* Critique originale disponible sur Duotaku no Sora *

Moi, Giorno Giovanna, j'ai un rêve.

Dans l'univers des mangas et de la japanimation, il existe des œuvres qui sont d'abord obscures. Des titres dont on entend parler sans cesse mais qui, pour on ne sait quelles raisons, ne sont jamais reconnus à leur juste valeur par le grand public. Cependant il suffit parfois d'un petit rien pour que l'emballement du public démarre et fasse enfin sortir l'œuvre de l'ombre.

Si je vous parle de tout ça aujourd'hui, c'est parce qu'on va revenir sur l'une de ces fameuses œuvres. Une saga même ! Et quelle saga puisqu'elle nous fera voyager de l'Égypte au Japon mais également jusqu'en Italie, le tout se faisant en compagnie de mystérieuses entités, mais aussi de vampires et même de la mafia !  Mais pour comprendre tout cela, il nous faudra remonter loin dans le temps puisque notre histoire débutera dans la vieille Angleterre.

Vous l'aurez donc compris, il est aujourd'hui temps d'aborder JoJo's Bizarre Adventure (ou encore JoJo ou JJBA pour les intimes), un manga d'ARAKI Hirohiko débuté en 1987 et qui est encore en cours de nos jours avec 131 tomes à son actif répartis sur 8 parties. Un shônen à succès au Japon mais longtemps resté obscur en Occident jusqu'à son adaptation animée en 2012 qui fera naître une nouvelle vague de fans outre-mer, si bien qu'aujourd'hui encore, les différentes parties du manga continuent d'être adaptées en anime au fil des ans.

Cette critique portera sur la cinquième partie de JoJo intitulée Golden Wind (ou Vento Aureo) . Il s'agit de la saison 4 de l'anime JoJo's Bizarre Adventure sortie en 2018.

2001, Italie, Rome.

Giorno Giovanna, un petit voleur, a grandi en prenant pour modèle un illustre gangster qui faisait tout pour protéger son quartier. Aujourd'hui âgé de 15 ans, il décide de suivre ses traces et d'entrer dans la mafia afin de gravir les échelons et ainsi réussir à éradiquer le trafic de drogue qui plonge les plus pauvres dans la misère.

Mais suite à une altercation fortuite, Giorno se retrouve soupçonné d'avoir assassiné un membre important de la mafia. Désormais troussé par d'autres membres du gang, il découvre alors qu'il n'est pas le seul à posséder un Standet que le sang qui coule dans ses veines pourrait avoir un lien avec l'origine de celui-ci.

En avant pour la chasse au trésor !

On repart dans une toute nouvelle aventure puisque pour une fois, elle n'aura quasiment aucun lien avec les anciens arcs, ainsi voir ou non cette partie n'influera en rien sur les autres arcs de la franchise. Un mal comme un bien, à vous de voir.

On suit donc Giorno intégrer un des gangs de la mafia napolitaine et partir à la recherche d'un butin secret avec ses nouveaux coéquipiers de Passione. Notre Jojo doit dès maintenant faire ses preuves auprès de la bande. Il n'y a pas grand chose à dire sur cette partie qui se déroule principalement en étapes (se rendre au point A, pour trouver l'objet A, qui vous enverra vers le point B, et ainsi de suite). Au fil de leur quête, les garçons feront face à divers gêneurs qui sont eux aussi à la recherche du trésor et devront ainsi apprendre à travailler en équipe, chose qui leur fait pas mal défaut, d'autant plus qu'ils ne souhaitent pas trop se dévoiler devant le nouveau venu qu'est Giorno.

La deuxième partie quant à elle est une suite directe. Le butin récupéré est des plus atypique et le groupe se retrouve à devoir faire un choix déterminant qui pourrait lui coûter la vie. Alors là c'est un peu la première partie mais dans le sens inverse, et sauf que cette fois-ci la menace vient directement du boss suprême. Alors il y a plus de rebondissements car le fil rouge de l'intrigue est plus développé mais on se retrouve toujours avec cette farandole d'ennemis qui font durer le truc pour pas grand chose. En effet, le problème de tout cet arc V c'est l'absence de réel retournements de situation. Il y a la même ambiance linéaire tout du long, les scènes fortes arrivent comme un cheveux sur la soupe et se retrouvent noyées dans tout le fatras (bon on a au moins le plaisir de ne pas les voir venir cela dit du coup) et l'intrigue générale ne sera pas franchement des plus recherchée.

