Petite précaution introductive, je n'ai pas immédiatement accroché à Jane the Virgin. Le coté "scandaleux" soap opera ne m'intéresse, en général, pas plus que ça et c'est une grande partie de l'univers de la série, dont le rythme particulier est un peu difficile à aborder pour les sceptiques. J'ai donc vu les deux premiers épisodes, et mis tout ça de coté pour quelques mois. Un jour où je m'ennuyais, j'ai repris et... Pas arrêté jusqu'à être à jour. Que voulez-vous, c'est addictif.
Le scénario est dense, et il se passe beaucoup de choses (ou rien en fonction de comment vous voyez la chose) dans chaque épisode. Un peu trop, parfois, peut-être, s'il n'y avait le narrateur qui permet de boucler les différentes intrigues qui s’imbriquent en un tout cohérent. Enfin "boucler" est un grand mot, chaque épisode représentant un chapitre d'une histoire qui pourrait bien se destiner à ne jamais se terminer, dans toute la beauté qu'est Jane the Virgin.
Comme les telenovelas qu'elle parodie, la série est en effet prompte aux retournements de situations et coups de théâtre. Si vous pensez que la virginité de Jane est le sujet principal de la série, vous vous trompez. Meurtres, trafiquant(s) de drogues, jumeaux (maléfiques ?), adultère, nemesis, culpabilité catholique, kidnappings, etc. : quoi que vous cherchez, Jane the Virgin l'a. Par conséquent, la série se débarrasse de deux choses qui embourbent parfois les scénarios du petit écran : le besoin d'un certain réalisme et les répétitions. Et oui, je maintiens ça malgré le fait que chaque saison contient la révélation du nom d'un trafiquant de drogue et une insémination artificielle (jusqu'à présent). C'est le fabuleux de la chose. En utilisant les mêmes ressors narratifs que les telenovelas, Jane the Virgin se permet de nous faire gober à peu près n'importe quoi et à nous faire douter de tout ce qui se passe, si bien que rien ne semble plus invraisemblable et que tout parvient à surprendre. Oh, boy.
Contrairement aux telenovelas qu'elle parodie, la série ne se prend cependant pas au sérieux (ou bien trop au sérieux en fonction de comment vous voyez la chose), en utilisant le pré-cité narrateur qui commente ce qui se passe à l'écran. Par ce mécanisme, Jane the Virgin peut à la fois teaser sur des choses qui se passeront, rappeler ce qui s'est passé, refléter nos sentiments d'incrédulité/de désespoir/d'agacement intérieurs ou encore commenter la situation par des annotations au départ surprenantes mais très vites amusantes (et parfois essentielles !). Car c'est amusant. Très amusant.
Laissons de coté le triangle amoureux qui divisera les fans (#TeamMichael. Je n'arrive pas à croire que j'ai écrit ça), et le ridicule des situations sur lequel repose une grande partie de l'intrigue, ce sont les personnages qui charment. Jane, juste équilibre entre charmante et névrosée (qui rend tous les garçons fous sans quoi il n'y aurait pas de série), est en effet entourée d'une belle galerie de personnalités qui lui volent bien souvent la vedette (Rogelio <3). C'est du grand n'importe quoi. C'est fascinant. C'est amusant. Et même si l'intrigue n'a aucun intérêt, je ne peux m'empêcher d'attendre la suite avec impatience. Quels sont les plans de Mutter ? Avec qui Jane finira-t-elle, au moins jusqu'à la prochaine catastrophe ? Qui est Pablo Alonso Segura ? Que promet la sortie de prison de Lola, correspondante et confidente de Rogelio ? Petra est-elle vraiment capable d'empathie ?
Saperlipopette.
Fuyez. Fuyez tant que vous le pouvez.