni en scènes de vie qui pour la plupart reflètent simplement la manière dont les protagonistes approchent leur sombre réalité. Tout cela n’est pas sans rappeler le « mono no aware » d’un Yokohama Kaidashi Kikou mais Shoujo Shuumatsu Ryokou possède des spécificités qui le rend unique.
Le visuel de l’oeuvre sera la première chose qui frappera le regard. En effet, outre le chara-design « moeblob » sans intérêt des personnages, l’esthétique proposée est saisissante : un paysage entièrement recouvert de métal et de béton, des proportions titanesques fantaisistes mais aussi des structures ancrées dans la modernité. Ce mélange, et l’ajout d’éléments Sci-Fi par ailleurs, a pour résultat un univers original où la beauté du métal rivalise parfois à celle de la nature malgré les couleurs mornes qui dominent. Plus encore, l’auteur a su créer une grande variété de points d’intérêts mystérieux que les héroïnes explorent et interprètent à nos côtés.
Les deux protagonistes n’ont rien d’extraordinaire en revanche et je dois avouer qu’elles sont sans doute la raison pour laquelle il m’a fallu trois épisodes avant d’être convaincu par la série. D’un côté, nous avons Chito, la personne raisonnée et encyclopédique du groupe qui sert en grande partie de porte vers le passé, tandis que son amie insouciante Yuuri symbolise davantage un présent marqué par la guerre, dépourvu de racines et d’empathie (bien que ce facteur soit peu exploité malgré une scène marquante du premier épisode). Leur dynamique marche bien mais voir constamment des interactions simplistes et Chito expliquer des banalités chaque minute a de quoi agacer par moments.
Sous ses airs contemplatifs, on ne peut pas dire que Shoujo Shuumatsu Ryokou cherche à partager un message philosophique particulier, si ce n’est de souligner la futilité de la vie et la sérénité trouvée dans l’acceptation d’une désolation infinie. L’anime possède cela dit une imagerie intéressante, notamment à travers le thème de l’ascension presque éternelle qui, ajouté aux références récurrentes à la mort, martèle bien l’idée d’un purgatoire.
Shoujo Shuumatsu Ryokou possède une atmosphère paisible appréciable, remplie de petits bonheurs et d’une relation humaine qui saura charmer avec le temps. Cependant en arrière-fond se trouve aussi un désespoir lancinant que les visages moeblobs ne sauraient complètement alléger. Je dois avouer avoir été un peu perturbé face à la réalisation que le sentiment de relaxation émanant de la plupart des scènes était trompeur, mais c’est dans ce mix déstabilisant que l’anime trouve l’une de ses plus grandes forces.
Shoujo Shuumatsu Ryokou est en somme un mélange réussi entre série post-apocalyptique et tranche de vies, une oeuvre courte mais créative, surtout visuellement, qui a certes mis du temps à me captiver mais a laissé au final une marque certaine. C’est sans regret que je recommande cet anime.