Quand la magie devient aussi british que le thé à 17h

Jonathan Strange & Mr Norrell, c’est un peu comme si Jane Austen avait décidé de se lancer dans une aventure magique, où les sortilèges se pratiquent avec autant de flegme que l’art de choisir le bon chapeau. On est dans l’Angleterre du 19e siècle, une époque où la magie est considérée comme une vieille légende poussiéreuse, jusqu’à ce que deux messieurs – Jonathan Strange et Mr Norrell – débarquent pour secouer tout ça. Mais oublie les baguettes façon Harry Potter ou les explosions à la Doctor Strange : ici, la magie est soignée, raffinée, et on dirait presque qu’elle est sortie d’un manuel de bonnes manières.

Mr Norrell, c’est un magicien aussi méthodique qu’un comptable. Il veut rendre la magie respectable, rangée, bien propre sous toutes les coutures. Le type pourrait probablement écrire un essai de 500 pages sur comment lancer un sort de lumière sans que ça dérange qui que ce soit. De l’autre côté, tu as Jonathan Strange, l’esprit libre, l’homme de l’instant qui balance ses sorts comme il balance ses idées : avec un brin de folie et beaucoup d’improvisation. C’est un peu la bataille entre le conservatisme et la créativité, sauf qu’ici, les enjeux incluent des invocations surnaturelles et des créatures sorties tout droit de contes terrifiants.

Visuellement, la série est une véritable carte postale de l’Angleterre. Des manoirs imposants, des paysages brumeux, des salons feutrés où les gentlemen discutent entre deux tasses de thé. Tout est léché, élégant, et ça te donne presque envie de sortir ta meilleure porcelaine pour suivre l'intrigue en buvant ton Earl Grey. Mais ne te laisse pas tromper par l’ambiance de salon de thé, parce que derrière les discussions polies, il y a des conspirations, des pactes faustiens et des esprits vengeurs prêts à semer le chaos.

Là où Jonathan Strange & Mr Norrell brille, c’est dans son ton unique. C’est une série qui prend son temps, où la magie est autant un art subtil qu’un moyen de tordre la réalité. Les effets spéciaux sont discrets mais efficaces, tout est dans la suggestion. Pas de grandes batailles épiques, mais plutôt des moments où l’ambiance devient étrange et inquiétante, avec une touche de folklore anglais qui te fait frissonner. Les moments de tension montent doucement, comme l’eau qui bout, et tu te retrouves souvent à te demander si un simple geste de la main ne va pas tout faire basculer.

Les personnages, eux, sont aussi complexes que des énigmes. Mr Norrell, avec son obsession maladive pour le contrôle, et Jonathan Strange, avec son esprit aventureux mais parfois imprudent, forment un duo aussi complémentaire que dysfonctionnel. Leur relation est le cœur de la série, un mélange d’admiration, de rivalité et d’incompréhension qui te fait te demander à chaque instant qui des deux va vraiment tirer son épingle du jeu.

Mais soyons honnêtes, Jonathan Strange & Mr Norrell peut parfois sembler un peu lent. Si tu t’attends à de l’action à tout-va, tu risques de te retrouver à attendre un moment avant qu’un sort ne soit lancé. La série préfère la construction de son univers, le développement de ses personnages, et l’atmosphère pesante d’un monde où la magie est aussi rare que les vérités simples.

En résumé, Jonathan Strange & Mr Norrell, c’est un cocktail original de drame historique et de magie occulte, avec une dose d’humour très british et des dialogues bien ciselés. Ce n’est pas un feu d’artifice magique à chaque épisode, mais une lente montée en puissance où les enjeux se révèlent petit à petit. Si tu es prêt à savourer la magie comme on savoure un bon roman victorien, avec des mystères qui se dévoilent au compte-gouttes, alors prépare ta tasse de thé et plonge dans cet univers unique.