Avec sa 3D Leaderprice et son rythme à la Derrick sous amphèt', KADO : The Right Answer aurait pu n'être qu'un énième pétard mouillé à la nippone, un Evangelion du pauvre sans robots géants, ni traumas, juste des bishonen qui s'astiquent mutuellement la cervelle "en toute amitié", sur fond de philo "café du commerce".
Sauf qu'à l'heure du bilan, les chiffres ne trompent pas. 12 épisodes et quelques et pas une seule culotte à l'horizon, pas un seul "oni-chan kawaiii !", pas une seule tsundere, pas de putains d'oreilles de chat en plastoc, pas de bestiole mignonne, pas de guignol à cosplayer, à peine une scientifique pas très N.E.E.T., et encore, c'est justifié par l'histoire, alors on fermera les yeux sur ce presque-cliché.
En lieu et place, je vous le donne en mille : des dialogues. Beaucoup. Mais pas trop. Et dans ces dialogues "plus grands à l'intérieur", ô surprise, cerise sur le gâteau, de petites pépites d'intelligence qui stimulent sans simuler. Au point que sur le moment, on peine à y croire.
On regrettera, bien sûr, que la politique-fiction des débuts et son regard critique (légitime) sur ceux qui nous gouvernent et leurs enfantillages institutionnels soit finalement mis de côté pour prendre un virage plus classique (dans son non-classicisme), plus éso-technologique, car il y avait plusieurs saisons à faire rien que sur la base du postulat initial.
Pour autant, à une faute de goût près (qui n'en est pas vraiment une - si ce n'est sur le moment), KADO est sans conteste l'oeuvre de science-fiction la plus réjouissante et la plus cérébrale de ces dernières années, tous médias confondus, écrite avec un sens de la formule, une compréhension de certains concepts "élevés" et une maturité comme on en voit trop peu (à plus forte raison dans le champ de l'animation japonaise).
Et alors qu'on redoute à chaque instant le moment fatidique où la série va se prendre les pieds dans son tapis multidimensionnel, elle réussit l'exploit de vite se rétablir après un unique et dérisoire demi-faux pas, pour continuer sur sa lancée d'excellence jusqu'à un final absolument parfait (décrié par le grand public, c'est bien la preuve). Simple et complexe, tout à la fois. La Bonne Réponse.
Exploité à 100%, le propos de KADO aurait pu aboutir en une oeuvre majeure, dense, interminable, mais en l'état, la série reste un vibrant exemple de ce que l'imaginaire humain a de meilleur à proposer : une jolie fable ambigüe sur le progrès et sur l'identité, pleines de grands mots comme "anisotropie" ou "fregonics".
Sous ses airs de petit animé à caser entre deux pubs Gulico : un bonheur de divertissement grand comme l'univers.