Critique rédigée en mars 2020
Nous ne regardons pas les shonen pour les paroles de leurs openings, ni pour les tournures scénaristiques fantaisistes souvent choisies pour écourter ou contourner le support d'origine. Ce qui plaît, ce sont plutôt ses personnages hauts en couleur tantôt craquants tantôt agaçants, le registre perché dans lequel nous baignons ainsi que les aventures trépidantes riches en humour bon enfant et en surprises, qui y sont narrées.
Hunter X Hunter millésime 99 réunit tout cela à la fois ; ayant débuté par le manga de Yoshihiro Togashi, inégal à partir du vingtième tome certes mais très plaisant, réussit à mon sens à détourner pour le petit écran tout ce qui me rendait sceptique sur le papier. En partant d'un incipit originel, que nous pouvons considérer comme prototype du shonen (n'étant pas sans rappeler par analogies, la première partie de l'oeuvre de Toriyama), cette adaptation s'appuie par la suite sur l'importantes libertés scénaristiques proposant des aventures tout à fait différentes, étant en avance sur la progression du manga à l'époque.
Malgré cela, les intrépides Gon et Killua courent toujours après leur statut de Hunter et des événements inattendus et loufoques en tout point rythment leurs aventures, et ce avec certaines tournures complètement folles qu'on croirait sortir tout droit d'un polar. Certains personnages comme le charismatique Kurapika, ainsi que certains antagonistes gagnent en profondeur et nous marquent davantage, privilégiant ainsi une animation et des épisodes gagnant en cohérence, aux enchaînements de péripéties sans queue ni tête.
Ce sont notamment les épreuves que doivent passer les héros, dans les premiers épisodes, dans lesquelles chaque adversaire en cache un autre en jouant de la rationalité et les émotions des protagonistes.
Aussi, l'arc autour de la famille Killua, inédit et hautement intéressant pour qui s'intéresse au minimum à ce protagoniste.
Frédéric Popovic, Nathalie Bienaimé, Tony Joudrier et sans oublier l'un de nos plus inimitables comédiens français Adrien Solis livrent un excellent travail de doublage, mettant davantage en avant la virilité de nos jeunes héros par leurs voix graves, dénaturée dans la version 2011. Durant les premiers épisodes en présence de Killua, la voix donne un effet de domination du personnage sur Gon, par rapport à la différence d'âge des deux héros.
Les combats sont beaux, tiennent en haleine et ne viennent aucunement gâcher l'action en cours en prenant le temps chez chacun d'exploiter l'intérêt que suscite nos personnages (leur nen à l'état brut). Je ne pourrais en dire autant des OAV s'ensuivant, assez hétérogènes, mais les 62 épisodes en tant que tels nous ouvre la porte d'un tout autre monde, unique en son genre et, par rapport aux animés du même genre, ne souffre aucunement d'un sentiment de répétition balayant notre intérêt.