Jane the Virgin est une série agréablement étonnante. Son pitch de départ, le fait qu'elle soit tirée d'une telenovela vénézuélienne et qu'elle soit diffusée sur la CW n'a rien pour nous rassurer. Pourtant, les échos sont plutôt bons, et si on accorde un peu de crédit au golden globes, l'actrice principale, Gina Rodriguez, a obtenu une distinction cette année pour son interprétation de Jane. Alors ça attise forcément la curiosité, mais teinté de scepticisme. Force est de constater que Jane the Virgin mérite les compliments qu'on lui fait.
Jane the Virgin est une série honnête, qui assume complètement sa filiation à la telenovela. Elle le fait avec humour, parce qu'elle insère brillamment cet univers dans la série : Jane, sa grand-mère et sa mère sont fans de telenovela, et font référence régulièrement à des épisodes de fictions inventés pour mettre en perspective leur vie ; Rogelio, le père de Jane est quant à lui un acteur d'une telenovela, ainsi sa série, « la passion de Santos » passe à la télé, des affiches géantes sont partout en fond et on suit les procédés d'écriture d'une telenovela sur le plateau de tournage. Dès le premier épisode, le narrateur de l'histoire compare la vie de Jane à une telenovela et elle même arrive à un stade ou ils se passent tellement de choses abracadabrantes, qu'elle imagine des dialogues et des décors de telenovela pour mettre en perceptive les événements de sa vie (épisode 14).
Bien évidemment Jane the Virgin use aussi des procédés scénaristiques de la telenovela, en enchaînant des twists toujours plus ahurissant épisodes après épisodes. Tout y passe, de trahisons sur trahisons, d'identités secrètes, de lourds secrets, de fleur bleu par-ci par-là et bien évidemment de tromperies, meurtres, histoire de cartel, drogue, kidnapping, accidents en tout genre, perruque, chirurgie esthétique, jumeaux maléfiques, retour de mort... Bref, TOUT, et même si je viens de citer des choses qui ne se sont pas encore passées, je sais que Jane the Virgin va y venir tôt ou tard. Chaque fins d'épisodes apporte son lot de moment « WTF » et on ne peut que rire, parce que c'était à la fois imprévisible, mais finalement pas tellement, puisque c'est typique d'une telenovela.
La difficulté de ce genre de série, c'est qu'elle flirt toujours avec le ridicule, ou échappe parfois de peu à la parodie d'une parodie. Jane the Virgin réussi à tenir l'équilibre parce qu'elle moque autant un univers qu'elle l'aime. Il n'y a rien de condescendant. C'est pourquoi, elle peut, au delà des intrigues et du ton très moqueur, qui tient aussi beaucoup au narrateur, nous intéresser dans ses intrigues, dans ce qui arrive à Jane et sa famille. Alors quand au bout d'une dizaine d'épisodes, la surprise est passée et que l'humour est plus distillé, on reste devant la série malgré tout. Le personnage de Jane, qui tient aussi beaucoup à l'actrice, est suffisamment consistant pour nous tenir dans cette telenovela très moderne.
Ps : j’élèverais la note si la seconde saison reste sur le même ton, car malheureusement des séries presque aussi étonnante que Jane the Virgin, tel qu'Awkward ou Teen Wolf, n'ont pas su rester aussi fraîches et distanciées par la suite. Je préfère être prudente.