Gungrave, diffusé sur TV Tokyo en 2003, c’est un peu comme si Le Parrain et Resident Evil avaient eu un enfant, élevé dans un monde de fusillades stylées, de trahisons mafieuses, et de vengeance à coups de gros calibres. C’est une série qui commence comme une histoire de gangsters façon film noir, avec des costards et des coups bas, avant de basculer dans un délire à la Frankenstein, où les morts ne restent pas morts et les armes deviennent aussi énormes que les enjeux.
L’histoire suit Brandon Heat, un homme de main loyal et silencieux, membre d’un gang de rue avec son meilleur ami Harry McDowell. Les deux sont comme des frères, gravissant ensemble les échelons de l’organisation mafieuse Millenion. Mais bien sûr, comme toute histoire de mafia qui se respecte, la loyauté, l’ambition et les promesses d’amitié éternelle ne tardent pas à voler en éclats. Harry rêve de pouvoir absolu, tandis que Brandon reste fidèle à sa propre idée de l’honneur (et accessoirement à Maria, son amour secret). Et c’est là que tout dérape : trahisons, fusillades, et le genre de retournement de veste qui fait passer la mafia italienne pour une réunion de famille tranquille.
La première partie de Gungrave est une plongée fascinante dans les bas-fonds d’un monde de gangsters, où la loyauté se mesure en nombre de balles tirées, et où chaque regard sombre et chaque silence en dit plus long que des monologues entiers. Brandon, malgré son côté stoïque et réservé, est un personnage magnétique. Il parle peu, mais il agit beaucoup, et ses actions en disent long sur son sens de l’honneur et de la loyauté, deux thèmes centraux de la série. Face à lui, Harry est son parfait opposé : charismatique, ambitieux, prêt à tout pour atteindre les sommets, même si cela signifie écraser ses anciens amis sous ses pieds bien cirés.
Mais là où Gungrave prend une tournure particulièrement unique, c’est lorsque la série change de ton à mi-chemin. Après un passage par la case "trahison tragique" (préparez-vous, ça fait mal), on bascule dans un mélange de science-fiction et de surnaturel avec la résurrection de Brandon sous la forme de "Beyond the Grave", un mort-vivant armé jusqu’aux dents qui revient pour réclamer sa vengeance. Oui, vous avez bien lu. Après avoir été tué par son meilleur ami Harry, Brandon est ramené à la vie en tant que super-soldat zombie, prêt à en découdre avec des hordes de créatures mutantes et les sbires d’Harry. C’est un peu comme si Le Parrain se transformait soudainement en film d’action futuriste façon Blade Runner, et honnêtement, c’est aussi dingue que génial.
Les combats sont, comme vous pouvez vous y attendre, totalement exagérés, mais dans le meilleur sens du terme. Brandon, ou plutôt Grave, se promène avec ses deux pistolets géants (les Cerberus), et les scènes d’action sont un pur régal pour les yeux. Les balles fusent, les explosions déchirent l’écran, et tout cela avec un style visuel qui rend chaque tir aussi dramatique qu'un opéra de Verdi. C’est brutal, sanglant, mais toujours avec une certaine classe qui rappelle les meilleurs films de mafia.
Au-delà de l’action, Gungrave explore des thèmes profonds sur l’amitié, la trahison, et le sens de l’honneur dans un monde où ces concepts semblent de plus en plus vides. La relation entre Brandon et Harry est le cœur de l’histoire. Ce n’est pas juste une histoire de vengeance, c’est une tragédie shakespearienne avec des flingues et des mutants. Leurs trajectoires opposées – l’un cherchant à protéger ce qu’il aime, l’autre cherchant à tout posséder – donnent à l’histoire une dimension émotionnelle qui élève le récit au-dessus de la simple violence.
Visuellement, la série ne déçoit pas. Le design des personnages, signé par Yasuhiro Nightow (créateur de Trigun), est à la fois stylisé et sombre, et les décors, qu’ils soient urbains ou futuristes, ajoutent à l’atmosphère pesante de la série. Les couleurs froides, les ombres omniprésentes, et les éclairages contrastés renforcent le côté noir et désespéré de l’univers, tout en laissant la place à des scènes d’action dynamiques qui tranchent avec l’austérité ambiante.
Cependant, Gungrave n’est pas exempt de quelques défauts. Le rythme peut sembler inégal, notamment avec ce changement soudain de ton entre la première moitié, très ancrée dans le drame mafieux, et la seconde, qui vire au surnaturel et à la science-fiction. Certains spectateurs pourraient se sentir déstabilisés par ce virage narratif, mais ceux qui embrassent le chaos trouveront dans cette hybridation un charme indéniable. C’est précisément ce mélange inattendu qui rend Gungrave si mémorable.
En résumé, Gungrave est une saga de vengeance épique et tragique, où la loyauté se paie au prix fort et où même la mort n’est pas la fin. Entre ses scènes de fusillades spectaculaires, ses créatures mutants effrayantes, et son exploration touchante de l’amitié et de la trahison, la série mélange habilement les genres pour offrir une expérience unique. Si vous aimez les récits de mafia avec un twist surnaturel, où chaque balle tirée résonne comme une note dans une symphonie de désespoir, alors Gungrave est un tour de montagnes russes émotionnel que vous ne voulez pas manquer.