Kaamelott par Adora63

Subtil foutage de gueule, Kaamelott détourne l'image héroïque des Chevaliers de la Table Ronde. Ils sont faux, imposteurs, incapables ou simplement bêtes à manger du foin. Le jeu du cul-de-chouette de Perceval ou les techniques de combat aux légumes sont probablement les meilleurs exemples de ce détournement. Ok c'est vrai on se marre pendant quatre saisons complètes, parfois même on prend des fou rires, on ressort les blagues à ses potes, certaines deviennent des délires... Même si s'enchaîner les quelques 400 épisodes est un peu redondant à la fin, on prend quand même son pied devant une série intelligemment stupide.

Puis vient le Livre V. Et là tout le monde se demande si Alexandre Astier se fout de notre gueule ou s'il a pété un câble. Humour raté ou mal assumé ? Histoire qui se veut plus profonde ? Série qui perd son essence première ? Non. Ce livre est certes plus sombre, mais on comprend plus tard que c'est une transition vers l'ultime chapitre. Mais pour comprendre ça, il faut être patient, il faut mériter d'avoir vu la fin, il faut être courageux et prendre le temps de comprendre, d'être curieux.

Et là arrive le chef d’œuvre. Vous vouliez rire ? Pleurez maintenant de connaître l'histoire. D'aucuns diront que "Kaamelott c'est pas ça, Kaamelott c'est drôle". Oui c'est drôle, mais d'un rire grinçant, tout au long de la série. Alors le Livre VI ne déroge pas à la règle. Ceux qui n'aiment pas la dernière saison parce qu'on ne se poile pas n'ont peut-être pas compris qu'une bonne série n'a pas qu'un seul visage, que le but d'une œuvre est de surprendre et non toujours de préparer à une fin évidente. On a le droit de ne pas aimer ou d'être perturbé bien sûr. Mais il est tellement plus difficile et du coup plus enrichissant d'essayer de ne pas se contenter d'une série-soupe classique, avec une fin prédéfinie, pseudo-heureuse, banale. A l'image de Lost ou de Six Feet Under qui changent plusieurs fois de tons, les surprises de ce genre font pour moi les grandes séries. Arthur est un héros qui se bat "pour rétablir la dignité des faibles", mais pas un homme parfait de conte.