Reprenant le pitch classique de Living Single et Friends (6 amis adulescents urbains, tous bien sympas, entre vie privée et pro), le créateur David Caspe signe tout simplement un des (si ce n'est le) plus grands chefs-d'oeuvre de la sitcom de potes - et sans rires du public. Son secret ? Mixer la sitcom avec un genre disparu depuis les années 40 : La screwball comedy.
Dans le respect de la screwball, la priorité est au rythme, les gags et répliques s'enchaînent à un tempo frénétique, jusqu'à 10 ou 12 gags/minute (2 fois plus que Friends). Dans cette cavalcade burlesque, Happy Endings transcende le quotidien, le transforme en fiesta où catastrophes, quiproquos et répliques déphasées tirées à la mitrailleuse sont l'ordinaire de la bande de Chicago. On y croit pas (mais qui croit aux histoires de sitcom ?) et ce n'est pas le but. La fine satire de la bourgeoisie, un classique de la sitcom depuis sa création, fonctionne pleinement, avec de nombreuses plaisanteries sur le travail, le racisme, l'homosexualité, qui sonnent toujours juste. Les happy endings promis sont bien là, dans une vibe feel-good qui fonctionne à merveille.
Qui dit screwball dit romance. Les intrigues romantiques sont très fréquentes avec les guests, et sont toujours de grands moments de n'importe quoi sans frein. Mais elles sont rares au sein même du groupe. C'est que la série célèbre avant tout l'amitié, réduisant le soap romantique à quasiment rien (le do they/don't they du couple Alex-Dave n'a que très peu d'importance), un choix étonnant, mais parfaitement défendu.
Les personnages ne sont pas sacrifiés loin de là, Brad le swagger & Jane la control freak surmontent leurs clichés individuels dans leur couple moderne, à l'alchimie explosive, Max révolutionne à sa manière la représentation des gays avec un portrait assez peu vu dans les séries, tout en demeurant un perso à la folie douce, Alex détonne en naïve loufoque aux ressources inattendues, Dave et ses deveines fracassantes assurent la surprise, et Penny la dingue extravertie est l'ingrédient-clé qui achève de porter la sitcom à des hauteurs délirantes.
Les 2 seuls points qui peuvent rebuter sont un pilote bancal et plusieurs références à des personnalités américaines peu connues en France, d'une manière similaire à Arliss ou 30 Rock. Il peut être sage de regarder Happy Endings avec Wikipédia à côté. Ce n'est pas grand-chose à côté de tout ce que la série à offrir.
Dynamique, explosive, référencée, ultra rapide, chaleureuse et optimiste, Happy Endings est juste une merveille de la sitcom