Il faut souligner à quel point il est agréable de pouvoir assister au pilotage de Mobile Suits sans que l’enjeu pour leurs pilotes soit d’échapper à une mort violente ou à l’extermination des membres de leur colonie. Le but des personnages de Build Fighters n’est pas de remporter une guerre ou de transformer l’humanité en Newtypes, mais de participer à un championnat mondial de Gunpla Battle, dans lequel ils pourront révéler les qualités des machines qu’ils ont si soigneusement et si amoureusement assemblées.
La diversité de ces machines dans la série est extraordinaire. Tout amateur de Gundam sera ravi de découvrir des Mobile Suits à l’esthétique et aux capacités si différentes, à la fois issus de l’UC et des AU, des séries les plus connues aux plus spécifiques. Dès l’épisode 2, par exemple, un personnage pilote un Gold SUMO contre le protagoniste. La série a manifestement été écrite par des passionnés : les références à l’univers Gundam sont innombrables. Certaines sont évidentes (un des soutiens du protagoniste s’appelle Ramba Ral ; le protagoniste lui-même passe son temps à faire des allusions à telle ou telle série) ; d’autres plus discrètes. L’épisode 23, à l’occasion d’un festival, nous fait assister, en quelques minutes, à une avalanche de cameos. Voir certains personnages, qui étaient condamnés à mourir, ou à s’entretuer, dans leur œuvre originale, venir en famille ou en couple assister à des combats de Gunpla, un grand sourire sur le visage, fait vraiment chaud au cœur.
L’intrigue en elle-même peut sembler simpliste, ou enfantine. Il s’agit de se qualifier pour les championnats mondiaux, puis de les remporter. La diversité des profils de personnages présents, tous sympathiques par ailleurs, rend toutefois intéressante la perspective de les voir se rencontrer dans un combat. L’ambiance reste tout de même assez puérile par moments. Les personnages ont souvent des comportements assez impulsifs ou irréfléchis, à l’exception de Niels et surtout de Yuuki, dont le sérieux (qu’il se force d’ailleurs à arborer) est suffisant pour en faire un des personnages les plus appréciables de la série. Tout ce qui a lieu aux relations amoureuses dans la série est assez pénible ou ridicule, pour ne rien dire des quelques blagues perverses heureusement pas trop fréquentes.
Diverses sous-intrigues s’ajoutent à la trame principale (quel est le secret de la technologie des combats Gunpla ? d’où vient vraiment Reiji ? où est passé le père de Sei ?) pour la rendre plus sophistiquée et énigmatique ; la série a d’ailleurs le mérite de n’oublier aucune de ses sous-intrigues. L’ensemble est bien rythmé, sauf peut-être entre les épisodes 10 et 15, dédiés aux premiers rounds du championnat, et où on assiste à diverses tentatives successives assez ridicules et répétitives d’un antagoniste pour faire échouer Sei et Reiji. Bien que plutôt réussi, le dénouement reste frustrant sur quelques points : le combat auquel on aurait voulu assister n’a pas vraiment lieu, ou pas de la manière dont on aurait voulu qu’il ait lieu ; et le dernier épisode contient trop de choses qui se succèdent.
L’animation des combats est fluide et captivante. On voit bien, dans de tels combats, qu’il ne s’agit que de jouets, bien qu’ils soient restitués de manière précise par les technologie des « particules Plavsky ». Mais le fait qu’il s’agisse que de jouets permet d’apprécier les compétences de leurs pilotes sans avoir à se soucier du risque qu’ils meurent au combat. La musique qui accompagne les batailles est prenante. Les divers combattants ont certes des stratégies variées ; mais cette diversité de stratégies apparait surtout dans les combats qui n’impliquent pas les deux protagonistes (par exemple l’épisode 18 est un des plus réussis sur ce plan). Force est de reconnaître qu’on finit assez rapidement par identifier les personnages qui ont le plus grand « plot armor ». Et les deux protagonistes en profitent bien : assez rapidement, leur technique pour gagner se réduit à l’activation de leur « RG System » (au fonctionnement presque magique, honnêtement) pour pouvoir donner d’énormes coups de poing à peu près impossibles à contrer.