Hikaru no Go, diffusé sur TV Tokyo en 2001, c’est l’histoire improbable d’un garçon qui découvre la passion… pour le Go, un jeu de plateau aussi mystérieux que millénaire. Imaginez une série où l’on s’attendrait à des combats, des aventures épiques, mais où l’action se résume à un plateau, des pierres noires et blanches, et des coups méticuleusement posés qui pourraient bien changer des vies. Et pourtant, cette série transforme le jeu le plus zen du monde en une véritable compétition à suspense, avec des tournois qui se déroulent dans un silence tendu où chaque mouvement de pierre peut paraître aussi décisif qu’un but en finale de coupe du monde.
L’histoire commence avec Hikaru Shindo, un jeune collégien assez insouciant et, disons-le, assez éloigné de l'image d’un joueur sérieux de Go. Mais sa vie prend un tournant improbable lorsqu’il tombe sur un vieux plateau de Go hanté par un esprit... oui, un esprit du jeu nommé Fujiwara no Sai. Ce Sai, ancien maître du Go à l’époque Heian, a littéralement passé des siècles à attendre l’occasion de jouer le « coup divin » (rien que ça) et voit en Hikaru son dernier espoir. Le hic ? Hikaru n’a aucune idée de ce qu’est le Go et encore moins d’intérêt pour ce « coup divin ».
La dynamique entre Hikaru et Sai est à la fois hilarante et touchante. Sai, le fantôme ultra-passionné de Go, devient un coach et un fan hystérique, prêt à exploser d’enthousiasme à chaque pierre posée. Hikaru, de son côté, essaie surtout de survivre aux cours d’école et aux tournois, sans vraiment comprendre l’enjeu historique et mystique de ses parties. Leur relation est l’une des forces de la série : Sai est l’équivalent d’un coach de football possédé par le génie du jeu, sauf qu’ici, il doit convaincre un ado désintéressé que poser des pierres sur un plateau peut être plus cool qu’un jeu vidéo.
Le véritable charme de Hikaru no Go, c’est cette manière de transformer un jeu de plateau millénaire en une véritable quête. Les parties de Go sont représentées comme des duels d’intelligence, avec une tension palpable et une intensité que l’on pourrait comparer à un match de boxe silencieux. La série trouve le moyen de rendre passionnant chaque mouvement de pierre, avec des angles de vue, des effets visuels, et des moments où l’on se surprend à retenir son souffle. Qui aurait cru que regarder deux personnes rester immobiles devant un plateau pouvait être aussi captivant ?
Le rival d’Hikaru, Akira Toya, est un personnage central de la série. Génie précoce du Go et héritier d’une dynastie de joueurs, Akira est tout ce qu’Hikaru n’est pas : sérieux, déterminé, et obsédé par la perfection. Leur rivalité devient vite un moteur de la série, avec Akira qui voit en Hikaru un défi permanent. Ce qui commence par une simple confrontation se transforme en une obsession partagée, où chacun pousse l’autre à se dépasser, bien au-delà des pierres blanches et noires. Cette rivalité, presque digne d’un duel de samouraïs, donne à la série une intensité surprenante.
Hikaru no Go réussit également à nous plonger dans la culture du Go, en nous présentant des tournois, des règles complexes, et un monde de joueurs passionnés prêts à tout pour atteindre le niveau professionnel. La série prend un jeu traditionnellement calme et contemplatif, et en fait une aventure émotionnelle, où chaque victoire et chaque défaite est vécue comme un moment de vie ou de mort. Hikaru, guidé par Sai, passe de la simple curiosité au respect profond pour le jeu et ses adversaires, tout en affrontant ses propres doutes et limites.
Le style d’animation est simple mais efficace, capturant à la fois l’ambiance des moments de tension sur le plateau et l’exubérance de Sai. Les expressions des personnages, leurs regards concentrés, et les scènes où le silence parle plus que les mots, contribuent à cette immersion dans l’univers du Go. L’animation rend chaque mouvement de pierre lourd de sens, et même si l’on ne comprend pas toutes les subtilités du jeu, on se sent pris dans la bataille stratégique qui se déroule sous nos yeux.
Le seul bémol, pour certains spectateurs, pourrait être l’omniprésence des parties de Go. Si vous n’accrochez pas au jeu, les nombreuses scènes de réflexion intense et de stratégies risquent de vous paraître répétitives. Et pourtant, la série sait nous accrocher par l’évolution de ses personnages et l’intensité de leurs confrontations. Hikaru n’est plus seulement un ado qui découvre un jeu de société ; il devient un joueur, un rival, et un héritier malgré lui d’une passion qui remonte aux âges anciens.
En résumé, Hikaru no Go est une série qui prend le pari audacieux de rendre passionnant un jeu de plateau millénaire. À travers l’amitié improbable entre un collégien et un fantôme joueur de Go, elle nous fait vivre une quête personnelle, une exploration de la persévérance et de la rivalité, avec une intensité surprenante. Si vous êtes prêts à plonger dans un univers où les pierres blanches et noires sont plus redoutables que des épées et où les duels se jouent dans le silence d’un plateau de bois, alors Hikaru no Go est l’aventure calme mais palpitante qu’il vous faut.