Et ce n'est malheureusement pas le combat final qui viendra rehausser le niveau. Enfin, si l'on peut vraiment l'appeler comme ça... Le méchant sortira de nulle part, les héros servent à tout puis rien à la fois, il n'y pas de climax, les Stands ça devient n'importe quoi.... En bref, on est loin des finaux épiques des autres saisons (celui de l'arc IV était bien nul aussi, oui, mais il y avait au moins cette scène cultissime de l'ambulance pour rattraper !)

Le gang de potes mais pas trop

Les personnages... par où commencer ?

Nous avons donc notre nouveau Jojo (ou GioGio), j'ai nommé Giorno, adolescent ayant vécu une vie difficile à cause de sa condition de miséreux. Cependant cela lui a forgé une maturité et un sang-froid à toute épreuve. Il rêve d'un monde plus juste. Son Stand est Gold Experience (Golden Wind en VF).

Je pourrai m'étaler des heures durant pour dire tout ce qui ne va pas avec ce Jojo (que personne n'appelle comme ça soit dit en passant) mais on va se contenter de dire que c'est le healer du groupe, et qu'en bon healer, bah il attend que ça se passe. Et ce n'est pas sa personnalité insipide, son personnage pas investi, son développement inexistant et son charisme forcé par le fait qu'il soit Mr Parfait-je-brille-toujours-quand-le-scénario-a-besoin-de-moi en gardant les mains dans les poches qui l'aideront à se rattraper. Bref, Giorno est un personnage tellement inintéressant à suivre qu'il est à l'heure actuelle considéré comme un des Jojo les moins bons de la franchise. Ce n'est même pas que les gens le déteste, c'est juste qu'il laisse indifférent tant il est rare de le voir montrer ses émotions, il se contente d'être là et d'être grandiose parce que.

Et ce défaut ressort davantage car à côté nous avons Buccellati (Bucciarati), un des caporaux du gang Passionne et le boss de nos héros. C'est un leader sage et réfléchi avec un grand sens de la justice, qui traite ses hommes d'égal à égal. Sous ses airs maniérés, c'est un excellent combattant qui sait réagir vite et ingénieusement. Son Stand est Sticky Fingers (Zipper Man).

Et voilà comment on fait un bon héros. Buccellati c'est le personnage aussi cool que charismatique dès le début et qui connaît une évolution sans faute tout du long. Impossible de le détester, il sauve tout l'arc à lui tout seul.

Suivront ensuite les quatre compères de notre groupe :

Fûgo, un jeune homme très intelligent et cultivé qui préfère cependant se faire discret tout en gardant un œil sur le groupe. Cependant il lui arrive d'exploser de rage sans préavis lorsque quelque chose le contrarie. Son Stand est Purple Haze (Purple Smoke).

Mista, un garçon très optimiste et généralement joyeux. Sous ses airs de guignol, il est perspicace et s'adapte rapidement à toutes les situations. Son Stand est Sex Pistols (Six Bullets).

Abbacchio, un homme très sérieux et terre à terre, voire pince sans rire. Il est également assez imbu de sa personne et a beaucoup de mal à faire confiance aux gens. Cependant c'est quelqu'un de loyal et d'extrêmement dévoué au gang. Son Stand est Moody Blues (Moody Jazz).

Narancia, jeune garçon impulsif et quelque peu gamin. Il a tendance à foncer d'abord et à réfléchir ensuite. En revanche il a bon fond et il tient énormément à ses amis. Son Stand est Aerosmith (Li'l Bomber).

Ils seront rejoint plus tard par Trish, une jeune fille exigeante et aux goûts de luxe, bien qu'étant de base assez réservée et intelligente. Mais en son fort intérieur, elle doute beaucoup. Elle apprendra à prendre confiance en elle au contact du groupe.

Voilà donc notre nouveau groupe principal. Si je trouve ces héros tous très accrocheurs, autant individuellement qu'en groupe (leurs échanges sont juste hilarants !), leur développement est cependant tellement mal géré que... je ne sais pas, pour moi ça n'est pas passé au final. Parce qu'en fait on ne sait jamais trop sur quel pied danser avec eux, un coup ils on l'air potes puis la seconde d'après c'est débrouille-toi face à l'ennemi pendant que je te regarde galérer. À ajouter à ça que ce sont tous des enfoirés entre tous (avec les ennemis comme avec les civils, pas de jaloux), et voilà, c'est magnifique comme bande de héros !

