Homecoming est la belle surprise de cette fin d’année 2018.
A l’origine, l’histoire de la série a été créé via un podcast mais je n’ai pas eu l’occasion de l’écouter.
Mais ce qui m’a donné envie de voir cette série, c’est surtout que derrière ce projet, on a Sam Esmail, le créateur de Mr Robot, qui a produit et a réalisé les 10 épisodes de cette saison 1 (une saison 2 est déjà commandée).
Et il est assez clair rapidement qu’il est derrière ce projet vu l’originalité de la mise en scène et la touche artistique déjà présente dans Mr Robot.
Côté casting, on a également du Mr Robot avec l’excellent Bobby Cannavale qui va donner la réplique à Julia Roberts.
L’histoire
La saison 1 est articulée autour de deux périodes bien distinctes où le spectateur essayera comme certains personnages de deviner ce qui a bien pu se passer entre ces deux moments séparés par plusieurs années.
A travers ces deux périodes, on suit l’histoire de Heidi Bergman (joué par Julia Roberts). Dans la période passée, elle travaille dans le centre Homecoming où sont but est d’aider à travers des séances psychiatriques plusieurs vétérans revenus de la guerre pour que ces derniers puissent retourner vers leur famille.
Dans la période présente, plusieurs années se sont écoulées et on retrouve Heidi en tant que serveuse qui se fait interroger par un agent de la défense qui enquête sur la période passée d'Heidi lorsqu'elle était encore à Homecoming.
Le premier point fort de la mise en scène de Sam Esmail va être sur le format d’image que la série va adopter pour bien identifier les deux périodes temporelles.
Un format inhabituel
L’image va adoptée 2 formats bien différents pour déstabilisé et marqué le spectateur.
D'un côté le format 16/9, plutôt classique, et porté par une photographie claire qui illustrera la période passée où Heidi travaillait à Homecoming.
D'un autre côté un format 4/3, beaucoup plus inhabituel, et porté par une photographie sombre qui illustre l’autre période, celle de l'enquête.
On a donc un format d’image sortant des standards classiques mais tout en restant codifié et défini par son utilisation importante dans l’intrigue, du moins dans un premier temps jusqu'à ce que ce format prenne une tout autre dimension à certains moments clés.
Mais il n’y a pas que l’image qui rend la série originale et assez inhabituel, le format temporel sort aussi des conventions de base de toutes séries dramatiques. Homecoming avec ses 10 épisodes de tente minutes sort de l’ordinaire comparé aux autres séries qui ont plutôt tendance à s’approcher de l’heure.
Et si ce choix peut interroger au début, j’ai trouvé que ce format-là très adapté. Le rythme est bien gérer avec seulement 2, 3 épisodes pour entrer dans l’univers avant que l’intrigue avance rapidement avec une efficacité certaine.
Une mise en scène éblouissante
Sam Esmail avait déjà réalisé un plan séquence complètement fou dans Mr Robot (Saison 3 Episode 5), il a saisi l’opportunité pour en refaire un autre. Alors beaucoup plus minimaliste (moins de 3 minutes) mais qui fait son effet tout de même. Quoi de mieux pour présenter le centre thérapeutique de Homecoming qu’à travers un long plan séquence où Heidi déambule dans les couloirs et les escaliers suivit par la caméra qui traverse l’infrastructure en donnant l’impression que l’on vole de pièce en pièce. Cette scène d’ailleurs donne un aperçu de l’une des 2 dynamiques centrales de la série, vu qu’Heid est pendant tout ce temps au téléphone avec Colin.
L’utilisation de la lumière est excellente surtout dans la seconde période temporelle (en 4/3) qui renforce le côté sombre et froid. Le jeu de lumière en salle d’archive est marquante notamment.
Beaucoup de plans sont aériens comme les séquences où l’on suit un véhicule comme dans un jeu vidéo à la troisième personne où la caméra tourne en même temps que le véhicule.
L’utilisation du split de l’écran est beaucoup utilisée aussi notamment lors des séquences de conversations téléphoniques entre Colin et Heidi.
On a aussi de plus en plus de cadrage serré sur les visages (allant parfois jusqu'au zoom) renforçant l’ambiance paranoïaque de la série.
La paranoïa au cœur de la série
Vu que la série tourne autour du personnage de Heidi Bergman (joué par Julia Roberts), la série développe une ambiance angoissante, stressante et parano qui ne fait qu’augmenté au fur et à mesure que l’on avance dans l’intrigue.
Comme son personnage, on s’interroge sur ce qui a bien pu se passé durant sa période dans le centre d’Homecoming et sur le but qu’avait ses anciens employeurs à travers le personnage de Colin (joué par Bobby Cannavale).
Alors que la dynamique entre elle et le soldat Walter Cruz (joué par Stephan James) est une bouffée d’air positive pour Heid, sa dynamique avec Colin devient de plus en plus toxique et remet en question la nature de son travail. Le parallèle avec les séquences de la seconde période temporelle où elle essaye de démêler le vrai du faux, rend le tout encore plus angoissant et terrifiant.
D'ailleurs la série fait tout pour déstabiliser le spectateur pour renforcer cette ambiance bien parano. On a aucun indice sur la période de la série (ambiance 70’s d’un côté mais faisant pourtant très actuelle de l’autre).
La bande sonore participe à ça avec plusieurs utilisations d’OST iconique de films cultes avec par exemple celle de « The Thing » ou encore de « Sueurs froides » ou de « Les hommes du président ».
Puis vient le point de bascule de la série avec l’épisode 8 :
L'utilisation du format de l'image va prendre un sens particulier lorsque Heidi se rappelle de tout. Cette bascule s'illustre donc avec le passage du 4/3 en 16/9 comme pour signifier que le format 4/3 est avant tout défini pour montrer que le personnage n'est pas "entier" avec ses pertes de mémoires.
La bascule inverse est également illustrée dans l'épisode 10 lorsque Heidi dans la séquence passé perd temporairement la mémoire en arrivant chez sa mère.
Quel avenir pour la série dans la saison 2 ?
Difficile de voir où la série va s'orienter mis à part les quelques indices de la scène post-générique entre Colin et Audrey.
Pas sûr non plus de revoir Walter Cruz vu la dernière scène qu'il a avec Heidi (qui reste très ambiguë), j'espère que cette relation ne sera pas le centre de la saison 2.
Car c'est au final le seul reproche que j'ai sur le final de cette saison 1, que cette relation prenne le dessus sur la nature de Homecoming et la société Gheist.
Bilan
Cette première saison est pour moi une belle réussite. Sam Esmail confirme tout son potentiel de réalisation déjà vu dans Mr Robot. Homecoming est rapidement consommable (de par son format de 30 minutes) mais aussi ultra pertinente et très efficace autant dans le fond que dans la forme.
J'ai déjà hâte de voir ce que la série aura à offrir dans une seconde saison déjà commander par Amazon.