Lullabys of Birdlands.

Publié entre 2007 et 2012 dans le magazine Monthly Flowers, le manga Kids on the Slope de Yuki Kodama devient, à partir de 2012, un anime produit par MAPPA et Tezuka Productions. Les douze épisodes sont confiés au génial Shinichiro Watanabe, Yoko Kanno s'occupant de la bande son et Nobuteru Yuki du design des personnages.

Pris séparément et mal dosés, les divers éléments composant Kids on the Slope aurait pu donner un mélodrame larmoyant et cucul la praline, apte à faire pleurer les midinettes dans les chaumières. C'était sans compter le talent de Watanabe et de son équipe, qui parviennent in extremis à un petit miracle d'émotion d'une justesse à toute épreuve.

En délaissant momentanément ses univers si particuliers, ses mélanges aussi improbables que jouissifs, Shinichiro Watanabe touche directement au coeur, à l'être humain, accouchant de son oeuvre la plus touchante à défaut d'être originale. Le réalisateur ne cherche à aucun moment l'esbroufe, ne cherche pas à révolutionner quoique ce soit ou à en mettre plein les yeux, mais se contente au contraire de revenir à l'essentiel, à savoir le récit et ses personnages.

Tout à la fois nostalgique et parfaitement lucide sur l'époque qu'il met en scène, décrivant autant son mode de vie que les évènements sociaux et politiques qui la caractérisait, Kids on the Slope nous familiarise avec des personnages immédiatement attachants, car bourrés de failles, complexes et proches de nous. Si les premiers temps peuvent laisser craindre quelques clichés, une profondeur insoupçonnée vient rapidement remettre les pendules à l'heure.

Illustrant les premiers émois amoureux comme les rêves ou les espoirs d'une époque compliquées, se remettant à peine d'une amère défaite mais s'efforçant de braquer son regard vers l'avenir, Kids on the Slope laisse également une grande place à la musique, au jazz tout particulièrement. Rendant un bel hommage à ses plus illustres représentants (chaque titre d'épisode provient d'un morceau), Watanabe ne se contente pas d'utiliser les sonorités comme un simple fond ou un gimmick roublard, mais bien comme une façon de mettre en lumière la psychologie de ses héros.

Derrière son apparente simplicité, Kids on the Slope est également une réussite technique proprement ahurissante, le travail sur l'animation étant franchement incroyable, qu'il s'agisse des mouvements des protagonistes, de leurs expressions et surtout, des séquences musicales, restituant avec force et émotion la puissance de la rythmique et de la mélodie.

Loin d'être une sucrerie à destination des gamines romantiques, Kids on the Slope est au contraire une oeuvre d'une grande justesse, une histoire d'amitié extrêmement touchante et mélancolique, parfois drôle, parfois triste, mais qui vous laisse sur un petit nuage musical tout en vous collant de sacrés frissons. Une belle surprise d'une force tranquille qui mérite toute votre attention.