Dès l'introduction, les bases sont posées. La Création est située en l'an de grâce 4004 avant J.C. à 9h13, toute l'histoire avec les dinosaures "est une blague que les paléontologues n'ont pas encore compris" et la scène du fruit de la tentation est tourné en dérision : la création est à peine achevée qu'ange et démon s’interrogent déjà sur leur rôle. L'un est maladroit de sa bonté, l'autre est las de son espièglerie. Leur nature céleste est une véritable farce, et l'on s'amuse déjà du véritable pied de nez qui délicatement adressé à la morale chrétienne.
Bref, je n'ai pas mis longtemps avant de comprendre que j'étais face à une pépite qui allait exploser Miracle Workers haut la main. Un tel trésor que je me suis forcé de résister à dévorer la série afin d'étaler sur un bon mois le visionnage des six épisodes d'une heure.
Dans Good Omens, les démons sont des flipettes incapables, et les anges sont si pompeux qu'ils en deviennent insensibles au sort des humains.
Entre les mauvaises sœurs complètement à la ramasse qui donnent lieu à une maladresse aussi ridiculement grotesque que salvatrice, l'enchainement de scènes que l'on ne saurai s'il faut les qualifier de loufoques ou de décalées, la tendresse de l'amour impossible mais émouvant entre un ange et un démon, ou la galerie de personnages tous aussi incompétents qu'attachants, Good Omens est une série dont je pourrais débattre de la finesse pendant des heures. Une chose est sure : cette fable tragi-comique est à découvrir d'urgence.
Chaque épisode a son caractère, sa personnalité, son humour bien particulier. Pas une seule minute n'est de trop. Chaque épisode est une véritable sucrerie, réglée au credo pour faire rire aux éclats le spectateur et avant de le laisser se réjouir de l'inventivité de ce qu'il vient de voir.
Entre l'alchimie stupéfiante du parfait duo d'acteurs, le second degré acerbe sur les incohérences de la religion chrétienne confronté à la légèreté de l'humour anglais, ou l'omniprésence d'une réflexion philosophique sur la nature du bien et le mal, tout sonne parfaitement juste dans Good Omens. Mention spéciale au traitement du personnage de la sorcière, forte, indépendante et riche de sous-texte : une touche de féminisme subtile mais pertinente, plus que bienvenue.
Rien que pour ce genre d'article, sans rien connaitre d'autre de la série, je me serai laissé séduire :
http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/good-omens-une-petition-demande-d-annuler-la-serie-pour-avoir-valorise-le-satanisme_11a94bbc-9431-11e9-8bb5-01d56ba40816/
(Le plus beau reste que la voix féminine de Dieu ait choqué ces tordus du premier degré, moi ça me rappelle avec réjouissance un autre chef d’œuvre, Dogma)
Finalement, le seul point décevant dans Good Omens est la qualité de son adaptation : par respect pour l’œuvre originale, cette magnifique série s'arrêtera là et n'aura point de seconde saison. Je suis inconsolable, mais on aura connu pire !
Pour conclure cette critique, je citerai David Tennant, interprète de Crowley :
"Le roman est de manière inquiétante bien plus pertinent de nos jours, une époque où ceux qui gouvernent ne maîtrisent pas grand-chose, où la raison vient non pas des extrêmes irréconciliables, mais de ceux qui prennent le temps de discuter et de se connaître.»
Tout est dit. Merci à toute l'équipe, et vive l'apocalypse !