Martin mystère

On parle souvent de plaisir coupable, l'un des miens réside dans les séries policières françaises grand public, à l'image de ce "Glacé", adaptation d'un best-seller de Bernard Minier. Cette étrange attirance doit sans doute dater de l'enfance, lorsque je regardais en famille les grandes sagas de l'été.

Hélas, ce petit plaisir a de plus en plus tendance a s'étioler, au fur et à mesure des déceptions - et de l'évolution de mes goûts, qui tolèrent probablement de moins en moins la médiocrité.
Non que "Glacé" soit le pire exemple du genre, mais la série diffusée sur M6 se révèle quand même décevante.

Malgré leurs défauts évidents, les premiers épisodes parviennent à susciter l'intérêt, grâce à des éléments certes clichés, mais toujours un minimum attractifs (le serial killer manipulateur, les meurtres sordides, le décor enneigé des Pyrénées). On connaît les ingrédients de ce genre de polar, tout dépend comment ils sont assaisonnés.

Et c'est là que le bât blesse rapidement : "Glacé" manque de punch, de rythme, de dialogues percutants. Les personnages parlent peu, et pour débiter des répliques creuses, qui manquent cruellement de naturel.

D'autre part l'interprétation s'avère très inégale, malgré un casting prometteur : Charles Berling paraît peu investi dans la peau du héros Martin Servaz, même s'il parvient à surnager ; Lubna Azabal semble souvent à côté de la plaque, tout comme Nina Meurisse et Julia Piat(h)on. Seul Pascal Greggory sauve l'honneur, dans un rôle intéressant de sociopathe flegmatique et débonnaire.

On sent que la production n'est pas à la hauteur, on singe les séries nordiques mais cela sonne trop franchouillard. Même les décors sont parfois mal exploités, avec quelques CGI dégueulasses.
Dommage car le scénario, certes peu original, tient correctement la route, sans grosses incohérences ni faute de goût. C'est le point fort de "Glacé", qui s'offre même une fin ouverte assez réussie.

Pour résumer, voilà donc une série française sans grand intérêt, qui tente de recycler les idées habituelles du polar scandinave, mais souffre de trop de carences pour offrir un divertissement agréable. D'ailleurs les spectateurs ne s'y sont pas trompés, avec des audiences décevantes malgré un bon démarrage.