Après un visionnage de la saison en une seule soirée, je livre une petite critique assez simple. Tout d’abord, je précise que je n’avais aucune attente vis-à-vis de la série car le combo Jurassic World + série animée pour gosses ne m’attirait pas du tout, tout comme la description des personnages principaux, et les bandes annonces n’ont fait que confirmer mes craintes.
Commençons par le positif :
— Au milieu du festival de cringe que sont les premiers épisodes, les scènes avec Darius chez lui se distinguent de par leur qualité car étant axées sur le drame et son développement de personnage et non sur de la comédie lourdingue comme les scènes sur Nublar. L’idée de l’accès à Jurassic World et Camp Cretaceous en tant que récompense pour avoir réussi le jeu en réalité virtuelle m’a rappelé le recrutement d’Eli Wallace par le SGC au tout début de Stargate Universe.
— A partir du début de la première moitié, la série devient meilleure et un peu plus mature dans son écriture et son déroulement (comme si on avait secoué les showrunners et les scénaristes), à tel point qu’elle ne semble plus être destinée aux jeunes enfants mais plutôt aux jeunes ados. Certaines scènes un peu débiles restent malheureusement (telle que celle du généticien Eddie abandonné dans le labo en la seule compagnie de son gâteau d’anniversaire).
— Quelques scènes d’actions et de tension pas trop mal dans la seconde partie avec un cache-cache au milieu des containers avec l’Indominus, un passage dans les tunnels qui pourra rappeler à certains le jeu point and click de Telltale sorti en 2011, une attaque de monorail par les ptéranodons qui aurait mérité un traitement en live-action ainsi qu’un climax dans un entrepôt où les protagonistes doivent se servir de leurs méninges pour vaincre le carnotaure et s’échapper du réseau souterrain. Au sujet du carnotaure, on notera une référence paléontologique sympa avec la difficulté de l’animal à négocier les virages malgré sa grande vitesse.
— La VF est étonnamment pas mauvaise, à part pour un ou deux persos où la performance du doubleur est un peu fade, et je dirais même qu’elle est limite mieux que celle des films Jurassic World.
— De tous les personnages, Roxie est celle qui est la plus réaliste, responsable et sensée (et aussi la seule tolérable dans les premiers épisodes).
Et à présent le négatif :
— Au sujet de la musique originale, je n’ai retenu aucun thème malheureusement. Mais bon, sachant que j’ai eu le même problème lors de mon visionnage de The Witcher (dont je n’ai pas aimé la saison 1 mais plutôt bien apprécié la BO après une écoute séparée), j’attendrais de trouver la BO et de l’écouter à tête reposée avant de la critiquer plus en détail.
— Les premiers épisodes sont une pantalonnade totale avec une succession de débilités en tout genre avec la bande de bouffons stéréotypés que sont les gosses qui font des conneries dès leur premier jour, conneries qui relèvent du Darwinisme inversé (la survie des plus idiots comme dirait Grant dans Jurassic Park 3) et m’ayant donné de distribuer des tartes de daron et de les envoyer au peloton d’exécution (pour les crimes de dégradation du matériel et surtout de mise en danger involontaire des dinosaures et des employés) ; la violation de règles d’hygiène et de sécurité en vigueur dans nombre de parcs à thème et de laboratoires de par le monde lors des différentes activités (vas-y que ça se balade dans le labo et touche à tout en toute dissidence ; que ça fasse de la tyrolienne en passant à ras de brachiosaures…) ; l’animateur Dave qui s’adresse à Wu comme si c’était son pote alors que Wu est un haut cadre de la compagnie et quelqu’un de célèbre et respecté dans l’univers ; Wu dépeint avec la subtilité d’une grosse otarie bourrée à la bière (avec ses mimiques et son attitude de méchant de James Bond, on crame direct que c’est un méchant) ; des scènes d’action cartoonesques (bordayl ce Parasaurolophus qui bondit comme un kangourou du toit d’une jeep qu’il n’a miraculeusement pas écrasé sous son poids) ; les employés et la sécurité du parc aux fraises (on entre si facilement dans le réseau souterrain du parc que les rivaux d'InGen pourrait y organiser des raves partys à leur nez et barbes; Darius et Kenji laissé sans surveillance au milieu de la jungle alors qu’ils sont supposés pelleter de la merde en guise de punition) ; les dinosaures qui passent eux aussi pour incompétents pour échouer à tuer les gosses alors que de telles situations dans la vraie vie ou dans les premiers films n’auraient pas pardonné ou que de justesse et à un prix.
— Malgré les épreuves traversées, les gosses ne semblent jamais traumatisés ou du moins assez secoués comme les Murphy, Kelly Malcolm ou Maisie l’ont été dans JP, TLW et FK respectivement car ici, ils semblent être sur le choc un instant ou deux avant de se recommencer à se chamailler ou à faire des blagues une fois le danger écarté.
