Le nouveau projet de Sam Esmail est un bien curieux thriller psychologique qui brasse des thèmes qui lui semblent chers : multinationale malfaisante, univers conspirationniste, faux semblants et la traditionnelle manipulation mentale. Il s'agit pourtant de l'adaptation d'un podcast d'Eli Horowitz et Micah Bloomberg, qui a notamment bénéficié des participations de David Schwimmer et de Spike Jonze.
Malgré ces similitudes Homecoming est bien différente de son grand frère Mr Robot. Moins démagogique, moins encline à user de gadgets visuels, moins hasardeuse dans son propos... Les 10 épisodes de 30 minutes sont maîtrisés et plus plaisants à regarder que cette longue saga paranoïaque qui tendait de plus en plus vers la facilité.
Aucune volonté ici de prendre à contre-pied le spectateur. Juste un puzzle à reconstituer en même temps que l'héroïne, le Dr Heidi Bergman qui souffre d'un étrange problème de mémoire et qui ne parvient pas à se souvenir de sa place exacte dans l'étrange projet Homecoming.
Le casting est parfait et ne repose pas sur la performance d'un seul acteur : Julia Roberts rappelle à tous qu'elle est excellente actrice dans ce rôle de thérapeute pleine de bonne volonté qui tente d'aider des militaires traumatisés de retour à la maison, Shea Whigham est impérial (comme d'habitude) en petit rouage du ministère de la Défense qui tente de faire son boulot correctement, Stephan James est un touchant G.I qui traîne ses souvenirs macabres et enfin Bobby Cannavale est une nouvelle fois parfait en connard world class, ponte de l'entreprise Geist.
Homecoming n'est pas pour autant une série évidente. On avance à tâtons dans cet univers qui semble factice, virtuel par moment (la virée hors du centre dans l'épisode 3). Et les habitués de Black Mirror seront conditionnés à envisager un twist incroyable qui ne viendra jamais. La série est lente, loquace et anti-spectaculaire. L'unique exubérance, très dispensable, est ce cadre qui se resserre et s'agrandit au gré des flash-backs.
L'histoire se dévoile lentement, épisode par épisode pour finalement prendre tout son sens en fin de saison. Une belle ambiance de polar accentuée par une bande son soignée et inquiétante.
Bref, une bonne petite surprise que personne n'attendait. Tellement bonne qu'une saison 2 est annoncée. Pas sûr que cela soit une bonne idée de tirer sur la corde. A moins que les révélations liées au projet s'applique à un autre cadre, et mêlent de nouveaux personnages.