Encore heureux qu'on se soit pas fait construire un buffet à vaisselle !
Ce qui aurait donné "Arthur et les chevaliers du buffet à vaisselle". Tout de suite, ça a moins de classe.
Kaâmelott, c'est une série que j'ai découvert en pointillé, en regardant quelques épisodes par-ci par-là, dont celui - qui restera bien gravé dans ma mémoire de poisson rouge - sur la poésie et son roseau pliable, sa frisottée moustache et son gai pinson. Ceci dit, ce n'est pas l'épisode le plus mythique de la saga. D'autres décrochent largement la palme (La tarte aux myrtilles et Le petit monde d'Arthur font partie de mes préférés), avec leurs répliques cultissimes qui vous décrochent immanquablement un sourire quand vous y repensez.
Parce que oui, Kaâmelott, c'est ça. Une suite d'épisodes très courts (au début) regorgeant de situations absurdes au possible, où on découvre un Arthur de Bretagne qui se débat avec toute une équipe de bras cassés, plus ou moins inoffensifs. Des épisodes aux dialogues ciselés, où les tirades filent à toute allure, égrénant les phrases mémorables à plein régime. Tous ne demeurent cependant pas en mémoire vu leur nombre conséquent lors des quatre premières saisons. Néanmoins, il y en a suffisamment d'excellents pour que cette série soit devenue incontournable.
A noter toutefois que toutes les saisons ne se valent pas. Les deux premières jouissent de l'effet de surprise et sont très bonnes alors que la troisième présente un petit coup de mou (les engueulades à répétition ont même fini par me lasser), rehaussé par le double-épisode final. C'est d'ailleurs à partir de celle-ci qu'une intrigue sous-jacente se met en place, là où les deux premières saisons présentaient des épisodes que l'on pouvait voir dans le désordre sans souci de compréhension. La quatrième est poussive par moment et accuse quelques longueurs, mais j'aime beaucoup le petit gars qui s'occupe de surveiller l'entrée du camp de Lancelot. La cinquième m'a déplu au premier visionnage : les épisodes font ici une cinquantaine de minutes et le sujet abordé est assez dur, le tout noyé dans une ambiance sombre amplifiée par la photographie virant souvent au bleu foncé. Elle passe mieux la seconde fois, lorsque l'on sait à quoi s'attendre. La sixième est à contrario excellente avec un finish qui vous laissera sur votre postérieur.
Les personnages sont nombreux mais tous ont un caractère bien défini qui fait que chacun a son petit chouchou. Personnellement, j'en ai toute une flopée : Léodagan en tête, suivi de Perceval, Venec et du tavernier, avec un petit faible pour Galessin. Le premier, le beau-père d'Arthur, est génialement odieux (ou odieusement génial) en Roi de Carmélide brutal, amateur de bûchers, de catapultes et de tortures en tout genre, avare et vénal. Perceval est lui particulièrement touchant dans son rôle d'idiot du village, naïf et généreux. Venec, quant à lui, est un petit malfrat prêt à toutes les combines pour s'en mettre plein les poches mais qui reste étonnamment très droit dans ses bottes. Le tavernier - qui n'a pas de nom - est le roi des astuces bancales pour essayer de gonfler son chiffre d'affaire, avec un phrasé très particulier. Et Galessin, duc d'Orcanie, est un je-m'en-foutiste de première, souvent à côté de ses pompes et surtout à côté de celles du Roi. Je pourrais également rajouter Séli qui, avec Léodagan, forme le couple le plus véreux de toute la Bretagne : orgueilleux, ambitieux et cupides, ils se tirent aussi bien dans les pattes qu'ils s'entraident, tout en essayant tant bien que mal de dresser leurs enfants (Guenièvre et Yvain).
Pour ce qui est de la justesse historique, je laisse ça aux experts. Ce n'est pas ce que je recherche quand je regarde une série de ce genre. S'il y a des erreurs - et il y en a, parfois volontairement -, elles n'entament en rien le plaisir que l'on a à voir et revoir ses épisodes favoris et à redécouvrir ceux que l'on avait oublié.
Attention cependant, préparez-vous un petit frichti lorsque vous la regarderez (un peu de singe par exemple) parce que cette série a un don certain : celui de vous donner faim. Aucun autre spectacle télévisuel ne vous donnera autant envie de vous jeter sur un saucisson, un bol de radis ou un quignon de pain. Vous êtes prévenus.