Kids on the Slope, ou la troisième œuvre animée de Shinichiro Watanabe, l’auteur du cowboy de l’espace, le conteur de la vie du samurai d’Edo. Avec Kids on the Slope, il prend, une nouvelle fois, une nouvelle direction, une nouvelle approche, ne se reposant pas sur ses lauriers et nous offrant, à nouveau, quelque chose d’unique.
Kids on the Slope, c’est l’histoire d’amitiés qui se tissent, fragiles, entre Kaoru, nouvel venu à l’école, et Sentaro, un étudiant à la réputation de malfrat, entre Kaoru et Ritsuko, l’amie d’enfance de Sentaro. Le trio fonctionne particulièrement bien : chaque personnage à son propre intérêt, et sa propre histoire que, peu à peu, alors que les épisodes filent, nous apprenons par bribes, à travers des détails, et des expériences qui se répètent. C’est aussi l’histoire d’amitiés de longue date, qui sont mises à l’épreuve du temps, du changement et, surtout, de l’amour. Car, comme dans la vraie vie, celui-ci ne tarde pas à pointer le bout de son nez, pour taquiner tel personnage par-ci par là, blesser tel autre ici ou là-bas. Car l’amour de l’un pour l’autre ne signifie pas toujours celui de l’autre pour l’un. Si, au départ, il est bienvenue, cet amour, il prend cependant vite trop de place, et étouffe l’histoire pendant quelques épisodes qui font, temporairement, regrettablement, passer au second plan le jazz, jazz sur lequel l’animé avait pourtant mis l’emphase dès le premier épisode, alors que les yeux de Kaoru, pianiste aux goûts jusqu’alors classiques, brillaient de mille étoiles à sa première écoute de Sentaro le jouant à la batterie, ce fameux jazz. Le ton est donné, et la musique, dès lors, ne se dissocie plus de l’image et prend une place centrale, que ce soit pour les protagonistes, dont elle est leur passion, ou pour nous, spectateurs et, surtout, auditeurs, qui ne pouvons que l’écouter avec le même émerveillement que Kaoru.
L’atmosphère est des plus particulières. Sasebo, un petit village du Japon, dans les années 60. Couleurs et lumières sont des plus expressives: là, un reflet du soleil couchant, orange, sur l’eau qui, déjà, nous fait regretter la journée qui vient de se terminer ; ici, la lumière artificielle, jaune, trop jaune, de la cave où Kaoru et Sentaro jouent de leur instrument... De l’atmosphère, transpire un étrange sentiment, celui d’une mélancolie, de la nostalgie d’une époque qui ne s’est pourtant pas encore terminée pour nos protagonistes, celui d’une joie que l’on sent parfois partagée, parfois ignorée, par nos protagonistes. La réalité historique n’est pas délaissée : subrepticement, d’abord dans de petits détails ensuite dans des évènements qui, même s’ils ne nous sont pas montrés, ont tôt ou tard des répercussions sur la vie paisible de nos protagonistes, nous sont présentés les faits de cette période trouble, si déterminante pour notre présent.
La fin est des plus cruelles. Des rêves qui les habitaient, à l’âge de la majorité, aucun n’est resté. Le jazz, abandonné. Leur amitié, éloignée. La vie les a rattrapé et les a forcé, chacun, à vivre de son propre côté. Kaoru réussit dans la vie, mais échoue dans le bonheur. Ritsuko perd de vue ses deux amis qui lui étaient les plus chers. Seul Sentaro semble heureux, travaillant ce à quoi il voulait travailler, plus jeune. Leur retrouvaille, par la musique, est éphémère. On peut cependant se demander, vont-ils à nouveau se séparer ?