"Dis moi en quoi tu crois, je te dirais qui tu es", telle est la morale qui s'impose aux différents protagonistes d'El Miracolo, sans que la réponse ne soit jamais figée. Que signifie croire dans un monde ultrarationnel, où tout doit pouvoir, d'une manière ou d'une autre, s'expliquer logiquement? Croire au divin, au destin, à l'inconscient, croire en soi, en l'autre, aux prouesses de la science ou à la force des traditions. L'éruption d'une statuette en plastique qui pleure des larmes de vrai sang confronte directement ou indirectement les personnages à leurs vies rationnelles, qui manquent pourtant cruellement de sens. Et va les pousser, malgré eux, à réenchanter leurs mondes. Le "miracle" vient ironiquement rappeler aux humains leur impuissance face aux événements de la vie mais va aussi les inciter à trouver leur propre credo.
Il Miracolo est un chef d'oeuvre et en premier lieu sur le plan esthétique. Ce rouge profond qui innonde les décors lisses et froids traduit parfaitement l'éclaboussure que l'événement provoque. La narration vous happe du début à la fin (et quelle fin), alternant de vrais moments de suspens et des portraits intimes des personnages, qui scellent la crédibilité de l'ensemble. Le parti-pris d'un univers réaliste renforce le mystère autour du "miracle". Les touches d'onirisme parsemées dans la série montrent qu'au-delà de l'arrivée de la statuette, les frontières entre réel et imaginaire ont toujours été poreuses et confèrent à la série une finesse éminemment poétique. Le spectateur n'en ressort pas indemne, touché lui aussi par la grâce.