Je suis le méchant de l'autre
J'ai attendu la saison 2 avec appréhension et envie.
Le format de la dizaine d'épisode est décidemment le bon ; on évite le manque de rythme et l'essoufflement de la saison fleuve à 20-24 épisodes, on peut éviter de passer un moins sur la série et de générer une forme de lassitude.
La première saison offrait un travail de très grande qualité. Tout d'abord choix très judicieux du casting : Brody alias Damian Lewis, c'était déjà du velours. Qu'on se souvienne de l'excellent Warriors, de Band of Brothers et on tient là un acteur de premier plan, au charisme dramatique certain. Ensuite, bien entendu, notre très chère tarée de service, jubilatoirement casse-bonbon en Carrie Mathison, Claire Danes, totalement habitée par son rôle d'agent de la CIA bipolaire. Mais la qualité du casting va bien au-delà de ces têtes d'affiche : Mandy Patinkin, que je ne connaissais pas, est énorme dans son rôle de vieux briscard de la CIA ayant tout sacrifié pour l'Agence. Morena Baccarin est superbe en épouse déboussolée de devant le retour d'un mari disparu pendant 8 ans. Même le meilleur ami plutôt playboy fait très bien le job en la personne de Diego Klattenhoff .
Casting aux petits oignons, donc, mais aussi scénario terriblement efficace. Je n'ai pas envie de gâcher quelque plaisir que ce soit. Il faut découvrir cette série. Alors que Jack Bauer sauvait la planète tous les ans- je précise que j'aime beaucoup 24h et que cette série a pour moi changé une large part de la production hollywoodienne, et ce en dépit de ces défauts, nombreux -, Homeland est plus proche d'une certaine forme de réalité. Cette dernière est complexe et pas nécessairement belle à voir. Point de méchants ou de gentils : ici tout justifie les actes de la CIA, des terroristes, les tromperies, les choix personnels, et rien ne les valide. La vie, complexe, d'un XXè siècle qui a basculé dans l'hyperterrorisme, ce dernier étant alimenté par des mécanismes complexes, voilà ce que propose Homeland. Non pas une grille de lecture, mais des pistes de réflexion. Une série qui fait réfléchir, ça fait du bien, non ?
La saison 1 avait profité de l'effet de surprise et je ne voyais pas comment la seconde saison allait pouvoir relever le gant sans s'enfermer dans une mécanique forcément attendue. Je me suis trompé. La seconde saison est différente, plus humaine, plus nerveuse ; le monde des bisounours n'existe décidemment pas, et on ne s'en plaindra pas. Cerise sur le gâteau, le casting a été complété par un vice-président aux forts accent de 24h chrono (James Sheridan reprenant en quelque sorte le flambeau de Charles Logan alias Gregory Itzin) assez classique mais toujours efficace mais, surtout, par un nouvel agent campé par Rupet Friend, absolument jubilatoire. Une critique ? L'ado est à fracasser contre les murs. Normale, c'est une ado ...
Homeland est une grande série. une troisième saison est prévue. Je l'attends avec appréhension et envie ...
EDIT SAISON 3 SPOILS INSIDE VOUS AUREZ ETE PREVENUS
Que la chute est rude. Les premiers épisodes sont terribles lorsque l’on songe aux deux premières saisons. Assurément, ces dernières n’étaient pas exemptes de faiblesses ponctuelles. A force de se raccrocher aux branches pour construire une nouvelle saison, les scénaristes se sont entêtés à caser des personnages qui ne servent plus à rien. La palme revient sans aucun doute à l’ado à baffer, la fille de Brody. Tête toujours aussi insupportable, errements adolescents à la Dawson, rien ne nous est épargné. Tout est binaire et niais. Même la femme de Brody devient casse burne. Le sel de la série, à savoir les jeux de dupe, l’immersion dans le système d’espionnages, les questionnements sur une politique extérieure opaque tout est passé à l’as. On rejoue le coup de la Carrie malade, on sabre les intrigues de la CIA pour …. Pour tenter un improbable retournement, un plan wathefeuesque au possible. 24h Chrono était capable de tels errements mais c’était assumé. Là, Homeland voulait investir un autre terrain et, finalement, à force de tirer sur la corde, c’est retrouvé dans les sentiers battus et rebattus du genre.
Parce que la fin de la saison est bien meilleur et, enfin, intéressant, je ne retire qu’un point à mon 9 initial. Mais, qu’on se le dise, n’ayant pas encore vu la fin de la saison et sachant qu’il y en aura tout de même une quatrième la note va encore baisser. Parce que ça n’a plus de sens si ce n’est s’entêter dans vers la machine à cash.
