Premier contact

Difficile d’évaluer une série (après 5 épisodes) surtout lorsqu’elle est en cours. Connaîtra-t-elle une fin ou sera-t-elle victime des audiences ? Et si le succès est au rendez-vous, sera-t-elle prolongée artificiellement ? Perdra-t-elle son unité ?
Ce qui est certain c’est qu’Invasion est clairement mésestimée, la faute probablement au titre, à l’étiquette SF et l’affiche d’une mère fuyant avec ses enfants ; promesse d’une nouvelle série à consommer sans se prendre la tête. Le genre de série, fin de journée de travail, qui ne perd pas de temps en préliminaires, qui offre un mélange plus ou moins subtil d’action, de mystère, d’humour avec des personnages pas très étudiés mais pas trop taillés à la serpe non plus et une narration linéaire. Mais voilà, le produit attendu n’est pas du tout celui qui est proposé, d’où une certaine frustration et un agacement à la "lenteur" à moins que l’on ne passe en curieux se demandant ce que vient faire Goldshifteh Farahani dans cette galère, et là…

Invasion porte particulièrement bien son titre, car c’est bien d’une invasion extra-terrestre dont il s’agit, mais là où habituellement le spectateur est plongé dans l’urgence, précipité dans l’agression, la série prend le temps de poser ses personnages, leur vie, leurs préoccupations à mille lieux de ce qui se passe, d’ailleurs quelle personne sensée se projetterait comme cela d’emblée dans le scénario d’une invasion ? Et c’est justement ce qui fait la force et l’intérêt de cette série, ce temps suspendu où l’inéluctable fait déjà sentir ses effets mais que personne n’est encore capable de concevoir. Les informations sont omniprésente, elles fusent des quatre coins de la planète (la série suit plusieurs personnes à travers le monde) mais elles ne sont pas mises en relations les unes avec les autres. Attaques terroristes à Mumbai ou sur le sol américain, pannes électriques exceptionnelles à Paris ou à Londres, accident de la navette spatiale japonaise… l’invasion a débuté mais elle ne fait pas partie des préoccupations des hommes qui n’en n’ont pas encore pris conscience et qui n’essaient que d'en gérer les effets.

Un parallèle troublant peut être établi avec le dérèglement climatique, est-ce une volonté latente des scénaristes ?
Loin d’être lente ou soporifique, Invasion tisse méthodiquement sa trame. Le spectateur est placé en témoin privilégié de ce premier contact pendant que les personnages continuent de s’agiter à la surface des choses et que la tension sourd.

Pour le moment Invasion, qui n’est pas une série pop-corn, ne semble pas avoir rencontré son public, c’est dommage.