Les ennemis quant à eux sont nouveaux dans le genre.

Contrairement à Stardust Crusaders où les ennemis débarquent tous un par un sans raison autre que DIO qui les as hypnotisé avec ses pectoraux saillants et son physique d'Apollon anglais (je crois), ici les ennemis déjà sont humains (ce sont des membres de la mafia), et ensuite ils évoluent en groupe, sont solidaires, ont des histoires développées, des vrais enjeux et de véritables motivations (autres que régner sur le monde en répandant le chaos j'entends), ce qui les rend beaucoup plus intéressants à suivre que les méchants pas bô qui servent juste à être badass (et à créer des meme) comme DIO l'Appolon.Par contre je maintiens que je reste extrêmement mitigée sur le méchant principal qui reste une énigme... C'est le personnage, du début à la fin, on ne comprend RIEN à ses agissements tant il change d'avis comme de chemise, et sa nature paranoïaque fait juste penser à un malade qui aurait surtout besoin d'une bonne thérapie. En plus de cela il ressemble juste à un DIO 2.0 drag-queen ver. donc on l'oublie presque aussi vite qu'il est venu. Son Stand en revanche avait au moins le mérite d'avoir une classe monstrueuse, c'est limite si il ne lui vole pas la vedette à vrai dire.

Je note d'ailleurs les nouveaux Stands qui d'une manière générale sont vraiment cools avec  des pouvoirs très sympa. Ça nous change des Stands anecdotiques de Diamond is Unbreakable.

Un style plus moderne mais moins original

Ainsi si l'histoire reste mitigée jusque-là, qu'en est-il de la réalisation de ce nouvel arc ? Est-elle à la hauteur des saisons animées précédentes ?

Déjà passons sur les histoires de copyrights qui obligent les traducteurs à modifier les noms des Stands en des blases de Super-héros bien nul (Zipper Man, Fisher Man... et j'en passe des meilleurs).

On va donc commencer par le visuel qui reste dans la lignée des précédentes saisons, notamment avec les changements de couleurs à tous les plans devenue monnaie courante depuis Diamond is Unbreakable, chose qui donne un style unique mais auquel j'ai toujours autant de mal à m'habituer car il est parfois compliqué de distinguer qui fait quoi durant les combats. Cependant on peut remarquer que les chara designs évoluent lentement mais sûrement : les personnages sont moins bodybuildés, plus androgynes, et les vêtements beaucoup plus "fashion". J'avoue que je ne suis pas forcément très fan dans l'ensemble mais bon, ça ne reste qu'un avis subjectif.

Les musiques sont assez bonnes en revanche, plus marquantes que dans certaines saisons. On a toujours une OST qui ressemble plus à celle d'un film que d'un anime mais le tout est désormais plus rythmé, avec certaines musiques aux accents italien venant rappeler le pays dans lequel se déroule notre nouvelle histoire. Les génériques ne seront pas aussi cultes que ceux des premiers arcs mais ils restent à mon goût bien meilleurs que ceux de Diamond is Unbreakable que je trouvais pas franchement foufou.

En revanche on remarquera une baisse de régime du côté de l'animation, avec des épisodes où il y a des sacrés moments de flottement. Rien de réellement grave mais c'est bien la première fois que je me fais la réflexion en regardant JoJo tant c'est devenu flagrant dans cet arc par moment.

Mais le plus gros problème de cet arc V au final, c'est bien son rythme. Bon déjà on peut noter les 39 épisodes (dont 3 récap'...) qui n'étaient pas franchement nécessaires tant il y a des épisodes où il ne se passe littéralement rien, ça fait des combats à rallonge pour rien (les ennemis inutiles de Stardust Crusaders avaient au moins la décence de ne venir nous polluer que pendant 1 épisode). Et ensuite, comme je l'ai dis plus haut, l'intrigue souffre d'un manque de recherche d'une manière générale.

