Hunters
6.3
Hunters

Série Prime Video (2020)

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Saison 1 :

Pour le coup, on ne va même pas se fatiguer à entonner une nouvelle fois notre vieux refrain sur l'impossibilité de représenter l'horreur absolu des camps d'extermination nazis, parce que, franchement, quand on regarde - avec une incrédulité teintée de consternation - les scènes de flashbacks de "Hunters", la dernière série "de prestige" de la maison Amazon -, qui nous dépeignent "la vie à Auschwitz", on se dit que les gens qui ont écrit ça n'ont clairement ni vision historique ni la moindre éthique professionnelle. D'ailleurs, il y aura toujours quelqu'un pour nous rétorquer qu'il vaut mieux que la télévision "populaire" montre ce genre de "spectacle" (nausée) que rien du tout, en notre époque de négationnisme virulent et d'antisémitisme de plus en plus ouvert.

Parlons donc plutôt de cette série pour ce qu'elle est, un spectacle de divertissement assez étrange, et largement raté, autant le dire tout de suite. Sur un thème que l'on qualifiera de "révisionniste à la Tarantino" (référence à "Inglourious Basterds"), voyant des juifs s'occuper eux-mêmes de la vengeance expéditive que "méritent" les anciens nazis réfugiés aux USA, David Weil et ses scénaristes nous proposent une série qui n'arrivera jamais en 10 longs, très longs épisodes, à se positionner de manière crédible dans un genre donné : s'agit-il d'une satire politique condamnant l'opportunisme obscène du gouvernement américain récupérant à la fin de la seconde guerre mondiale les "cerveaux" nazis pour sa recherche spatiale et nucléaire ? Ou bien d'un thriller excessif (encore une fois) "à la Tarantino", comme le pilote, plutôt efficace, le suggère ? Ou encore d'une simple comédie farfelue comme les Coen Brothers nous en ont proposées dans leurs plus mauvais moments, ce que les choix artistiques faits au niveau de l'image et de la mise en scène suggèrent ? On est bien en peine de le dire, tant le fameux "mélange de genres", que les Américains voudraient bien piquer au cinéma coréen, ne fonctionne absolument pas ici.

Il faut dire que le scénario est plutôt mal écrit, nous offrant d'interminables épisodes où l'on s'ennuie franchement, et un nombre de situations improbables ou illogiques trop élevé pour ne pas tester notre patience, la palme revenant sans nul doute à l'attaque de l'usine à la crédibilité se situant au niveau des scènes d'action de... allez, au hasard, la "Grande Vadrouille". Rajoutons des personnages mal écrits et très pauvrement interprétés, la palme revenant à Logan Lerman, absolument nul en tant que "personnage principal", ce qui est quand même un vrai défi pour le téléspectateur.

Alors, bon, Pacino fait le job, comme toujours, et la révélation finale, prévisible, reste bien amenée, même si ce joli coup scénaristique est immédiatement gâché par les prémisses complètement WTF d'une seconde saison que nous ne perdrons pas notre temps à regarder.

[Critique écrite en 2020]

https://www.benzinemag.net/2020/03/11/amazon-prime-hunters-bataars-sans-glouare/

Saison 2 :

Il y a trois ans, on avait été horrifiés par la première saison de ce Hunters, qui, en piquant l’idée de Tarantino pour Inglourious Basterds, proposait une Histoire alternative où des Juifs, survivants ou descendants de survivants de la Shoah chassaient dans les années 70 les Nazis qui avaient réussi à s’échapper pour les exécuter. Hormis le fait que ce principe contredisait violemment l’éthique de véritables chasseurs de Nazis comme Simon Wiesenthal ou comme les Klarsfeld, dont le but était d’amener les criminels de guerre devant la justice, Hunters partait complètement en vrille du fait d’une représentation ridicule, et inacceptable, des camps de concentration. Accablés par la critique, David Weil et son équipe avaient alors disparus des radars pendant trois ans, et on avait pu espérer que ce projet insensé avait été définitivement enterré.

