J'ai beaucoup hésité à le regarder, que ce soit pour sa durée ou simplement que la production ait eu l'aval du Vatican (pour ne pas dire en partie financé par ce dernier!), ce qui ne laissait évidemment pas augurer d'une grande objectivité... Et c'était sans doute un peu mieux que je ne pensais. De toute façon, pour moi qui ne connaissais Jean-Paul II quasiment que de nom, je ne pouvais qu'apprendre des choses.
Du coup, notamment dans la première partie consacrée à sa jeunesse et en premier lieu à son action durant la Seconde Guerre mondiale, j'ai eu un minimum d'intérêt à suivre ce biopic, éclairant le parcours d'un homme dont le destin vers la papauté était loin d'être tout tracé (euphémisme), le tout enrobé avec un minimum de professionnalisme, même si l'on sent souvent les limites de John Kent Harrison derrière la caméra et la capacité du téléfilm à aller suffisamment loin dans le regard qu'il porte à son héros.
Car évidemment, c'est ce que Karol Wojtyla est ici : un héros. Un homme idéal, bien sous tous rapports. Aucune tâche, aucune ambiguïté. Les rarissimes polémiques potentielles (avortement, droit des femmes) sont presque balayées d'un revers de la main. Le portrait dressé du Parti Communiste de l'époque est tout aussi nuancé : on est à deux doigts du « nazis-cocos, même combat ». Dommage, car une fois de plus, le contexte historique est bien saisi et relativement clair : sans doute pas assez complexe, mais au moins accessible à tous et c'est sans doute mieux ainsi.
C'est quand même un peu long (notamment dans la seconde partie consacrée à son « mandat ») et pas toujours très subtil niveau symboles et « empathie chrétienne », mais peut compter sur une belle interprétation d'ensemble : si Cary Elwes et Jon Voight font du bon boulot dans le rôle-titre (l'un avant et l'autre après « élection »), on retient surtout certains seconds rôles : Christopher Lee, James Cromwell, Daniele Pecci, Jacek Lenartowicz...
Au moins a t-on échappé à la commande grossière et sans la moindre valeur que l'on pouvait craindre. Disons que si, comme moi, vous étiez ignares sur le premier pape non-italien de l'Histoire (et oui, ça vous fera peut-être un truc de moins à apprendre!), ces 200 minutes (oui, quand même) ne seront pas totalement perdues. Par contre, si vous cherchez une vraie hauteur de vue avec analyse et regard distancié, passez votre chemin. À vous de voir... ou pas.