Un reboot transparent...

Quelle idée de faire une suite ou un reboot de cette série culte ! Mais cela semble être à la mode aux Etats-Unis où certaines boîtes de production manquent d’imagination. On ne compte plus le massacre de nos héros de jeunesse, toutes générations confondues : McGyver, Drôles de dames, Magnum…
On retrouve donc l’Upper East Side, gangrené par une nouvelle bande d’adolescents friqués dirigée par Julien Calloway, une influenceuse qui fait la loi dans la communauté et qui va accueillir Zoya Lott, sa demi-sœur sans le sou. Les scénaristes essaient de reprendre les mêmes caractères que dans la série originale sans réellement en modifier les codes.
Le fan devrait donc se retrouver en terrain connu.
Mais ce n’est pas le cas, ou tout du moins, il ne peut pas être touché par ce qu’il découvre. Tout d’abord, l’ambiance générale est aseptisée, artificielle, sans mordant et pourrie par un wokisme tellement criard que cela en devient nauséeux. En quelques minutes, on nous balance un groupe multiracial, dirigé par des noirs et des métis (là où la première série proposait une société entièrement blanche), où la drogue, l’homosexualité, la bisexualité, la dénonciation des oppressions sont la norme… Où des lycéens matent le sexe de leur prof dans les toilettes et où des profs vont boire dans les mêmes cafés que leurs élèves…
Ensuite, dès le début, l’identité de Gossip Girl est révélée : c’est l’une de professeurs du lycée (sic). La vision des enseignants est d’une débilité profonde. Tous les poncifs du genre nous sont balancés à la gueule : vieille fille mal fagotée, jeune enseignante soucieuse de son apparence face aux élèves, profs neurasthéniques… Et pire, professeurs devenus voyeurs et qui prennent des photos de leurs élèves en sous-vêtements… On croit rêver…
Les scénaristes essaient de nous rattraper par le col en faisant référence à la première série en nous rappelant les prénoms des personnages principaux, en se servant de lettres pour désigner les principaux personnages. Mais cela ne fonctionne pas, parce que la plupart des acteurs manquent cruellement de charisme (à part sans doute Whitney Peak, vue dans Les Nouvelles aventures de Sabrina, qui joue Zoya et Emily Alyn Lind qui incarne Audrey) ou ressemblent en moins bien aux anciens acteurs (Eli Brown qui joue Obie est un sous Dan aussi profond qu’une flaque d’eau) et que les situations sentent le réchauffé. Même les références sont douteuses et les scènes soi-disant licencieuses sont aussi mal tournées et contrefaites qu’un film de Gaspard Noé.
Pire, à l’heure des réseaux sociaux, l’intrigue ne fonctionne qu’à travers Instagram, comme si les créateurs de cette série possédaient un train de retard sur les adolescents d’aujourd’hui.
Gossip Girl vient d’être signée pour une deuxième saison et nous montre tout ce que l’Amérique peut nous proposer de plus nauséeux et débile.