Dans cette série d'auto-fiction, Judith Godrèche raconte son retour en France après un long exil aux États-Unis. Elle n'envisage pas ce retour sans revenir sur le devant de la scène, après avoir quitté la France avec une fausse aura d'icône du cinéma français. Elle raconte ses déboires dans cette entreprise, mais aussi ses inquiétudes de voir sa fille de 15 ans, danseuse, tomber amoureuse de son chorégraphe beaucoup plus âgé. En arrière-texte, elle évoque la relation d'emprise qu'elle a vécue avec un réalisateur de 40 ans quand elle n'avait que 14 ans.
Cette série a de très grandes qualités : humour, autodérision, lucidité, franchise, absence de minimisation, de pathos et d'obscénité, et surtout une grande légéreté qui n'en rend que plus déchirantes les scènes où l'on comprend ce qu'elle a vécu dans son enfance.
Il y a aussi quelques aspects qu'on pourrait considérer comme des défauts : un égocentrisme envahissant, un burlesque parfois embarrassant, mais finalement sympathiques une fois qu'on est entré·es dans l'esprit de la série. C'est peut être son côté punk, après tout !
Mais à l'issue de ce visionnage, on n'a pas perdu son temps. C'est une oeuvre pertinente et nécessaire, et qui a dû demander un immense courage. Elle n'aurait pas été accueillie de la même manière avant Me-Too et on ne l'aurait alors de toute façon jamais laissée la faire. Judith Godrèche avait d'ailleurs déjà raconté cette relation d'emprise dans un roman, dans les années 90, qui n'avait pas eu grand écho et qu'on a donc vite oublié. Mais aujourd'hui, la société est assez mûre pour écouter. On peut remercier Adèle Haenel, entre autres, d'avoir ouvert la voie.
Les oeuvres qui participent aux changements d'époque ne sont pas si nombreuses. Aimons-les !