Qu'il est difficile de critiquer cette série à tel point la déception est grande. Voilà plus de 6 mois, voir même une année qu'Amazon nous teasait avec cette fameuse série. Tout laissait à croire que Hunters avait le potentiel d'une grande série en réunissant énormément de flèches à son arc. Al Pacino promis sur 10H de visionnage accompagné d'une escouade très graphique de Chasseurs de Nazi : une bonne Sœur anglaise qui jure, un Asiat' ex-Marinecorp, une Jackie Brown à la coupe afro, un couple lamba de retraité Juifs, un ex acteur Hollywoodien interprété par Josh Radnor, de How I met your Mother, (mais où était il passé ??) et enfin, le nom magique de Jordan Peele (auteur des deux excellentissimes Us & Get-out) à la baguette. Avoir apposé son nom au générique de cette série fait de suite surgir une direction que la série aurait pu prendre : celui de l'angoisse avec un ton ironique propre, presque cynique qui pourrait matcher parfaitement à tout ce que l'on attend d'une série de cette dimension.
L'affiche également, purement inspirée de l'univers Tarantino (Kill-Bill pour les incultes hein) le fond du scénario qui reprend comme trame historique l'opération "Papper-Clip" ou les Etats-Unis ont exfiltrés plus de 1500 haut fonctionnaires du 3ème Reich afin de s'emparer de leurs connaissances et innovations avant que l'URSS ne mette la mains sur eux. On suit ici en 1977, Jonah Heidelbaum (Logan Lerman) jeune juif de NY désireux de vengeance et qui trouvera Meyer Offerman (Al Pacino) comme mentor après l’assassinat de sa grand mère.
The Hunt is not only about death. No. It’s about life, too.
Vous l'aurez remarqué, et pour évacuer ces comparaisons avec Quentin, en particulier avec son génial Inglerious Basterds, où l'on prenais un plaisir non dissimulé a voir Brad-Pitt et sa bande dézinguer du Nazi à travers l'Europe, sauf que, ça ressemble à Tarantino, ça à le goût de Tarantino, mais ça n'est pas du Tarentino sur bon nombre d'aspects. La série s'efforce de s'approcher du style, sans jamais réellement l'atteindre. Les dialogues ne sont pas aussi mémorables, presque à la limite du générique. La violence qui aurait pu être furieusement graphique (en vrai, on s'adresse à du 18+, quoi de mauvais a découper quelques membres ou éclater quelques crânes de généraux Nazi) au lieu de ça, la construction narrative de chacun des épisodes pêche d'un trop grand classicisme : on cible un ex-membre du 3ème Reich qui se cache parmi nous, on l'attrape et on le torture pour remonter la chaîne jusqu'au grand méchant invisible, The Wolf. Le pire étant que les proies parlent souvent même AVANT que l'interrogatoire ait réellement commencé... Autre élément de cette construction, presque plus Rodriguien que Tarantinesque, les inserts graphiques satiriques/fausses publicités totalement décalées au propos sérieux de la série. Bonne idée à la base, mais trop peu exploitées par le fait que ces minis séquences, presque burlesques, ne sont pas présentes dans tous les épisodes et souvent, peu pertinentes.
Pour continuer sur la structure narrative, ces enquêtes/chasses sont parsemées de Flash-Back sur la Shoa afin d'épaissir le passé de certains protagonistes de l'équipe des Hunters. Ces passages, bien que visiblement fictifs sont de bonne facture quoi qu'un peu caricaturaux, parler des camps semble visiblement assez délicat, mais apportent suffisamment de force pour dénoncer le génocide et donner de l'empathie et de la profondeur aux protagonistes concernés, surtout au couple Mindy & Murray Markowitz, personnages au final les plus intéressants de cette première saison.
You know what's the best revenge is ? Revenge.
On pourrait parler de la production, superbement réalisée avec un bel effort de reconstruction d'époque (qui en doutais, c'est Amazon) la bande son suit diablement bien (Talking Head, les Doors, les Stones... mais qui en doutais aussi à la vue de l'époque) on pourrait parler de l'équipe au complet, la Nonne qui s'avère insipide, l'Asiat' qui manque de développement, parler du jeu et du personnage de Lonny Flash (Josh Radnor) qui utilise sa célébrité, donc sa réelle identité pour commettre des crimes (oui oui, ça n'a pas de sens) l'agent du FBI posée ici pour satisfaire les LGBT et curseur moral face a cette bande de ziguouilleurs de Nazi, mais ça serait alourdir cette critique pour pas grand chose. Pacino fait plutôt bien le job (malheureusement toujours dans son registre criard, néanmoins efficace) et le jeune Logan Lerman est tout juste passable. Son point de départ dans la série, commençant par un débat de nerds sur Batman suivit de l'assassinat de sa grand mère, force la comparaison avec Peter Parker. Fatiguant de constater encore une fois que le héro Nerd introverti est devenu une sorte de "to do" pour les créateurs de séries/films en 2020 afin d'apporter le baguage "Pop-Culture" nécessaire pour donner un air Geek à une oeuvre.
Hell is not so bad, as the way to it.
Vous l'aurez deviner, cette série se prend les pieds dans le tapis à vouloir cocher trop de cases sans en barrer réellement une. C'est tout d'abord, trop inspiré (vous n'aviez pas besoin de moi pour cet argument) faussement geek, faussement violent, faussement subversif et très moyennement écrit (je n'ai pas parlé de l'arc principal et de cette théorie du complot à tel point je l'ai trouvé ridicule) Il manque cette rage, un discours cohérent, ou complètement barré, quitte a assumer, un ton propre ou au pire qu'un acteur sorte réellement du lot pour porter la série comme l'a pu faire John Smith dans The Man in the High Castle, uchronie comparable en soit, mais pas sur la qualité finale. Tous ce que j'attendais de cette série, et l'idée que je m'en faisait en voyant les annonces et l'empilement des noms connus n'est tout simplement pas présent, ou trop mal exploité pour que je trépigne d'impatience pour la saison 2, le Final scellant encore plus cette impression.