De concert avec le Hell's Paradise de MAPPA, Production I.G. y va également de sa terre providentielle utopique et de monstres difformes aux caractéristiques humaines. Au-delà de l'aventure des protagonistes, beaucoup de concepts centraux relient les deux animes diffusés en même temps ; une coïncidence fortuite. Dans Heavenly Delusion, une jeune femme mercenaire escorte un ado à travers une Terre post-apocalyptique, peuplée d'étranges créatures, dont l'horreur de l'hybridation fait écho à Made in Abyss. Ils cherchent le Paradis, un complexe high-tech où des enfants semblant dotés de capacités surnaturelles sont cloisonnés du monde extérieur, élevés et observés par un groupe de scientifiques. Adaptée du manga de Masakazu Ishiguro par le scénariste de Psycho-Pass (Makoto Fukami), l'intrigue tisse des thèmes de SF à la fois sombres et poétiques, tendant vers l'eugénisme, sans toutefois dévoiler tous ses mystères.
On peut reprocher, surtout sur les premiers épisodes, une tendance à désamorcer de nombreuses séquences sérieuses par l'humour, ainsi qu'une prolifération perturbante du contenu sexuel. La trame joue également avec le genre des personnages, et appuie sa perversité en progressant (viol, expériences sur des enfants,...). En 13 épisodes, la première saison apporte plus d'exposition que de réponses, et surtout multiplie les interrogations à mesure que le monde s'élargit. Un peu frustrant, mais très prometteur, d'autant plus que l'animation est superbe. Les décors sont peints à la main, avec les personnages évoluant dedans ; cela donne plus un visuel de BD en mouvement. Le réalisateur joue également avec les cadres, et élargit ses compositions pour une action plus cinématographique. L'ambiance road movie et monde en reconstruction est joliment retranscrite, et élève assurément la qualité de l'anime.