Je pourrais prendre cette fausse épée et tu fais semblant de mourir et je prends ce costume, ou je vais vraiment te frapper et tu vas vraiment tomber et je vais prendre ce costume.
Hawkeye, les prémisses d'une entourloupe
Hawkeye est une mini-série de Jonathan Igla composée de 6 épisodes conçus pour la plateforme Disney+ qui met en scène l'Avenger le plus sous-employé dans une aventure inédite s’incluant dans le Marvel Cinematic Universe. Apparu pour la première fois au cinéma en 2011 dans Thor et par la suite en 2012 dans Avengers en tant que l'un des fondateurs originaux de la team, Clint Barton alias Hawkeye (Jeremy Renner) n'en demeure pas moins un second couteau récurent de la saga qui pour la première fois a droit à sa propre aventure solo. Un périple situé deux ans après Avengers Endgame, plus précisément après les évènements de Spider-Man : No Way Home, durant lequel on explore les "conséquences" liées à la face sombre de Hawkeye : " Ronin ". Un vengeur masqué qui durant les 5 ans du grand vide génocidaire orchestré par Thanos dans Infinity War, s'est lancé dans une gigantesque chasse à l'homme durant laquelle il a réduit au silence les plus grands pontes des mafias mondiales. Une quête de sang désespérée provoqué par la perte de la famille de l'archer. Alors qu'il pensait en avoir terminé avec le Ronin suite à la défaite de Thanos, voilà que le costume refait surface, forçant Barton à interrompre les festivités de Noël avec sa famille pour se lancer dans une nouvelle mission durant laquelle il va faire la connaissance de Kate Bishop (Hailee Steinfeld), une archère de 22 ans qui rêve de devenir une super-héroïne.
La grosse blague ! Alors que je me réjouissais de découvrir une aventure entièrement centrée autour du Robin des bois des Avengers qui jusqu'à présent n'avait eu que des os à ronger au sein de la licence, voilà que la série se préoccupe davantage de l'introduction de Kate Bishop pour les futures phases du MCU, ainsi que de Maya Lopez (Alaqua Cox) pour le futur spin-off mettant en scène l'antagoniste "Echo". Une direction qui d'emblée sonne le glas pour Hawkeye qui se retrouve spectateur de sa propre série, condamné à valoriser d'autres personnages que lui. Si vous espériez découvrir un spectacle durant lequel Hawkeye aurait enfin droit à un méchant qui lui offrirait une véritable dualité qui lui permettrait de briller : « eh bien vous allez être déçus ! » Hawkeye sera donc le premier super héros à ne pas avoir un super vilain à lui. On se contentera d'une menace dérisoire et grotesque portée par le gang des Survêts. Une mafia bidon dotée d'un attrait humoristique catastrophique avec des malfaiteurs à l'image des idiots dans Maman j'ai raté l'avion, auquel la série ne cesse de faire des allusions. Un manque de respect flagrant pour le personnage qui se ressent jusqu'à la performance du comédien Jeremy Renner qui semble tout du long blasé par ce rôle auquel visiblement il ne croit plus du tout. Ironie de la malversation de la marvelisation, Kate pour sa première introduction aura droit à un antagoniste de taille avec l'intégration du génial Vincent D'Onofrio dans le rôle de Wilson Fisk, antagoniste charismatique bien connu de l'univers Daredevil par Netflix. Malgré l'incarnation incroyable du comédien, la version MCU du personnage le dévalorise au point de servir de punching-ball à Kate qui va le vaincre pour sa première confrontation. Fantastique !
Malgré son mini format, le rythme bas de l'aile ! C'est plutôt calme et mou du genou avec quelques sursauts appréciables mais rares sont les grosses péripéties haletantes. Il faudra attendre l'épisode 3 pour commencer à vibrer au cours d'une confrontation amusante suivie d'une longue course-poursuite qui se termine sur le pont de Brooklyn. Un moment dynamique appréciable que l'on retrouvera que pour le dernier épisode lors de la soirée de Noël du Rockfeller Center. Un épisode final durant lequel Clint et Kate vont offrir un duo divertissant au cours d'une bataille mouvementée mais sans intensité contre le gang débile des Survêts. Kate se retrouve à affronter ce pauvre Fisk qui venait à peine de déclarer qu'il était le grand vilain de l'histoire durant un combat pas inintéressant, alors que Clint affronte Yelena Belova (Florence Pugh), la sœur de Natacha, dans un face-à-face sans saveur où il se contente de recevoir les coups pour lui faire prendre raison qu'il n'est pas responsable de la mort de sa frangine. À noter que les confrontations entre Kate Bishop et Yelena Belova sont bien meilleures. En ressort des rebondissements limités par des enjeux mineurs où rien de bien grand n'est accompli. On retiendra davantage les moments "drôles" comme lorsque Clint se retrouve plongé dans une bataille organisée par un club de jeux de rôle, ou encore avec les nombreuses allusions au mignon chien pizza à un oeil. Les moments de tendresse ne manquent pas.
Hawkeye est une comédie d'action super héroïque de Noël qui malgré son attrait attachant ne vend pas du rêve à cause de son manque d'ambition flagrant qui en fait un divertissement dispensable de bout en bout. Hawkeye traverse la série sans vraiment rien accomplir et c'est bizarre. On explore sa surdité mais sans aucune conséquence derrière. Son traumatisme lié à la perte de Natasha Romanoff (Scarlett Johansson, aka Black Widow) mais sans expérience à en tirer. Son rôle en tant que Ronin, mais sans repentance dramatique. Alors que pour Kate Bishop, s'est tout l'inverse. On la voit grandir et prendre en maturité à mesure que le récit avance. Hailee Steinfeld est convaincante sous les traits de Kate bien que ses convictions à vouloir devenir une super héroïne laissent à désirer. Les interactions entre Hawkeye et Kate sont intéressants. Une relation de mentor à élève autour d'une construction initiatique pour la nouvelle qui vole presque la vedette à Hawkeye. On exploite le symbole de Hawkeye pour la première fois. Une approche pertinente (toute proportion gardée) construite autour d'un raisonnement logique via une thématique fondée sur l'image du super héros au sein du monde. Un super héros sans pouvoir peut-il être une inspiration pour le peuple ? À t-il sa place auprès des figures dotées de super pouvoirs ? Des questions qui méritent d'être explorées. Cheminement réussi autour de l'exploitation familiale de Clint et des difficultés à conjuguer la vie de père de famille avec celle de justicier. On lève le voile sur l'identité de sa femme qui faisait partie du Shield en tant que l'agent 19 Barbara Morse, certainement son nom original qu'elle a dû changer en intégrant la retraite familiale.
CONCLUSION :
Hawkeye est un divertissement familial de Noël convenable mais jamais formidable qui bas de la flèche. Un Marvel banal conforme à sa formule la plus basique pour un service minimum. Une aventure clairement oubliable en manque de mémorables dans laquelle Jeremy Renner se fait une fois encore damer le pion par d'autres super-héros, pourtant moins connus que celui-ci, ce qui laisse clairement apparaître à quel point il est la cinquième roue du carrosse du Marvel Cinematic Universe.
Hawkeye, les prémisses d'une entourloupe à l'image de sa scène pré-générique : « complètement osef ! »
- Hey, c'est votre cosplay qu'il porte.
- Non. C’est Katniss Everdeen.