Les anglais aiment le genre zombie, et adorent le recréer. Et je dis MERCI.
Voilà une mini-série de 3 épisodes (saison 1) et 6 épisodes (saison 2), produite par BBC3, qui met la créativité et l'originalité d'un scénario au premier plan, et que cela fait du bien par ces temps obscures.
"In the flesh" est doté d'un scénario bon, voir très bon, qui en fait le point fort du pourquoi-il-faut-la-regarder. Je dirais que le maitre mot du concept est la subtilité. Tout est fait ici de manière douce, amené subtilement par plusieurs dialogues et situations jamais pleinement explicités, et qui plus est, avec bon goût. Il en découle alors une certaine multiplicité des intrigues qui nous ballade aisément dans un univers affecté par un phénomène X, et nous force finalement à entrevoir la série sous divers points de vue (sociaux, affectifs, etc) très complémentaires les uns des autres.
Je n'ai personnellement que rarement été face à une série aussi "intelligente", en le fait que tout ou presque pourrait ramener notre société du XXIème siècle à ce scénario. C'est très fin.
Et donc en plus, c'est une production bien britannique, qui démontre encore une fois à quel point la créativité est mise en avant par nos amant outre-Manche (à quand France 3 pour nous produire une telle chose ?). Rien n'est vraiment clinquant, tout est "normal", à l'anglaise, avec cette petite absurdité qu'on aime tant chez eux. Les mœurs anglaise y sont dépeintes dans un contexte de méfiance et haine raciale, sans jamais tomber dans la critique de premier niveau, frontale, préférant laisser le choix aux convictions de chacun.
La réalisation est correcte, plutôt réussie. Je soulignerais davantage une utilisation de la lumière qui frise l'excellence, par son obscurité brumeuse si révélatrice que l’immersion en campagne anglaise profonde est plus efficace qu'une projection en 5D. Le tout accompagné d'une bande son sobre, mais terriblement efficace, qui n'est pas sans rappeler une toute autre production zombifique anglaise qui aura fait ses preuves, par un certain Danny Boyle.
Seul petit bémol à cet idyllique tableau, selon mon humble avis, le casting peut être ma foi un peu faible... D'autant que cette "faiblesse" est portée au premier rang, par tout d'abord l'acteur principal, qui en fait beaucoup trop dans la "fragilité" de son personnage, et par l'actrice jouant sa sœur, qui elle, à contrario, en fait beaucoup trop dans les sentiments d'incompréhension et de colère. C'est dommage, car les rôles secondaires sont parfaitement interprétés.
En tout cas, In the flesh m'aura mordu jusqu'à la moelle épinière, par son originalité et son aspect "touche à toutes les ombres sociétales actuelles". J'en redemanderais bien, mais la série a été annulée par la BBC3, faute de financement. Allez France 3, rachète et échange "Louis la Brocante".