Quand la maestria d'un réalisateur tel que Derek Cianfrance s'offre les services d'un acteur au sommet de sa forme tel que Mark Ruffalo, ça ne pouvait donner qu'une mini-série d'exception. Derek Cianfrance m'avait déjà ébloui avec le film "The Place Beyond The Pines". On retrouve sa patte dramatique avec cette même problématique inter-générationnelle du poids du passé de nos ancêtres. Quand à Mark Ruffalo, je ne lui connaissais pas de rôle principal et je dois dire qu'il m'a impressionné. Ce concept du double rôle de jumeaux assuré par le même acteur est parfaitement maîtrisée, et fait parfaitement illusion. Je n'ai d'ailleurs pas le souvenir d'avoir déjà vu ce concept ailleurs. À cela s'ajoute une myriade de seconds rôles féminins complémentaires dans leur jeu, leur personnalité, contrebalancant la violence prégante.
Je recommande cette série explorant les racines et les tréfons de la maladie mentale à travers ce jumeau schizophrène. Qu'on ne s'y trompe pas, le personnage principal est l'autre jumeau, sain d'esprit, mais profondément torturé par cette situation. C'est un bel hommage aux proches de malades, aux malades eux-mêmes et aux travailleurs sociaux, tout en giflant au passage un système aussi répressif pour les malades mentaux que pour les criminels...
Bien que la scène d'introduction soit d'une extrême violence, le réalisateur installe doucement mais sûrement son ambiance lourde et nous fait explorer le passé des jumeaux à travers des flashbacks à l'enfance, à l'adolescence, puis la terrible histoire de leur grand-père en apothéose. J'ajouterais sans spoiler une mention spéciale au dernier épisode, avec cette explosion digne d'un Festen lors d'une cérémonie solennelle.
Une mini-série complète et aboutie prenant aux tripes le spectateur, le faisant pénétrer de plain pied dans le sombre quotidien d'un américain ordinaire, pays connu par sa violence, ce qui se retrouve ici avec toute l'authenticité des blessures familiales.