Invincible
7.4
Invincible

Dessin animé (cartoons) Prime Video (2021)

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Des persos crédibles mais trop de violence gratuite

*********** CET ARTICLE EST ALLEGE EN SPOILERS *****************


Accroche : Dans un monde où les super-héros, les extra-terrestres et les kaijus sont choses ordinaires, Mark Grayson, un adolescent américain apparemment standard, est le fils d’Omniman, le super-héros le plus puissant de la planète. Mark attend avec impatience de développer ses propres pouvoirs. Cependant, une équipe de super-héros est assassinée de manière sanglante…


Sexymètre : RAS


Violencomètre : Préparez-vous à une boucherie. Des têtes qui explosent en très gros plan, des tripes qui dégoulinent, des gens tabassés à mort, découpés en morceaux… tout ce que vous pouvez imaginer de plus saignant en gros plan, quasiment à chaque épisode. C’est cru, très cru ; je déconseille aux enfants et aux ados (on n’a pas besoin de les habituer à l’ultra-violence hein ?).


Bechdel test (test de sexisme : il doit y avoir deux personnages de femmes, nommées, parlant ensemble d'autre chose que d'un homme): passé sans trop de problèmes par les nombreux personnages féminin.


Mon avis :


L’histoire est assez mystérieuse au début. Elle se concentre sur la résolution du crime puis sur ses effets sur les protagonistes. Elle présente également le récit d’apprentissage de Mark, qui est assez classique mais brille par l’évolution psychologique du héros au fil des épisodes. La suite alterne entre une trame principale et des « monsters of the day ». Il est intéressant de constater que des éléments laissés en chemin au fil des épisodes sont remis sur le devant et traités plus tard. Cependant, l’écriture tombe à l’occasion dans des facilités scénaristiques (un personnage bricole une machine en deux minutes sans matériel…) et j’ai trouvé la fin de la première saison pas à la hauteur des effets d’annonce.

Le ton est globalement sérieux, premier degrès et même souvent dramatique mais s’égaye parfois de traces d’humour avec les blagues stupides de Mark et William au début ou encore le génial personnage d’Allen. La série est très référencée, avec par exemple beaucoup de super-héros secondaires ressemblant furieusement à des héros DC ou Marvel (Damien Darkblood est calqué sur Hellboy, Darkwing sur Batman…). On note quelques blagues s’adressant aux spécialistes de comics et pas mal de réjouissantes citations aux films Alien dans l’épisode martien.

La série s’attarde un peu sur les amourettes adolescentes sans trop tomber dans la série de lycée.


Beaucoup de personnages ont une histoire, même si certaines restent ébauchées. Certains personnages sont agréablement ambigus, comme par exemple Cecil ou Rudy/Robot. Le héros n’est pas désagréable avec sa naïveté, sa maladresse de jeune homme inexpérimenté et son immaturité émotionnelle plutôt réaliste. J’ai apprécié son honnêteté et ses bonnes intentions.

Niveau idéologique, c’est agréablement progressiste. La représentation est gérée de la bonne manière, avec deux protagonistes principaux asiatiques, et d’autres personnages noirs ou encore handicapés qui n’apparaissent pas trois secondes et sans répliques. De la même façon, un des personnages est gay sans que ce soit un sujet. Merci mes gens, pour une fois c’est pas du saupoudrage hypocrite. Il y a plusieurs vrais personnages de femmes, avec à chaque fois un passé et une personnalité, même si le protagoniste principal reste un homme. Le personnage d’Atom Eve par exemple, a une vraie histoire présentée dans un épisode indépendant. Par la suite, elle suit une trajectoire tout à fait originale.

Mais le meilleur personnage féminin de la série est à mes yeux Debbie Grayson, la mère de Mark. Femme active, intelligente, courageuse, aimante, quasiment mère célibataire, elle se prend un nombre incalculable de claques pendant la série et se relève toujours (pas sans mal). On la voit lutter, passer par tous les états émotionnels, abbatue et presque vaincue, déprimée, combattive, enragée… mais jamais elle ne renonce. Elle montre dans l’adversité une force et une résilience incroyable, plus grande même que celle des super-héros qui se tartent dans l’espace contre des aliens. Hé, les scénaristes américains, c’est ça un vrai personnage de femme forte. C’est pas un mec avec des boobs qui défouraille avec un gros flingue. Prenez-en un peu de la graine !


