Holocauste
7.7
Holocauste

Série NBC (1978)

"Holocauste" est une mini-série qui met en scène deux familles allemandes, l'une juive et l'autre nazie sur dix ans entre 1935 et 1945.
J'avais vu cette série à la télévision en 1979 qui avait fait l'objet d'un débat - quasi légendaire - dans le cadre des "dossiers de l'écran". A ce débat, il y avait plusieurs survivants des camps d'extermination dont en particulier, Simone Veil.


Le DVD qu'on trouve dans le commerce aujourd'hui, présente la série complètement remastérisée avec un intéressant bonus qui est un extrait d'environ un quart d'heure du débat avec les prises de parole de Simone Veil et d'un allemand devenu israélien, Jacques Bursztyn. Ce bonus est, évidemment , une excellente chose mais ça aurait été bien de pouvoir retrouver le débat dans son intégralité.


Tous les deux confirmaient l'exactitude de l'enchainement diabolique, par petites étapes anodines admises progressivement les unes après les autres, ayant conduit au génocide. Cependant, ils considéraient que bien des traits et des caractères avaient été adoucis notamment entre détenus, dans les camps. Simone Veil, en particulier, évoquait, en substance, le fait qu'il arrivait un moment où la souffrance physique , morale et l'absence de tout espoir conduisaient à une perte de l'humanité de l'individu et qu'on ne trouvait pas ou peu de solidarité.


Quoiqu'il en soit, la réédition de cette série est une excellente chose pour la conservation de la mémoire au delà des très nombreux livres existant sur le sujet. Le grand intérêt de ce film qui s'appuie sur l'Histoire à travers des personnages fictifs et un scénario "romancé" est de permettre plus facilement l'appropriation du sujet par un spectateur qui peut mieux s'identifier ou se situer. Il en est de même du roman (fictif) par rapport au livre d'Histoire événementiel ou analytique. Or, c'est bien l'objectif de déployer une information qui a été poursuivi par le réalisateur de la série Marvin Chomsky.


La série "Holocauste" n'est pas du tout manichéenne dans la mesure où dans chaque partie de la société allemande (c'est principalement celle-là qui est décrite), il y a des gens capables de marquer de la compassion ou d'évoluer dans leurs jugements (l'oncle d'Erick Dorf) ou, au contraire, d'y trouver des juifs complètement au service de la machine nazie (les kapos dans les camps). En cela, cette série conserve toute sa crédibilité.
Bien sûr, on trouvera toujours des défauts sur une série qui dure 7 h, des approximations ou même des impasses historiques, des points zappés, d'autres trop insistants. Cela n'a qu'une importance relative sur la signification générale de la série et son message.


Trois personnages et acteurs dominent la distribution.
Meryl Streep qui joue le rôle d'Inga, fille catholique d'une famille comprenant plusieurs nazis réticents à son union mixte avec un jeune homme juif, Karl Weiss. On peut dire que dans cette série, Meryl Streep rachète à elle toute seule l'indifférence de beaucoup de catholiques y compris dans les hautes voire très hautes instances qui pensaient que le silence face aux exactions des nazis étaient le meilleur compromis pour combattre le communisme. Le personnage joué par Meryl Streep est très touchant dans l'amour et le sacrifice qu'elle porte sans limites à son mari contre vents et marées.


Justement, c'est James Woods qui porte le personnage de Karl, artiste peintre et personnage pacifique voire craintif qu'on voit descendre peu à peu une spirale infernale sans fin.


Le troisième personnage c'est évidemment Erik Adorf joué par Michael Moriarty. Ce personnage qui, à l'origine, est un juriste sans emploi, se trouve happé, avec les encouragements de sa famille et surtout de sa femme, par la machine nazie et se voit directement impliqué dans l'élaboration de la solution finale. Le parcours décrit est tout-à-fait crédible et effrayant.


D'autres personnages portent l'esprit de révolte et l'espoir comme par exemple Rudi, le frère de Karl.


C'est une série, pourtant sans concession, qui fut, en son temps, décriée par certains (Claude Lanzmann entre autres) refusant l'idée qu'on puisse romancer et donc banaliser la Shoah.
Personnellement, je pense au contraire que tous les moyens, que ce soit le roman ou le film mettant en scène une fiction, sont bons pour informer et maintenir le devoir de mémoire.

JeanG55
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le 17 déc. 2021

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