Or, il n’en était rien, et voici que Prime, en ce beau mois de janvier 2023, nous assène une nouvelle bordée de huit épisodes (au lieu de dix, il n’y a pas de petits bonheurs…), tout en nous jurant que ce serait la dernière. Rassurons tout de suite ceux qui nous plaignent déjà de nous être infligés une nouvelle séance de torture, Weil a bien pris en compte les critiques : pas de retour à Auschwitz cette fois, et un objectif bien plus « moralement acceptable », puisqu’il s’agit de capturer Adolf Hitler caché en Argentine pour le remettre à la justice et lui organiser enfin le procès qu’il mérite.

Moins insupportable donc, cette fiction dystopique n’en est pas devenu vraiment meilleure : bourrée d’invraisemblances absurdes qui la placent au niveau d’une mauvaise BD pour adolescents ignares, elle souffre d’un scénario particulièrement indigent, alternant de longues scènes sans intérêt et de de brefs moments de violence spectaculaire, où nos héros semblent littéralement intouchables aux balles des hordes de néo-nazis en face d’eux, qui eux, tombent comme des Stormtroopers dans Star Wars. L’interprétation générale reste très faible, avec un personnage principal qui continue à être trop falot pour nous intéresser (pauvre Logan Lerman, que l’on espère bien ne jamais revoir !), et un Al Pacino en mode de figuration paresseuse dans un flashback qui ne fait guère que mettre en évidence l’absurdité du retournement final de la première saison, et qui n’a été écrit que pour amener une seconde révélation à la fin de cette saison. On sauvera la prestation de l’éternellement dérangeant Udo Kier, qui incarne un Adolph Hitler particulièrement glauque, finalement assez mémorable.

Mais le vrai problème reste ce fameux procès d’Hitler, dans un épisode final d’une bêtise qui le rend quasiment irregardable : n’ayant pas pris, visiblement, la peine de réfléchir à comment aurait pu se dérouler un tel événement (il suffisait pourtant de se documenter sur le Procès de Munich !), Weil et son co-scénariste se contentent de dérouler paresseusement tous les stéréotypes hollywoodiens, entre un juge qui semble hostile à l’accusation et chicane sur tout, des moments d’émotion larmoyants (soit le degré zéro de l’intelligence) des rescapés de l’Holocauste, et des états d’âme de l’avocat d’Hitler (juif, bien sûr)… Tout cela est d’une bêtise embarrassante, et ne sert pas les objectifs sans doute honorables des « auteurs » : rappeler aux plus jeunes téléspectateurs la réalité de l’extermination de masse du peuple juif, et faire un lien entre le nazisme et la résurgence actuelle des mouvements d’extrême droite, en particulier aux USA.

Pour finir sur la seule note positive de cette affaire, il y a au milieu de cette débâcle un très joli épisode, The Home, le septième, qui adopte un ton burlesque et semi-fantastique pour rejouer (décidément, c’est une obsession chez Weil) la scène d’ouverture de Inglourious Basterds, où des SS chasseurs de juifs viennent enquêter dans une maison où est cachée une famille juive. Cette heure-là, très réussie, peut être visionnée de manière totalement indépendante de la série, et nous vous recommandons de ne pas hésiter à le faire. Il n’y a guère que le fait que, curieusement puisque ce n’est pas le cas dans le reste de la série, tous les personnages – allemands – parlent anglais avec un fort accent germanique, selon les codes dépassés du cinéma hollywoodien, ce qui gâche un peu notre plaisir : on prendra ça pour un clin d’œil ironique, faisant écho à l’aspect fantaisiste de l’épisode.

En tous cas, on est heureux que l’affaire Hunters soit définitivement classée, et de ne plus avoir à y revenir.

[Critique écrite en 2023]

https://www.benzinemag.net/2023/01/28/prime-video-hunters-saison-2-reecrire-lhistoire/

EricDebarnot
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le 28 janv. 2023

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Eric BBYoda

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