Alors vous allez me dire, c'est pareil dans certains des arcs précédents (Phantom Blood et Battle Tendency tenant sur un post-it par exemple), mais le gros problème de Golden Wind, c'est que cette fois-ci la saison tourne à une ambiance shônen (alors qu'on aurait pu s'attendre à quelque chose de plus orienté thriller avec le thème de la mafia comme toile de fond il me semble) avec des combats à répétition qui sont généralement assez mal intégrés. Ça ne s'arrête jamais, ça s'enchaîne sans transition, on a l'impression que les héros passent leur temps à se faire balader par le scénario sans trop essayer d'y changer quoique ce soit au final, et le résultat de tout ça, bah c'est que ça n'aboutit à rien. Pourtant il y a des idées lancées par-ci par-là qui sont franchement sympa, des thématiques beaucoup plus travaillées que dans les anciens arcs (jusqu'où peut-on aller pour faire justice, l'importance de la vie, la solidarité, rester fidèles à ses valeurs...) et des personnages qui avaient bien plus de marge d'évolution que ceux des arcs précédents, mais l'auteur s'est éparpillé sans vraiment chercher à aller au bout des choses (sans spoiler, Giorno a bien évidemment des origines avec les Joestar mais ça ne sera jamais utilisé ni même mentionné. JA-MAIS. Du début jusqu'à la toute fin, pas une seule fois on estimera que ça aura de l'importance pour l'histoire, parce que tout le monde, à commencer par Giorno lui-même, s'en contrefiche littéralement) et ça donne une sorte d'anime de baston hyper classique où on se fait trimbaler de combat en combat sans plus de raison et sans réelle saveur au bout du compte. On notera cependant les quelques scènes rajoutées ou légèrement modifiées par rapport au manga qui sont apparemment de bons ajouts selon les dires (je n'ai pas lu la version papier donc je ne peux pas juger), permettant de mieux expliciter certains pans de l'histoire, ce qui n'est pas plus mal.

Une expérience en or ?

Pour conclure, je reprendrai une phrase lue sur le net qui a particulièrement raisonné en moi :

« Golden Wind passe beaucoup mieux à partir du moment où l'on se dit qu'il s'agit de l'histoire de Buccellati et non de Giorno. »

Et c'est là tout le problème.

En effet, tout tourne autour de Buccellati, qui est un personnage excellent de bout en bout, alors qu'on est censé regarder l'anime de "JoJo's" Bizarre Adventure. La portée des actions de Giorno sur l'histoire et son implication dans celle-ci ainsi que dans celles de ses ancêtres est tellement infime qu'on en vient à se demander pourquoi on suit son point de vue, ce qui fait perdre toute sa crédibilité à l'arc alors même qu'il a un véritable potentiel mais n'a pas su le traduire à travers ses personnages et/ou son intrigue inconsistante.

En effet, on attendait ce nouveau JoJo au tournant, mais Golden Wind, en dehors de cet aspect "jojoesque" justement, n'apportera finalement rien de plus à l'univers et à son histoire, ce qui le rendra d'office anecdotique en tous points comparé à ses compères.

DuotakunoSora
5
Écrit par

Créée

le 27 août 2023

Critique lue 61 fois

1 j'aime

Duotaku_no_Sora

Écrit par

Critique lue 61 fois

1

D'autres avis sur JoJo's Bizarre Adventure : Golden Wind

JoJo's Bizarre Adventure : Golden Wind
Supmad
9

The Italian Dream

Cette cinquième saison, qui adapte la cinquième partie du manga, de Jojo's Bizarre Adventure est comme la précédente : quasi-parfaite. David Productions a trouvé le format parfait pour créer animé...

le 13 août 2019

6 j'aime

Du même critique

GhostWire: Tokyo
DuotakunoSora
6

Seul dans Shibuya

Accueillons avec joie cette fin, qui marque l'avènement d'un nouveau commencement !Un mystérieux brouillard s'abat sur le quartier de Shibuya.Dès que quelqu'un est touché par la brume, il disparaît...

le 23 mars 2023

3 j'aime

Platinum End
DuotakunoSora
3

Un duo culte livrant une œuvre oubliable et mauvaise au possible

Je suis venue pour te rendre heureux mais j'ai échoué... Mirai est un garçon dépressif. Alors qu'il est sur le point de se suicider, il va être sauvé par un ange appelé Nasse et recevra trois...

le 15 oct. 2021

3 j'aime