Dix épisodes de trente minutes qui semblent durer des heures. Un mystère étouffant, transformant la première partie de la saison en concours de patience. Des acteurs impeccables, des dialogues aussi sophistiqués que vains, une mise en scène soignée...
Tiens, parlons de la réalisation de Sam Esmail en détail, car il le mérite et parce qu'il cherche désespérément cette attention.
Sam Esmail souffre du syndrome Winding Refn, à savoir le "style over substance". Ainsi il laisse à nouveau jaillir dans Homecoming les mêmes défauts qui avaient mis en sursis Mr. Robot.
Monsieur adore les effets de mise en scène, adore créer le mystère par la lenteur, adore chercher la manière la plus esthétique et surprenante de filmer une scène plus ou moins insignifiante vis à vis de l'intrigue, adore choisir un cadrage différent juste pour se différencier. Je n'ai rien contre la recherche stylistique, mais quand ça brise l'immersion et ne sert aucune intention scénaristique, ça me gonfle. D'autant plus qu'il n'y a (ironiquement) rien à manger dans cette histoire. La narration est pompeuse mais le mystère est en lui-même très pauvre. Une fois que l'élément clé est compris, il n'y a plus grand-chose à sauver. Tout devient fade et banal. Les personnages comprennent petit à petit l'envers du décor, il y a toute une ribambelle de dialogues attendus, mais il ne s'en dégage aucune émotion. Même la relation sentimentale qui se développe sonne faux... C'est à se demander si la stylisation excessive de la série n'a pas tout simplement tué dans l'œuf l'aspect dramatique et humain.
Ne demeure donc que la superficialité de Sam Esmail qui tente de fabriquer une aura grandiose à ce récit maigre et froid, en usant et abusant de musiques de film noir comme cache-misère, en jouant avec le ratio de sa caméra et les effets de transitions, et encore une fois, en se reposant sur ses acteurs de rang A, à peine capables de sauver les meubles.
Une fois cette première saison bouclée, j'en suis ressorti profondément ennuyé et frustré. Frustré de voir ce poseur creux attirer aussi facilement les faveurs pour un projet qui ne marquera personne, alors qu'à côté plein d'auteurs se contentent de raconter de bonnes histoires, sans feux d'artifices et sans effets de manche.
Il serait bien que la prochaine fois Sam Esmail investisse au moins autant d'énergie dans les scénarios que dans sa mise en scène clinquante. Ça va finir par se voir, comme ce fut le cas pour Winding Refn.