Hey New York !

Il aura fallut attendre longtemps avant de pouvoir dire sans mentir : "HBO a quand même des séries de qualité". D'innombrables coprophages argueront que "muh Game of Thrones" mais rien n'y changera.

Par le regard curieux d'un new yorkais, John Wilson, tout devient prétexte à cinéma. Tout l'ordinaire du monde moderne devient cinégénique, et c'est peut-être ce qui en fait la pièce documentaire la plus significative du monde des séries. Un homme qui attache son pain à la barre de métro. Des tranches de pain abandonnées sur des bornes incendie. Le pain d'un sandwich étalé sur l'asphalte. Le pain quotidien devient l'objet central de tout un regard. Et comme un sandwich, on peut rajouter des tranches de ci et de mi(e). Mais au final pour un sandwich, il faut bien deux pains aux extrémités.

John Wilson il aime s'infiltrer dans des rencontres entre passionnés d'une chose. Fût-ce de fêtards à Malibu ( était-ce Malibu ? ) où il est pris dans le tourbillon du spring break animé par MTV, rencontrant un jeune homme venu s'éclater vite fait entre deux vadrouilles. Fût-ce la réunion de coach sportifs pour les écoles ou les clubs amateurs. Une réunion de passionnés d'aspirateurs ( exceptionnel ), des fans inconditionnels d'Avatar ( de Cameron ) ou encore s'incrustant sans gêne à la baby shower du PDG d'une marque de boisson énergisante dont il avait appris l'existence deux jours plus tôt.

Au milieu de ces personnes étranges, vivant une vie peu ordinaire, on se retrouve finalement avec des gens totalement ordinaires.

Le jeune fêtard raconte qu'il fuit un évènement récent. Son meilleur ami vient de mourir, et il ne sait pas comment faire pour pallier cette absence.

Les coachs grognent parce que les moyens leur manque pour transmettre leur passion. Que leur syndicat ne sert à rien et ne les aide pas à se faire payer correctement quand les organisateurs de matchs décident de ne pas les rémunérer. Que coach c'est une passion qui ne paye pas.

Un fan d'Avatar expliquant qu'au bord du suicide, le modérateur du site de fan lui répondra "Mec, dis un mot, juste un mot." Ravalant sa fierté, il demande à ce qu'il vienne le chercher. Et le modérateur tracera la route et sauvera probablement la vie de cet autre fan qu'il ne connait pas.

Un homme rangeant ses aspirateurs raconte l'anecdote de celui-ci qui a reçu une balle ayant servi à un crime. Que cette maison et ces aspirateurs, c'est tant de souvenir. Que cet aspirateur c'était celui qu'usait son père. Mort la semaine passée. Qui dans ses derniers moments lui tient la main et lui dit "N'oublie jamais que je t'aime."

La vie est ordinaire. Et extraordinaire. Le monde est peuplé de gens bizarres, qui font des choses bizarres et laissent des traces bizarres.

Mais au fond, n'est-on pas tous un peu bizarres à notre façon ?

C'était John Wilson.