Inside Number 9 est une série d’anthologie créée et écrite par par Reece Shearsmith et Steve Pemberton (ça c’est Wikipédia qui le dit, et jusque là, tout est bon). Le fil conducteur entre tous les épisodes est tout bête : chacun se passe à l’intérieur du numéro 9, que le numéro 9 soit un numéro de rue, de chambre, de loge, etc. Les épisodes sont donc tous tournés en huis-clos, et très peu de scènes se passent à l’extérieur des lieux de départ.
Cette contrainte a tendance à rendre la série très théâtrale. Les épisodes fonctionnent en effet comme des petites saynètes, et certains sont comme découpés en différents actes (un épisode se passe d’ailleurs dans une loge de théâtre et est réellement divisé en plusieurs actes).
L’aspect théâtral de la série est également évident dans la chute de chaque épisode. S’ils sont tous totalement différents et traitent de sujets très variés, ils ont tous sans exception une chute très… surprenante ! Les deux créateurs disent d’ailleurs dans une interview que leur idée de départ est de créer quelque chose de frais et toujours surprenant. Pour la partie fraiche, disons que le sens du mot est peut-être différents pour eux, mais pour la partie surprenante, ils réussissent parfaitement leur mission !
Il faut dire que, dès le premier épisode, la claque qu’on se prend est assez violente. Forcément, parce que la série est anglaise. Et par son côté très “politiquement incorrect”, elle me rappelle Black Mirror (anglaise elle aussi). Les deux séries n’ont pas grand chose en commun, si ce n’est que, dans les deux cas, ce sont des anthologies qui mettent donc en scène des univers et des personnages très différents à chaque épisode. Pour moi, Inside Number 9 serait à l’humour noir ce que Black Mirror est à la technologie.
Au-delà de l’humour, la série s’amuse tour à tour à explorer les tréfonds de l’âme humaine (jalousie, ambition, cupidité, sexe, tout y passe), à nous plonger dans une ambiance glauque et horrifique, ou encore à mettre en place des exercices de style loufoques et hilarants. À la différence de Black Mirror qui a tendance à être inquiétante (mais ou va t-on avec nos portables, nos drones et nos @#?&!$% de technologies ?), Inside number 9 est plutôt du genre à faire rire (jaune), faire sévèrement grincer des dents, et parfois même nous arracher un “What the fuck ?” sonore (oui on regarde une série anglaise, on s’exclame en anglais du coup).
Il est évident que si l’humour noir et/ou l’humour anglais (qu’il faut savoir prendre au second degré et qui est parfois assez trash) ne sont pas votre tasse de thé, vous détesterez Inside number 9. Mais quand on aime rire de choses dérangeantes, inquiétantes ou totalement absurde, cette série est parfaite.
En seulement trente minutes d’épisode, les créateurs mettent en scène des personnages qui se retrouvent dans une situation inhabituelle ou anormale, et qui réagissent de manière très humaine, mais totalement disproportionnée. Les premiers épisodes sont les plus surprenants parce qu’on ne sait pas à quoi s’attendre, et on ne sait pas encore que chacun est, à sa façon, complètement tordu. Les chutes sont toujours inattendues, et on se retourne le cerveau (j’ai parlé toute seule plusieurs fois en essayant de me révéler la fin) à essayer de trouver à quelle sauce la (ou les) victime sera mangée.
Le défaut de la série, comme de toute anthologie, est que les épisodes sont très différents et donc pas forcément tous au même niveau pour chacun. Pour ma part, j’ai nettement moins accroché sur les épisodes d’horreur, n’étant pas très sensible (ou plutôt étant justement trop sensible) à ce genre de sujet. Par contre, tous les épisodes réalistes – mettant en scène des gens qui pourraient être mes voisins – qui dégénèrent de manière radicale m’ont beaucoup amusés.
Même si, selon moi, tous les épisodes ne se valent pas, on peut saluer dans chacun d’eux les performances des acteurs et la percutante simplicité des dialogues. Les deux créateurs de la série sont présents dans presque tous les épisodes, et ils sont tous les deux excellents dans tous leurs rôles. Ils sont en plus secondés par une brochette d’acteurs plus ou moins célèbres (après avoir quatre ou cinq fois stoppé les épisodes pour chercher ou j’avais vu celui-ci ou celle-là, j’ai abandonné), et à chaque fois parfaits dans leur rôle.
Les dialogues quant à eux sont tout bonnement succulents (quand il y en a, un des épisodes de la saison étant entièrement muet et totalement hilarant), et on constate que messieurs Shearsmith et Pemberton ont l’habitude de l’exercice d’humour. Chaque mot, chaque réplique s’imbrique parfaitement au reste pour former une entité unique et inquiétante, dérangeante, choquante, selon le sujet abordé. Comme chaque minute compte (un épisode de trente minutes, c’est très court), les textes se concentrent sur l’instant présent et les répliques visent toutes à nous amener vers la chute en nous embrouillant un maximum pour justement obtenir cette fraîcheur et cette surprise tant recherchée.
Le résultat final pourrait donc être décrit comme un ovni en patchwork dont les pièces sont inégales, assemblées étrangement, mais dans lesquelles on distingue une cohérence sans vraiment mettre le doigt dessus immédiatement. Une série comme on en voit pas tous les jours, et qu’il ne faudrait quand même pas rater !
Comme toujours dans ce genre de cas, c’est bien dommage que cette petite série anglaise soit restée aussi discrète, à croire que nos voisins se réservent cet humour qui fait pourtant leur charme ! Quoi qu’il en soit, de mon côté, je vais aller jeter un oeil aux autres séries concoctées par ces deux créateurs incroyables !
À lire aussi, avec plein d'autres, sur : http://www.demain-les-gobelins.com/inside-number-9/