Here comes a new comédie romantique.
Encore une ? Oui, mais pas la même.
Il y aura le thème de Guile ? Oui, mais pas le meme.
Toujours cette manie du rétro-cool une fois que 20 ans sont passés ? Oui, la flemme. Demi-cercle-arrière + gros poing ? Yoga Flame~~ !
High Score Girl est un animé habile du trope et du pad. Il fait du neuf avec du vieux, à moins que ce soit l’inverse. Les personnages évoluent IRL en CGI maladroites, mais s’expriment in game en gros pixels hi-rez skillés. L’ambiance des anciennes salles de jeux est impitoyablement restituée : plongées dans le noir, ou crûment éclairées comme un cabinet de dentiste, odeurs de dortoirs ou de tabac froid, grappes denses de joueurs pas sympas. Pourtant l’auteur aime manifestement ce qu’il nous montre. Sur ce thème, c’est assez rare pour être souligné. En plus, à l’instar de son héros, il sait de quoi il parle. De toute évidence, les séquences de jeux en images réelles sont exécutées par des joueurs chevronnés. On se sent revenir à l’âge où, sur une borne isolée, on a vu le jeu tourner pour la première fois. On se dit aussi que seul un authentique joueur pro a pu commettre un truc pareil. Ou bien juste un mangaka à la trentaine précaire et qui a grandi dans ça.
C’est l’histoire d’Haruo. Il est en 6éme, il n’est pas bon élève, il est nul en sport, et sans aller jusqu'à dire qu’il est moche il est franchement banal. Sa seule qualité résonne déjà comme un solide handicap social : c’est un hard-core gamer. Sa seule ambition dans la vie c’est se secouer le stick en PvP. Amateur éclairé et certainement fervent lecteur de magazines sponsorisés, il saigne tous les nouveaux jeux qui sortent. Le récit démarre au mois de Juin 1991. Dehors il fait super beau. Le temps idéal pour s’enfermer devant Street Fighter II: The World Warrior, sorti depuis 3 mois au Japon. Le jeu restera une exclusivité de l’arcade pendant encore un an. Haruo ponce son Guile avec passion. Il a même parfois l’impression que le gros sprite lui cause. Un brin perturbé le gnome. Parmi la communauté naissante il se forge une petite réputation. Il serait presque populaire auprès des plus grands qu’il rekt à la chaîne. Mais ses parties sont trop longues. Haruo rentabilise sa pièce devant un public frustré qui attend son tour. Ils forment dans son dos une queue impatiente mâtinée d’admiration aigrie. C’est alors qu’un Zangief pop de nulle part ! Deux-lariats-bas-gros-pied, sa série de victoire est interrompue nette. 1-0 pour le russe. La guerre froide selon Capcom. 2 rounds, moins de 90 secondes, le yankee ramasse ses sourcils. Haruo sent sa couronne capillaire vaciller sur sa tête. Tel un seigneur en son fief, il se lève d’un bond, direction la menace. Plot-twist 2 hits. Il vient d’être vaincu par la première de sa classe.
Dans High Score Girl il y a des tables d’arcades genre Neo Legend noire, au fond des konbinis (ou de leurs ancêtres), avec dessus Ghouls’n Ghost et Final Fight. Ce genre de bonnes grosses purges. Ghouls'n Ghosts est un platformer avant tout connu pour sa difficulté insensée. On y incarne un fier chevalier qui finit en slip à la moindre collision. Et des collisions il y en a, c’est bien simple tout l’environnement d’horreur-med-fan semble fermement déterminé à nous violer. Clairement désigné pour l’arcade, ce jeu est une escroquerie conçue pour délester les mioches de l’argent de leur goûter plus rapidement que la bande de 3éme techno qui t’attend à la sortie. Pour la première fois de sa vie, Haruo insère des coins. C’est d’autant plus cruel qu’il n’a pas une thune. A l’inverse sa rivale, Oono Akira, est très riche. C’est la plus populaire de l'école. Elle est cultivée, comme une rose de serre. Elle a même une préceptrice et un chauffeur particulier. C’est indécent. Déjà que se faire one-shot par tous les streums dans Ghouls’n Ghost ça fout les boules, mais imaginez un instant vous faire victime par la princesse. D’abord, elle n’a rien à faire là. Sa place est au premier rang de la classe, ou dans les cours du soir de piano, ou bien kidnappée par le boss final, enfin partout sauf ici quoi. Impossible. Pas le droit. Si Jessica apprend le Kung-fu pour se libérer toute seule de Belger sans l’aide de Cody et il n’y a plus de Final Fight. Ben ouais. Tu vas faire quoi ?
Le calvaire d’Haruo ne fait que commencer. Son existence n’est qu’un long juggle-combo sans fin. D’autant que la violence que lui inflige Oono n’est pas que symbolique : elle cause pas, elle spamme pas, elle dash pas mais…elle cogne. Mauvaise perdante et soupe au lait avec ça. Madame à des prédispositions à la baston et aux embrouilles : reverse-punch, head-butt, gros balayage ventral et chassé bas dans les mollets. L’humour de l’anime est résolument slapstick. Le héros sert de sac de frappe à l’univers entier. Le majordome le pare-chocise à grand coup de limo, sa mère le supplex quand il a 39 de fièvre. La vie d’Haruo c’est du pain…et des jeux ! Pas facile d’être le héros d’un rom-com cintré quand on est un gros geek qui sort juste du CM2. Le tour de force de la série réside notamment dans son ton : bien qu’excessive, la comédie ne s’abîme jamais dans la parodie. C’est invraisemblable et délicat à la fois. Par exemple, au moment où on s’y attend clairement le plus, l’animé nous administre la scène classique de la course amoureuse éperdue à l’aéroport. Mais à peine s’apprête-t-on à reprendre notre respiration pour soupirer, qu'il nous enchaîne d’une déclaration random où l’epicness le dispute au gashapon avec le thème de Guile en fond sonore. Ben quand on n’est pas prévenu ça surprend. Décidément, c’est vrai que le thème de Guile va avec tout.