— A la fin de la scène de l’attaque du monorail, j’ai cru que les scénaristes avaient eu les couilles de
tuer Ben
et j’aurais salué cette décision narrative et accorder davantage de respect à cette série pour gosses si on n’avait pas eu la révélation à la fin que
il était toujours en vie
Au final, on a juste eu une autre situation à la Billy Brennan (qui a survécu on ne sait comment aux ptéranodons dans Jurassic Park 3)
— Bumby ne sert à que dalle dans cette saison à part faire vendre des jouets et être la caution mignonitude de la série (et encore c’est relatif, ses plans rapprochés, ainsi que la tronche de violeuse qu’a Brooklynn dans l’épisode 2, m’ont beaucoup fait plus flipper que les attaques de prédateurs en deuxième partie de saison). Et son rythme de croissance est complètement aux fraises et WTF car elle éclot dans l’épisode 2 avant de réapparaitre dans l’épisode 5 je crois, se déroulant deux jours plus tard, où elle fait déjà la taille d’un bouledogue. Et la scène où elle chiale alors que les gosses sont virés du labo est d’un ridicule…
— Hormis dans les scènes d’action et de tension mentionnées dans la catégorie des points positifs, l’utilisation et la représentation des dinosaures est soit anecdotique, soit WTF avec les sinocératops presque aussi doux que des agneaux (essayez de faire avec un rhinocéros ou un hippopotame ce que les gosses ont fait avec le sino dans l’épisode 3, histoire qu’on se marre un peu). Je ne suis pas fan non plus des Parasaurolophus bioluminescents et de leur scène. On aurait qu’ils ont voulu copier l’attraction Na’vi River Journey du parc Animal Kingdom à Orlando, avec des paras semi-aquatiques dignes de certaines représentations dépassées du siècle dernier.
— Visuellement parlant, l’univers et la direction artistique sont pauvres. La jungle a la même gueule partout sur l’île (des arbres de taille moyenne relativement éloignés les uns des autres avec un sol couvert d’herbes) et les décors de cette dernière ne sont jamais intimidants alors qu’Isla Nublar et Isla Sorna étaient d’une certaine manière des entités à part entière dans les films, suscitant parfois l’inquiétude, du moins dans la trilogie originale et Fallen Kingdom. Le parc fait vide aussi, même avant l’évacuation, (d’ailleurs il n’y a qu’une scène avec un grand nombre de personnes et ces derniers semblent partager toute le même modèle et la même animation en plus d’être floues pour cacher la misère) et on y croit pas tellement que rien ne grandiose ne ressort des lieux visités (sauf l’éponyme Camp Cretaceous à la rigueur) et que tout y est si fade, même les employés qui semblent avoir tous la même corpulence, tranche d’âge et comportement sauf quelque exceptions.
— Pour finir, abordons la cohérence vis—à—vis du film Jurassic World, duquel cette série est supposée être un interquel canon. Alors certes il y a plusieurs clins d’œil aux événements de ce dernier (l’hélicoptère de Masrani est vu plusieurs fois, les gamins prennent le van de l’Unité de Confinement des Actifs, la présence de la gyrosphère détruite de Zach et Gray ainsi que de l’ankylosaure tué par l’Indo…) ainsi qu’aux autres matériaux de la franchise, dont JP3 et le site Masrani Global, en mode « T’as vu j’ai fait mes devoirs ! » pour brosser les fans dans le sens du poil. C’est une chose de faire des références au reste de la saga et c’est facile même, mais c’en est une autre d’en faire autre chose que du fan-service. Et malgré tout ça, Camp Cretaceous a son lot d’incohérences vis-à-vis de Jurassic World. Je ne vais pas toutes les lister car ce ne serait pas très intéressant mais entre-autres on a la mention de clôtures ayant cédé dans tout le parc alors que rien de tel ne se passe dans JW (on a l’impression qu’ils ont mélangés les incidents JP et JW) ou du moins pas à cette échelle ; les gosses qui visitent un labo au nord du parc qui fait doublon avec le laboratoire du Centre de l’Innovation où Wu avait même son labo secret ; les environs du lagon du mosasaure qui semblent vides en fin d’après-midi alors que chronologiquement parlant, c’est sensé se dérouler juste après l’attaque des ptérosaures (et que donc la zone devrait grouiller d’employés en train de chercher d’éventuels visiteurs retardataires ou même, des caméras auraient peut-être dû les repérer.) et pourquoi ces andouilles de gosses n’ont pas eu le réflexe d’aller aux hôtels après leur épreuve avec le mosasaure au lieu de glander dans les gradins jusqu’au coucher du soleil, hôtels où se trouvent des visiteurs jusqu’à assez tard dans la nuit d’après le film Jurassic World ?
Bref, Camp Cretaceous a beau s’être secoué les puces à la mi-saison et la qualité des épisodes s’est améliorée petit à petit mais l’ensemble reste néanmoins médiocre et le visionnage de la série est honnêtement assez dispensable, surtout si vous avez été déçu par les films Jurassic World. Certains me diront surement que je suis dur avec une série pour les gosses mais en soit le fait que ce soit pour les gosses n’excuse en rien certains défauts tel que le manque d’ambition dans la direction artistique, l’humour merdique ou les moments wtf. Qu’une œuvre soit pour adultes, tout public, ou pour enfants, l’investissement créatif et la qualité du travail doivent rester les mêmes.