Si l’animation japonaise reste une question de sensibilité et de préférence comme tout domaine artistique, recommander ou déconseiller des animes peut dès lors très vite présenter des limites. Néanmoins il existe de rares œuvres tellement uniques dans leur propos ou réalisation, qu’elles mériteraient à mon avis le qualificatif « incontournable ». Sans surprise, Eizouken appartient à celle-ci. Peu importe notre appréciation de l’anime, dès lors qu’on s’intéresse un minimum à la Japanimation, Eizouken trouvera forcément une place unique et résonnera en nous.
« Il est possible de retrouver tous mes avis sur mon site dans une présentation bien plus agréable à lire. Divers avis d’animes de saison, tests de jeux vidéo, articles spécifiques et bilans saisonniers collectifs sont publiés. Lien de l’article :
https://www.fuwafuwanosora.com/animes/avis/keep-your-hands-off-eizouken2/
Ceci étant dit, bonne lecture. »
Keep Your Hands Off Eizouken explique de manière divertissante la conception et production d’un anime. Eizouken se présente ainsi comme une porte d’entrée dans l’animation japonaise, ouvrant de nouveaux horizons auxquels on n’avait jamais fait attention, ou bien comme un complément bienvenu à notre culture. Toutes les étapes essentielles de fabrication d’un anime allant de la pré production (projet, scénario, storyboard) à la production (layout, animation, décor, compositing) jusqu’à la post-production (montage, mixage son, finalisation) et même la vente vont être développées dans cet anime de douze épisodes.
Eizouken arrive à aborder tout cela de manière accessible, pédagogique, suffisamment détaillée sans tomber dans la complexité. Aussi bien les séquences dans la réalité que dans l’imaginaire des trois lycéennes intrigueront et interpelleront à plusieurs reprises. La conception d’un robot par exemple m’a marqué. L’analyse du mouvement m’a scotché dans l’épisode 07, c’était très émouvant. Chaque épisode a son lot de points enrichissants et captivants. L’anime attire aussi le regard sur l’importance de l’équilibre nécessaire entre la technique/physique et laisser libre cours à l’imagination lors de la création d’animation.
Au-delà de cet aspect instructif, Eizouken émerveille et motive le public à créer. Développez votre esprit créatif, exprimez-vous, réalisez ce qui vous tient à cœur, allez jusqu’au bout et n’abandonnez-pas (…) sont des messages puissants et simples qui imbibent cette œuvre. L’anime pousse à faire et à aller de l’avant. C’est exaltant et émoustillant.
Keep Your Hands Off Eizouken arrive aussi à charmer le public en jouant sur la corde sensible et la nostalgie. Les références à de vieux films, à des personnalités connues ou à des animes ayant marqués leur décennie comme Gurren Lagann feront plaisir.
Même si les thèmes sont intéressants et l’intention louable, un tel anime ne peut convaincre le public si son casting n’emballe pas. Heureusement là encore, ce groupe composé de Midori, Tsubame et Sayaka est étonnant et sans pareil. La conjugaison des trois personnalités provoque une explosion de discussions et de séquences qu’on se plait à regarder. D’un côté, on a ce monstre d’imagination et de technique qu’est Asakusa partant toujours dans des délires en s’inspirant de la réalité et d’un autre Sayaka qui tempère tout cela. Le comique est maîtrisé. Les dialogues sont bien ciselés.
C’est extravagant et dépaysant. Les scènes de tranche de vie plus terre à terre, détachées du sujet de l’animation, restent très plaisantes. Je pense que c’est le mot, le public s’amuse et passe un agréable moment. On apprécie cette atmosphère positive et égayante. L’anime est généreux et on se plait à suivre le quotidien des jeunes lycéennes et à les découvrir au fur et à mesure de l’anime.
Le travail mené par Yuasa et son studio est envoûtant tant les séquences en général sont enrichies de caractère et de réalisme. La production évite pas mal de raccourcis pris par l’animation en général et propose beaucoup plus d’articulation de mouvement. A l’inverse, le travail réalisé par le club lycéen Eizouken est plus brute mais marque d’autant plus. En effet, à force de voir des animes, le public est habitué à une « production lisse » et non pas au stade préliminaire. Ces séquences frappent et captivent. L’utilisation de l’espace dans l’anime est intéressante. Les concept art et diverses illustrations/séquences donnant l’illusion d’aquarelle sont attirants. Le public a véritablement l’impression d’être dans les dessins. En d’autres termes, cette production est originale, soignée et bien animée.
Conclusion : Un splendide coup de crayon inspirant et respectable
Prendre le pari de porter un manga inconnu et singulier devant le public afin d’en faire une illumination en cet Hiver n’est pas surprenant vu le staff. Cette adaptation rappelle le pouvoir évocateur de l'animation et sa nature comme une extension de notre imagination. De part son ambiance enjouée, sa portée louable et une passion déversée à chaque épisode, l’œuvre aura frappé directement et sans artifice la peluche que je suis.