En toile de fond, les vues imprenables sur le Mont Jiri dépeignent le quotidien mouvementé des gardes forestiers de son parc national. Au péril de leur vie, ils escaladent les recoins inexplorés de la montagne, où de mystérieux accidents mortels s’accumulent. Qui se cache derrière ce trouble-fête?
LE sujet qui me tient à cœur, s’est fait longuement désirer. Férue de montagne et randonnée, j’ai choisi Jirisan comme mon prochain terrain de jeu, bien avant que j’entende parler de la série. Une heureuse coïncidence. Cerise sur le gâteau : Ju-Ji-Hoon, en figure de proue, d’un casting de haute voltige dont son homonyme féminin Jun Ji-Hyun. D’où mon intérêt triplement décuplé. Ce programme alléchant ne pouvait que promettre monts et merveilles. Pas si vite, ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué (hum).
Commençons par des faits historiques pour mieux comprendre certains points de la série.
La Corée du Sud est constituée à 70 % de montagnes. «En Corée, on naît, on vit et on meurt dans la montagne», assure un adage. Le trekking est l'un des loisirs préférés de la population (malgré leurs congés dérisoires).
Terre des ours et des dieux, Jirisan, est plus qu’un simple massif, son nom signifie «La montagne des gens étranges et sages». C’est d’ailleurs la plus sacrée du pays. Sur ces hauteurs, les Sud-Coréens renouent avec la nature et leurs croyances ancestrales.
Selon la légende, vivre un moment particulier au sommet du Cheonwangbong (1915m) apporte prospérité et bonne fortune à une famille pour trois générations.
Elle abrite le plus ancien et étendu des 18 parcs nationaux coréens, 472 km² à cheval sur trois provinces et cinq villes. C'est aussi le mieux doté en sommets élevés (une quinzaine de cimes au-dessus de 1000m).
Un spécialiste du sujet précise :
C’est l’un des endroits du pays les plus riches en QI [l’énergie positive] et en spiritualité. Nulle part ailleurs dans le pays, la symbiose entre le peuple et la montagne n’est aussi forte. C’est un haut lieu de syncrétisme entre bouddhisme, chamanisme et animisme. On y a relevé des traces de culte remontant au début du IIe siècle
Le Directeur du Korean National Park reconnaît sans détour que ce drama sert de vitrine publicitaire pour promouvoir la valeur et l’excellence des parcs nationaux.
Mes attentes élevées dépassaient ces pics majestueux. Bon, je ne comptais pas non plus voir un documentaire National Geographic.
Fuyons la capitale et son sempiternel brouhaha. On attache les ceintures, allez hop c’est parti. Des paysages à perte de vue, aux reliefs tantôt doux, tantôt accidentés défilent sous mes yeux, un bon bol d'air frais ... qui tourne au vinaigre.
Je suis dans mon élément, mais ma joie en prend un sacré coup face à une scène abracadabrante (certes c’est une fiction, faut pas pousser mémé dans les orties). La caméra complètement barge perd ses moyens via des mouvements brusques et saccadés (erf, ça m’a donné le mal de mer).
Sans la moindre recherche esthétique, la beauté des paysages n’est malheureusement pas mise en valeur. Contrairement à Kingdom, où je me suis régalée avec une photographie limpide et des plans à couper le souffle ou Vincenzo et la minutie de ses cadrages fabuleux.
Le choix de la BO, fade à mon goût, en a rajouté une (mauvaise) couche (hormis les trop courts extraits islandais de Sigur Rós).
Tatillonne, j’ai fait mon schtroumpf grognon sur chaque détail même mineur qui ne tenait pas la route. Quitte à donner l'exemple, autant le faire jusqu'au bout et pas à moitié.
- Les bâtons : Hé ho, c'est pas pour faire joli dans le sac à dos
- Les petites bouteilles en plastique :
(E)au Secours (d'une quantité ridicule pour mourir de soif). Fichu placement de produit, ce n'est pas le pire, le reste est ubuesque [voir plus bas]
- Notre ranger mannequin grimpe pour accéder à l’un des points culminants sans équipement adéquat, vêtu d'une tenue bobo chic et bottines de ville
- Wonderwoman, sans cesse par monts et par vaux, affiche une mine pétillante même dans les situations périlleuses. La tempête de neige ne la décoiffe pas d'un chouia.
J’en passe des vertes et des pas mûres.
Par contre, le défilé de mode hipster montagnard m'a fait de l’œil : les parkas déchirent (je veux les mêmes).
Alors que c'est mon thème de prédilection, le visionnage s’est avéré fastidieux. De grosses failles m'ont ôtées toute lueur d'espoir.
Le rythme (qui met des plombes à décoller) souffre d'un réel déséquilibre avec du remplissage sans grand intérêt, qui embrume l’esprit. Je perds patience "Abrège, je m'en fous royalement, passe à l'essentiel". Pour couronner le tout, des séquences qui dépassent l’entendement.