La série est très psychologique, ce qui est pour moi une agréable surprise. De nombreux thèmes sont développés : difficulté des enfants d’être à la hauteur des attentes de leurs parents, difficulté de trouver sa propre voie, relations parents-enfants, résilience face aux difficultés de la vie, lutte pour concilier vie privée et professionnelle, devoir et sentiments personnels, doutes face à la nécessité de prendre des décisions, ravages de la science mise au service de la guerre, transhumanisme…

Le format long permet aux personnages d’exister, d’avoir de vraies relations entre eux, de se poser des questions existentielles et d’en discuter à cœur ouvert. C’est pour moi le principal point fort de la série. Même si beaucoup de personnages se révèlent assez plats et avec des histoires simplistes, il y a un vrai effort d’écriture pour prendre en compte les effets psychologiques des évènements sur les personnages (Sont-ils affectés par la mort d’autres personnages ? Comment vont-ils le gérer ? Vont-ils entrer en dépression, aller vers leurs amis pour de l’aide, vers un psy… ? Quels effets cela aura-t-il à long terme sur leur comportement, leur idéologie ? Si un personnage est blessé lors d’un combat, appréhendera-t-il le prochain ?). C’est con à dire mais la plupart des fictions d’action ne gèrent absolument pas ces aspects : un personnage dont le conjoint meurt l’oublie en dix secondes, personne ne connaît le doute ou la tristesse… Bref, il s’agit d’un aspect rare et bien plaisant de la série.


La réalisation est assez spectaculaire, notamment pendant les scènes de vol. Les décors sont jolimment soignés, comme les nuages par exemple. Le design des personnages est assez neutre. Par contre, l’animation est dégueulasse, comme dans la plupart des productions américaines récentes. C’est très saccadé, avec peu d’images par minute. Les personnages bougent de manière raide et pas très réaliste. Ils ne sont pas très expressifs. Quand on est habitué aux animés japonais, ça pique…


Au niveau des acteurs, le boulot est plutôt bon et pas trop outrancier dans la manière de jouer. Le casting est en or massif avec notamment JK Simmons dans un rôle principal et Clancy Brown, Mark Hamill et Zachary Quinto dans des rôles secondaires.


J’en viens au niveau de violence, principal problème de la série pour moi. La série est hyper complaisante sur le sang, les tripes, les blessures répugnantes, les morts et les passages à tabac de tous poils. On voit que quelques petits sadiques se sont fait plaisir. Vous aurez droit à chaque fois à des gros plans et des séquences longues, parfois très longues. Dans le cas du dernier épisode de la première saison, c’est même l’essentiel de l’épisode qui est consacré à un déluge de violence. Fans de subtilité, de suggéré et de hors champs, passez votre chemin. Et ça pourrait être amusant éventuellement (comme dans Deadpool), si la série n’était pas hyper premier degrès. Ce sont de surcroit les personnages auxquels on vous a demandé de vous attacher qui sont passés à tabac, à répétition, avec un sadisme d’écriture que j’ai rarement vu. C’est pour le plaisir de choquer (shock value). Ca louche en ce sens sur The boys et autres défouloirs pour gens avides de sang. C’est moche. Mais vous comprenez, le 18+ c’est tendance et ça fait vendre.


Conclusion :

Une série au scénario prenant, au graphisme pas mal mais à l’animation bas de gamme, avec quelques personnages intéressants, ayant pour une fois des réactions réalistes aux évènements et de vraies conversations. Cependant, le défilé d’extrême violence, très complaisant, parfois même gratuit, est pénible et vient en partie gâcher le visionnage.


Estellanara
5
Écrit par

Créée

le 12 nov. 2024

Critique lue 17 fois

Estellanara

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