La vérité vraie ?

Comme beaucoup de monde, j'ai été marqué par cette affaire sordide, ce petit Grégory retrouvé dans un sac immergé dans la Vologne sans qu'on ne puisse encore, 35 ans plus tard, savoir qui a été le coupable.
Je pense que Netflix a acheté cette série documentaire (5 épisodes d'une heure) afin de la faire connaitre à une audience internationale, car du point de vue français, je pense qu'on n'apprend pas grand chose de plus. Mais il y a le mérite de proposer énormément d'archives, des témoins directs et indirects, et il en ressort que tout ça n'était pas clair.
Je me garde bien de parler de l'affaire proprement dite car ce n'est pas mon rôle de juger, mais ce qu'on voit dans ce documentaire, c'est le rôle nauséabond des médias qui ont couvert cet évènement entre guillemets, de manière souvent obscène, violant l'intimité des familles, voulant faire avouer à des témoins ce qu'ils n'auraient pas fait, à la limite du ton agressif. J'ai été par exemple très choqué que l'enterrement du petit garçon a été non seulement filmé, avec la mère qui va s'évanouir après avoir hurlé sa douleur, mais que les journalistes sont agglutinés en masse dans et autour du cimetière. C'est limite si on aurait fait des gradins autour du lieu !
Il y a aussi le rôle de Paris Match qui est évoqué, qui va faire des dizaines de couvertures sur l'affaire, avec l'implication du journaliste Jean Ker (largement interviewé d'ailleurs) ; je me demande si cette médiatisation à outrance n'a pas entravé la bonne marche de cette affaire, car des gens comme le juge Lambert vont se sentir pousser les ailes de la notoriété et bien des personnes vont publier des livres sur leur version de l'affaire.

Quant au documentaire proprement dit, si les archives y sont très nombreuses, je suis plus mitigé sur la forme ; entre les multiples plans de drones du lieu où s'est produit le drame, il y a quelque chose de malsain à faire de la mise en scène, en particulier des corbeaux qui sont sur des endroits reconstitués, dont la chambre du petit Grégory. Ou alors les personnes interrogées dont le visage va être balayé par une lampe qui bouge de gauche à droite, comme si elles avaient quelque chose à se reprocher. Il y a aussi un parti-pris où aucune des personnes des familles Laroche et Villemin n'est interrogée ; ce sont les avocats des deux partis, l'assistante d'un juge, des journalistes (dont le fameux Jean Ker, qui était l'ami des Villemin), et un commissaire de police qui va carrément déraper en parlant de la mère de la victime comme étant je cite excitante.

Malgré cette forme qui me dérange, ce documentaire reste assez fort sur une affaire à ce jour non résolue ; le sera-t-elle un jour ?