Quand la double personnalité devient High-Tech et que la schizophrénie se la joue James Bond

Jekyll, c’est ce que tu obtiens quand tu prends le bon vieux mythe de Dr. Jekyll et Mr. Hyde et que tu le secoues bien fort pour le moderniser à coup de technologie, de secrets d’État et de manipulations dignes d’un thriller à haute tension. Imagine le célèbre docteur du XIXe siècle, mais dans un Londres contemporain où son double maléfique a des gadgets et des combines qui feraient pâlir n’importe quel agent secret. Bienvenue dans un monde où ton pire ennemi est littéralement toi-même... sauf que lui, il est beaucoup plus cool et dangereux que toi.

La série suit Tom Jackman, un scientifique londonien tout ce qu'il y a de plus banal... enfin, pas tout à fait. Parce qu'en réalité, il est le descendant direct du célèbre Dr. Jekyll, et il vit avec un petit problème que peu de gens peuvent comprendre : un alter ego, Hyde, qui est aussi diabolique que Jackman est gentil. Et bien sûr, Hyde n’est pas juste un type un peu grincheux qui te pique ton café du matin, non. Hyde est sadique, rusé, et accessoirement, il adore foutre le chaos partout où il passe. Bref, la pire colocation interne possible.

Le tour de force de Jekyll réside dans l’interprétation magistrale de James Nesbitt, qui incarne à lui seul ce duo infernal. Il passe d’un Tom Jackman bien sous tous rapports à un Hyde absolument terrifiant en une fraction de seconde, avec un jeu de regard qui te fait dire "Ok, ce gars n’est pas là pour rigoler." C’est fascinant de voir cette transformation quasi-hypnotique, où Nesbitt arrive à rendre Hyde à la fois charismatique et complètement flippant. Et honnêtement, même si tu sais que Hyde est le méchant, tu ne peux t’empêcher de te dire : "Wow, ce type sait comment s’amuser."

L’un des aspects les plus intéressants de Jekyll, c’est la manière dont la série parvient à ancrer cette vieille histoire dans un contexte moderne, en la rendant crédible et terriblement actuelle. Ici, pas de potions magiques ou d’expériences dans un labo poussiéreux. Tout se joue sur des manipulations mentales, des gadgets de surveillance dernier cri, et des sociétés secrètes qui, évidemment, ne reculent devant rien pour exploiter ce phénomène unique à leur avantage. La série te fait comprendre que, dans notre monde de haute technologie, même un Hyde peut devenir un instrument de pouvoir et de destruction à grande échelle.

Le rythme de Jekyll est tendu, avec une intrigue qui jongle entre le drame psychologique, le thriller d’action et la science-fiction. Chaque épisode dévoile de nouvelles couches du mystère, et tu te retrouves à te poser des questions sur les vraies intentions de chaque personnage. La série ne se contente pas de te montrer la dualité intérieure de Tom Jackman, elle te plonge aussi dans des machinations plus vastes, avec des organisations qui ne sont pas du tout là pour boire le thé. Chaque découverte t’amène un peu plus loin dans ce qui pourrait bien être un complot beaucoup plus grand que la simple histoire d’un homme et de son double.

Cependant, malgré tout ce potentiel, Jekyll souffre parfois d’un trop-plein de sous-intrigues qui finissent par embrouiller l’histoire principale. À force de vouloir jouer sur plusieurs tableaux (le thriller, la science-fiction, la romance, etc.), la série perd parfois de son efficacité et de sa tension dramatique. Les intrigues secondaires, bien qu’intéressantes, ont tendance à ralentir le rythme et à diluer un peu la dynamique explosive entre Jekyll et Hyde, qui reste pourtant le cœur palpitant de l’histoire.

Autre point à noter : si l’on adore le personnage d’Hyde pour son charisme et sa folie, on peut parfois regretter que la série ne prenne pas plus de temps pour explorer vraiment la psychologie de Jackman. Certes, il est pris dans une spirale infernale, mais on aurait aimé en savoir plus sur ce qui le pousse, sur ses luttes internes. Au lieu de ça, la série se concentre souvent sur l’action et les retournements de situation, ce qui, bien que divertissant, laisse parfois un goût d’inachevé.

Visuellement, Jekyll est un mélange entre un thriller sombre et un jeu de cache-cache high-tech. Les scènes de transformation, bien que discrètes, sont extrêmement efficaces, et la série parvient à maintenir une ambiance de tension constante. Les moments où Hyde prend le contrôle sont toujours imprévisibles, et c’est cette incertitude qui fait monter l’adrénaline à chaque épisode. La réalisation sait comment jouer avec les ombres, les miroirs, et les changements subtils pour te montrer que Hyde peut surgir à tout moment.

En résumé, Jekyll est une revisite moderne et brillante du classique de Stevenson, portée par une performance hallucinante de James Nesbitt. C’est un cocktail de tension psychologique, de manipulations modernes et de doubles personnalités qui te fait te demander si tu pourrais gérer un coloc aussi imprévisible que Hyde dans ta propre tête. Malgré quelques longueurs et un foisonnement d’intrigues secondaires, la série reste une expérience captivante qui réussit à rendre une vieille histoire aussi fraîche que dangereusement excitante. Prépare-toi à une montagne russe mentale, où la ligne entre le bien et le mal est aussi floue que la frontière entre Jekyll et Hyde.