Le billet de loterie perdu dans la pampa. Après plusieurs jours d’intempérie, la (mal)heureuse retrouve ce bout de papier intact, encore plus propre que l'original
Malgré une affiche étoilée, les personnages ne m'ont pas fait vibrer comme je l'aurais voulu. J'étais tout de même bien envieuse de voir Jun Ji-hyun crapahuter (et aussi ... en "baver" dans les deux sens du terme) au cœur de cette nature luxuriante en compagnie de mon ranger de rêve. Je souligne sa belle performance dans ce rôle sportif à toute épreuve.
Les collègues secondaires ne m'ont pas marqués outre mesure. Je n'ai ressenti aucun attachement contrairement à d'autres séries.
Le yoyo temporel est IN-SU-POR-TABLE. D’une inutilité flagrante puisque le fait de nous ramener dans le passé-futur-présent-passé-futur-présent de manière incessante est un vrai spoil en soi. Pas très malin.
Les effets spéciaux de piètre qualité aux CGI désastreuses (la majorité des scènes ont été éditées avec des images de synthèse en raison des dangers de la montagne). Quel gâchis avec un tel budget colossal (devinez combien? Réponse dans ma conclusion). Avec tous ces wons ₩₩₩, même pas capable de pondre un truc potable :
Ex : Le poncho en plastique fait vraiment pitié
L'illogisme de l'énigme s'enlise dans un bourbier sans fin :
Le fantôme nous met l'eau à la bouche pour une finalité sans queue ni tête. Les corps auraient été retrouvés de toute façon. Les esprits lucioles ne sont pas du tout exploités alors qu'il y avait matière à creuser
En pleine situation critique, la course poursuite finale atteint le sommet du ridicule.
C'est le pompon. Fais ce que je dis, pas ce que je fais :
Le chef des rangers part à la recherche du coupable, embarque sa collègue (ayant perdue l'usage de ses jambes) sur son dos et ni une ni deux, il galope sur un sentier rocailleux, avec un dénivelé de ouf. OKLM.
On se demande aussi ce que font les flics pendant tout ce temps :
Bah rien
Passons aux séquences intéressantes qui se font rare (hélas) :
- Le métier palpitant de garde forestier et ses risques perpétuels, même si mon reproche est leur fâcheuse manie de faire du sensationnel sur des situations «dangereuses» qui virent au grotesque
- Les boulets de service (peu/pas préparés) qui sous estiment le danger de la randonnée (c’est pas une ballade tranquille le chat, hein)
- La préservation de la faune/flore et toutes les magouilles qui en découlent
Après seulement deux épisodes, Jirisan a été sous le feu de vives critiques. Pour les raisons similaires aux miennes (Je me sens moins seule).
Un réalisateur connu n'y va pas par 4 chemins :
Il y a quelque chose qui cloche dans la direction. Filmer les acteurs pour qu’ils aient l’air si mauvais, c'est magique. Si cela était intentionnel, j'en suis navré pour eux
Les PPL (Placements de Produits) excessifs tout le long des épisodes ont provoqué une certaine exaspération :
« Même si Nepa est le sponsor, comment les rangers peuvent-ils porter de nouvelles vestes de montagne chaque fois qu’ils se présentent ? », a déclaré un internaute.
Un autre demande « Est-ce qu’ils jettent des vêtements quand ils se salissent et en achètent de nouveaux ? ».
L'incohérence des sandwichs ont été également pointés du doigt car la sandwicherie Eggdrop n’existe pas dans une région montagneuse. Des internautes sont allés très loin, jusqu’à vérifier la boutique la plus proche. Elle se situe en réalité à 72 km du Mont Jiri.
Cela ne s’arrête pas là, les gardes offrent des suppléments de collagène et en vantent les méritent "C'est bon pour la peau" (rien que la scène en soi est le summum du risible).
Ahaha des barres de rire, non seulement, les téléspectateurs coréens ont un œil impitoyable mais ne manque pas d'humour ni de répartie.
Panique des investisseurs. Les cours des actions des sociétés de production de la série se sont effondrés à la suite de ces déceptions en masse.
Son (énorme) budget de production est estimé à environ 30 millions de dollars. Difficile à croire quand on voit le résultat (petit tacle gratuit).
Malgré la douche froide, le panorama final m'a tout de même envoyé des étoiles dans les yeux, en attendant d'y être pour de vrai. Dis, Ju Ji-Hoon tu m'accompagnes? (oh la groupie, on se calme). Promis, je ne boirai pas de yaourt et ferai super gaffe aux patates ahaha.
Il déclare d'ailleurs :
J'ai adoré escalader les montagnes et j'espère un jour gravir le Mont Jiri jusqu'à son sommet
Ps : Ben voilà, tout explique ma désillusion, je viens de m'apercevoir d'un truc : le Directeur de Jirisan est Lee Eun Bok = Goblin, Descendants of the Sun, Sweet Home. Ma bête noire, je n'ai jamais pu passer le cap du 3ème épisode de ces dramas. Réserve sur Mr Sunshine où je cale tout de même au 4ème épisode (pour moult raisons).
Euh, y'a pas quelqu'un d'autre qui veut s'attaquer à Jirisan et le refaire à sa sauce ;)