Heartstopper est une série sincère et attachante, mais quelconque.
Encore une fois, l’authenticité de la jeunesse britannique crève l’écran au niveau du récit et de l’interprétation (comme My Mad Fat Diary, Skins, The End of The fucking Word, Sex Education).
La série a également de belles intentions et se distingue par sa bienveillance. Les œuvres LGBT, à vouloir éviter le pathos des comédies romantiques traditionnelles, abordent souvent l’amour gay de façon abrute et ont un penchant pour les histoires d’amour impossibles (Brokeback Mountain, Week-end, Seule la Terre, Call me by your name). A l’inverse, Heartstopper choisit un discours beaucoup plus positif et encourageant. Plutôt que de s’étendre sur l’homophobie, la série préfère donner la parole aux « alliés » de la cause LGBT, et assume pleinement son militantisme joyeux (en témoigne notamment une scène de coming out avec Olivia Colman très émouvante).
C’est malheureusement ici que la série trouve ses limites. Refusant de montrer l’homophobie encore trop présente dans notre société, et plus généralement refusant de s’étendre sur le mal être de ses personnages, la série ne donne pas suffisamment d'épaisseur à son récit et reste anecdotique. Elle se cantonne aux scénarios usés des teen drama et les personnages manquent cruellement de profondeur puisque leur problème sont très brièvement abordés (le harcèlement de Charlie, la peur d'être jugé de Nick, les conflits familiaux de Darcy).
Il est aussi dommage d'aborder si tardivement le sujet des troubles alimentaires (très rarement vu chez les garçons d’ailleurs) ou l’aromantisme, sujet qui aurait permis de prendre le contre pied des Teen Drama. Le tabou de l'homosexualité dans le milieu très viriliste du sport est aussi quasi-absent.
En bref, Heartstopper est une série feel good qui se regarde avec plaisir. Malheureusement, beaucoup de pistes ne sont pas explorés. La série pourrait avoir beaucoup à raconter, mais ne dit finalement rien.