Cette série est vraiment paradoxale. À la base j'etais pas trop chaud pour la mater, car je sentais bien ce que j'appelle la "pure série US sociétale et moralisatrice" pour schématiser. Ce qui est en partie le cas, avec sa famille "Benetton" exemplaire, père prof de philo et mère idéaliste/humaniste, aux enfants adoptés et naturels satisfaisants aux critères bien pensants hollywoodiens, à savoir la métis, l'asiatique, la blanche, l'hispano.... la rebelle, l'homo, le contrôle freak, la mère pas super heureuse dans son couple... A cela s'ajoute le psy musulman en conflit avec soi même et son enfance iranienne refoulée, des élèves très White power narquois... Que des archétypes, en plein dans la caricature....
Cependant, la présence de l'excellentTim Robbins, pas vu à l'écran depuis un bail, et de la toujours sublime Holly Hunter m'ont décidé à faire le curieux. Et finalement bien m'en as pris car dès la fin du premier épisode le beau vernis social de cette famille parfaite se craquèle avec ce discours créant le malaise du père désabusé lors de sa fête d'anniversaire,se cherchant une raison de vivre à cet âge proche de la retraite, enchaîné au craquage incompréhensible du fils homo, ayant des visions etranges. Ce qui va l'amener à consulter le psy musulman, en contradiction totale avec sa foi, et sa famille dont le fils androgyne est en pleine recherche sur soi même.
A partir de là, il se passe beaucoup de choses à chaque épisode, entre puzzle disparate de scènes sans rapport à priori et patchwork d'emotions très variées. Aucun des protagonistes n'est épargné par la révélation des faiblesses, d'un lourd passé, de sombres pensées, de récriminations larvées ou de vérités inattendues. Le vernis déjà craquelé se fendille un peu plus à chaque opus, explosant carrément en une myriade d'eclats irrémédiablement éparpillés, avant même le grand final.
Il y a beaucoup d'arcs narratifs, s'entrecroisent, se rejoignent pour s'eloigner aussi vite, et qui convergent lentement mais sûrement, avant un ultime cliffhanger que l'on n'avait vraiment pas vu venir, et ramenant à certains détails des deux premiers épisodes. Et c'est cette dimension fantastique à peine effleurée, périphérique, et dont le mystère demeure grandement une fois le générique passé, qui donne le petit quelque chose en plus à cette série bien plus complexe que ce qu'elle affiche de prime abord.
Les acteurs sont vraiment bons chacun dans leur registre, Hunter est magnifique et Robbins fait plaisir à voir, comme je l'esperais.
Ce n'est pas la série du siècle, et si vous ne kiffez pas les "dramas" sociaux aux perfs d'acteurs, passez votre chemin, mais avec un peu de curiosité et en dépassant quelques à priori bien de notre temps, on découvre plusieurs strates de narrations et de critiques de notre "vivre ensemble".
A découvrir.