Tout d'abord, parlons des critiques vues ici ou là sur cette série.
Oui, cette série n'est pas à regarder en famille. C'est interdit aux moins de 16 ans et clairement ça le mérite étant donné le sexe omniprésent en paroles et en images avec des scènes de sexe très "crues", nombreuses en saison 1, un peu moins par la suite. Oui, c'est un peu déconcertant, gênant même (un sexe en érection en gros plan pendant une seconde, jamais vu ça auparavant dans une série...). On peut se demander si ce n'est pas un peu trop. Mais j'ai envie de dire...Et alors ? On va s'interdire de regarder une série parce qu'il y a des scènes de sexe trop "crues" ?
Je ne crois pas pas à la volonté des concepteurs de faire de l'audience de cette manière, ça sert l'un des propos généraux de cette série qui est de dire que le sexe est omniprésent dans ce milieu de la finance.
Oui cette série pourrait être vue comme une énième série "woke". C'est effectivement un "grand chelem" en matière de représentation des minorités : elles y sont toutes. Mais chaque personnage est à sa place. Il n'y a pas de personnage inutile et inintéressant, juste présent pour répondre au quota des minorités.
Oui, les hommes blancs sont souvent des hommes de pouvoir riches, vieux et à la moralité douteuse. Mais voilà, il y a les personnages de Robert, qui évolue au fil des saisons et d'Henry en saison 3 pour contrebalancer tout cela.
Non, cette série, contrairement peut-être à d'autres, n'essaye pas de faire passer en "douce" un message politique féministe manichéen. Les hommes ont des comportements inappropriés et détestables ? Les femmes ne sont pas présentées comme des simples victimes, plutôt même pour certaines d'entre-elles comme des femmes de pouvoir adoptant des comportements masculins, et qui posent tout autant question par leurs comportements que les hommes de la série.
Après la critique de ces critiques injustes, il est temps de dire pourquoi Industry est une série absolument remarquable.
J'aurais envie de dire qu'on plonge directement dans la série dès l'épisode 1 pour ne plus refaire surface jusqu'à la fin de la dernière saison.
Il y a l'ambiance de la salle de marchés, dont je ne sais pas si elle est réaliste, mais qui est particulièrement réussie. C'est intense, parfois étouffant et au final très prenant. L'ambiance sonore et musicale doit y être pour beaucoup (bravo Nathan Micay, compositeur de l'OST, qui a visé juste)
Les intrigues, centrées sur la salle de marchés, sont assez réussies en saison 1, un peu moins en saison 2 où les scénaristes s'écartent de la salle de marchés avec un peu moins de réussite et puis...il y a la remarquable saison 3 (mais on y reviendra).
Le point fort de cette série : une galerie de personnages particulièrement attachants bien que leurs comportements soient interrogeables voire pour certains détestables. Par exemple, Eric est un putain de manager toxique, prêt à tout et obsédé par le pouvoir et l'argent mais il est fascinant. Dès l'épisode 1, on veut savoir ce qui va arriver à cette galerie de personnages hétéroclites, quelles vont être leurs interactions et on enchaîne les épisodes un par un.
Bien évidemment, tout cela est possible grâce à un casting de haut vol. Pas un acteur ne m'a semblé en-dessous comme cela arrive parfois. Certains sont même très bons. Fort, le casting.
Quelques cliffhangers réussis qui maintiennent aussi l'intérêt même si si ce n'est pas nécessaire pour des séries avec un telle immersion du téléspectateur.
L'autre point fort de la série et qu'elle dépeint presque cyniquement un milieu financier gangréné par les comportements toxiques, le chacun pour soi, la consommation de sexe donc mais également de drogue (jamais vu autant de prise de cocaïne dans un film / série) et avec au milieu l'argent roi tout puissant. Pas de jugement moral, pas de bien-pensance dégoulinante.
La saison 3 est magistrale. Il faut le dire et le répéter car il est rare que la dernière saison d'une série soit la meilleure. C'est presque une exception dans la production actuelle de séries à la sauce Netflix et c'est juste réjouissant.
Dans cette saison 3, la série arrive à se renouveler avec un narratif particulièrement intéressant. En effet, on sort un peu plus encore et avec réussite de la salle de marchés (ce qu'avait tenté poussivement la saison 2) avec en toile de fond du "green washing", une introduction en bourse et des investissements ESG "pourris" qui vont être une sorte de nouveaux "subprimes" (2008, le retour).
Et parallèlement à cela, les personnages de la série évoluent, gagnent encore un peu plus en profondeur, en complexité.
Cette saison est intense, prenante et parfois émouvante avec la multiplications de scènes marquantes. La série se termine magistralement pour chacun des personnages principaux.
Quelques uns de ces moments marquants (semi-spoilers) :
Le "huis clos" de crise entre les pontes de la société Pierpoint, les autorités gouvernementales et les éventuels repreneurs est fascinant et digne des meilleurs films sur ces sujets.
Cette histoire d'amour qui se matérialise (enfin) entre deux des personnages principaux, histoire d'amour sacrifiée sur l'autel de la raison et de l'argent, est particulièrement émouvante (quelques scènes magistrales).
Ce face à face entre deux des personnages principaux qui se disent leurs 4 vérités. Quelle intensité. Waouh...
Les révélations, rondement amenées, des secrets d'un des personnages principaux et ce jusqu'à la dernière minute est captivante et au final aussi très émouvante.
La descente aux enfers d'un autre personnage fait bien froid dans le dos comme il faut.
Indiscutablement, Industry rentre dans la catégorie des grandes séries HBO. On verse une petite larme que ce soit fini à la fin du dernier épisode. Mais quel pied ça a été ! Bravo à HBO pour cette nouvelle grande réussite, injustement méconnue du grand public.