- Critique à la fin de la Saison 1 -
Franck Underwood se retourne vers moi. Son visage traduit de façon encore plus nette ce sentiment qui m'oppresse de pouvoir, de cynisme, de brutalité froide, d'insensibilité. Je le sais, je le connaissais et je l'avais perçu avant même de le voir. Et pourtant il me fascine.
Non pas qu'il me surprenne, car il évolue dans un monde que l'on aime s'imaginer comme l'antre des petits arrangements, des complots, du pouvoir volé. Franck est américain. Et plus qu'américain, il est membre du congrès des Etats-Unis d'Amériques. "The Hill" comme ils disent là-bas. La première fois que j'ai croisé son regard, j'ai compris qu'il n'était pas arrivé là par hasard. Il connait le système, les mécaniques. Et il évolue dans un monde qui exploite la force des uns, mais surtout les faiblesses des autres.
Non, il ne me surprend pas. Car j'avais suivi d'autres de ses congénères, notamment dans la "West Wing" de la Maison Blanche. Et je connais déjà les moeurs fantasmés de ces couloirs du pouvoir. Néanmoins, Franck m'offre cette vision avec une efficacité et un ressenti parfaitement calibré. Il est bad, mais j'adore le suivre. Presque comploter avec lui. Partager ses quelques moments de joie, mais plus souvent de noirceur, de domination.
Franck n'a qu'une seule vie, la fusion parfaite et pragmatique entre sa sphère professionnelle et sa sphère privée. Il partage sa vie avec deux femmes. L'une est sa femme, avec qui il partage son ambition et son amour de parvenir, coûte que coûte, à son objectif ultime. Une relation simple, basée sur des vérités froides, même si l'attitude de Claire me semble parfois ambiguë ... Est-elle à la hauteur des enjeux ?... A voir.
Son autre femme est presque encore un enfant. Elle ressemble à une adolescente ... mais qui aurait grandi. Elle est journaliste. Elle débute. Mais Franck a décidé de la prendre sous son aile, même si je ne parviens pas bien à comprendre pourquoi ... D'habitude, Franck utilise les gens pour parvenir à ses fins. Mais là, j'ai l'impression qu'il y a plus. Une espèce de magnétisme. Je me demande même si elle ne serait pas plus ambitieuse que lui ...
Franck me fascine. Je l'ai dit, son parcours n'est pas d'une grande originalité, mais je me complais à l'accompagner, à être le témoin de ses stratégies, à jouer avec son entourage. Jusqu'au Président des Etats-Unis qui, du coup, ne me semble pas si imposant que cela. Regarder Franck, c'est comme regarder un aquarium de petits poissons après y avoir lâcher un pyrana en manque de bidoche : c'est pas toujours très propre, mais ça distrait ...
Franck me fascine. Il me voit. Cela me perturbe car je suis traditionnellement le spectateur invisible et imperceptible de ces cirques de la vie. Mais là, il me voit. Peut-être un peu de surprise ? Du changement ? Il me voit ...
Et il me parle.
Fascinant.