Une histoire de pente, de toit et de jazz.
Dire que Kids on the Slope, ou plutôt Sakamichi no Apollon, était attendu est un euphémisme ! En effet, cet anime n'est autre que la première réalisation de Shin'ichiro Watanabe depuis Samurai Champloo ! L'immense réalisateur de Cowboy Bebop revient, et il est bien accompagné puisqu'on retrouve également à la musique Yoko Kanno, des Seatbelts, qui avait réalisé entièrement la bande originale dudit anime. Quand on sait que le thème de Kids on the Slope n'est autre que le jazz, il y a de quoi laisser rêveur !
Adapté du manga du même titre, de Yuki Kodama, l'anime reprend fidèlement les ficelles de l'histoire. Dans les années 60, Kaoru, un élève brillant et taciturne, rentre au lycée dans une ville qu'il ne connaît pas. Très vite, il va sympathiser avec Sentaro, un garçon un brin tapageur, qui va l'emmener dans l'univers du jazz. Le premier au piano, le second à la batterie, on va tout au long des 12 épisodes qui composent la série voir leur relation se développer et leur jeu s'améliorer de plus en plus. Véritable ôde à l'amitié, cette japanimation présentait tous les bons arguments pour devenir un nouvel anime culte de Watanabe, bien que celui-ci se serait éloigné de son genre de prédilection.
Mais il y a un hic, en la personne de Ritsuko. Troisième chaînon du trio de héros, la demoiselle va vite se retrouver au centre des épisodes, prenant une place démesurée dans l'intrigue. Kaoru l'aime mais elle aime Sentaro mais Sentaro aime Yurika mais Yurika aime Junichi, mais Junichi s'en bat les steaks et est blessé dans son amour propre parce que blablabla.
Si le sujet avait été traité intelligement, si la niaiserie n'avait pas occupé une place prépondérante dans les réactions de la majorité des protagonistes, on aurait pu oublier ce facheux incident de parcours, mais malheuresement, le sort en a décidé autrement. Il faudra donc vous armer de patience pour traverser certains épisodes blindés de questionnements à deux balles dignes de l'esprit d'une gamine de 13 ans. Heureusement, tout cela tend à s'améliorer sérieusement vers les derniers épisodes, pour finir par offrir un final grandiose.
Cependant, même si il serait facile d'assimiler cette série à un énième shojo sans saveur, ce serait passer outre la quantité de qualités de cet anime. Tout d'abord, l'animation est d'une beauté ahurissante, et encore, elle double en qualité quand les personnages se mettent à jouer ! Car oui, le jazz est toujours là, trop souvent en retrait, mais bel et bien en toile de fond, à commencer par la bande originale, composée essentiellement de reprises de grands standards du jazz (Moanin' et Someday my Prince will come en tête d'affiche) mais aussi de jam, de boeuf sur les dites musiques, et quel bonheur, quel pied ! Que dire de ce concert dans l'épisode 7 qui m'a foutu une adrénaline pas possible, ou encore dans l'épisode final, le tout dernier échange musical ?
De plus, la série baigne dans une ambiance très particulière et pour le coup assez original, puisque le Japon des années 60 n'est que très rarement exploré ! On entend donc parler des révolutions étudiantes à Tokyo, la ville est encore très traditionnelle... Et cela se ressent également par la palette de couleurs choisies, donnant un aspect vintage à l'anime.
Mon erreur lors de mes premiers visionnages était donc de m'attendre à une nouvelle série de la trempe de Cowboy Bebop. Parce que Watanabe prend ici un virage à 180° et s'amuse tranquillement avec le jazz, dans cette série qui demande qu'on prenne son temps pour se faire apprécier. Loin d'être la bouse que je prédisais au bout de quelques épisodes, on en ressort malgré tout avec un souvenir sympathique, et plutôt nostalgique, à l'image de l'entièreté de la série, basée au final sur les rapports humains et les souvenirs.