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Impossible de commencer à évoquer la série sans mentionner l’incroyable Phoebe Waller-Bridge, tête pensante à qui l’industrie télévisuelle doit beaucoup en ingéniosité, notamment dans son maniement de l’humour et dans sa modernité. Grâce à son implication scénaristique dans Killing Eve, le personnage de Villanelle a pu naître de façon inédite.
Haute en couleurs, aimant autant le luxe que les têtes coupées, cette anti-héroïne n’a pas de peine à rivaliser avec les héros les plus connus de la pop culture : Dexter et Walter White n’ont qu’à bien se tenir. Villanelle est subtile, fantasque, féminine et sanguinaire. Ce n’est pas une goutte de sang qui l’effraie, au contraire même, c’est une tueuse à gages qui remplit ses missions avec un atypisme excitant.
Alors que la première saison introduisait ce nouveau personnage phare, une tête plus connue des spectateurs répondait présente au casting. L’actrice Sandra Oh, l’inoubliable Cristina Yang dans Grey’s Anatomy, revête ici un tout nouveau rôle, bien plus ambigu. Elle est désormais Eve Polastri, agent secret travaillant pour les services britanniques. La force de récit est de créer deux antagonistes nourrissant au fil des épisodes une vraie alchimie, un lien extrême. Tellement extrême qu’il en devient obsessionnel pour les deux personnages comme pour le spectateur. La deuxième saison explore ce lien en profondeur, de même que les ravages qu’il provoque. Le dernier épisode se terminait d’ailleurs sur un évènement dramatique. Killing Eve n’est pas avare en tensions. La troisième saison est incontestablement la plus profonde en ce domaine.
Une nouvelle Villanelle ?
Villanelle (Jodie Comer) est un personnage qui n’a de cesse de se déguiser au gré de ses missions. Elle arbore multiples costumes mais dévoile également bons nombres de facettes de sa personnalité. Si les deux précédentes saisons dépeignaient un personnage fort, capable d’affronter un nombre de situations incalculables, cette troisième saison décide de plonger à grands sauts dans son passé. Qui est-elle vraiment ? Une tueuse, une psychopathe ou peut-être une victime, à son tour ? Victime d’un passé qui majoritairement, guide son présent.
Le rapport qu’elle entretient avec l’amour et avec le monde paraît souvent aussi irréaliste que passionné, ultime témoignage de son esprit perturbé. Même si elle est une anti-héroïne qui commet des meurtres à la chaîne, elle n’en est pas moins aimée du public. Aimer un personnage si meurtrier serait impossible sans lui offrir sa part d’humanité. Villanelle est humaine et pas seulement criminelle, malgré des actes clairement monstrueux. Cette saison-ci se garde bien de la placer en position supérieure avec toujours un coup d’avance. A contrario, elle devient elle-même une cible menacée par l’organisme pour lequel elle travaille. Jusqu’à présent le personnage trouvait également une satisfaction à commettre ses crimes, or, cette saison montre sa lassitude. Elle reste avec ces éléments, à l’image des deux précédentes : pleine de tempérament.
L’odyssée amoureuse se poursuit
Le propre d’une odyssée est d’être une grande aventure tumultueuse et mouvementée. Le terme est donc choisi sur mesure afin de qualifier cette relation si particulière qui évolue entre Eve et Villanelle. Entre la meurtrière et la justicière. Entre deux femmes attirées par l’interdit. Villanelle s’est attelé à pousser Eve aux bords de ses limites. La confrontant toujours plus loin dans le dilemme moral. Jusqu’ici Eve n’a eu de cesse de se voiler la face quant à l’intérêt réel et à la forme même de fascination qu’elle éprouve pour la criminelle qui ne recule devant aucun obstacle.
Villanelle quant à elle, se rapproche peut-être davantage d’une porte de sortie par rapport à ce qu’elle a toujours su être : une redoutable tueuse à gages. La scène finale du huitième épisode pousse un grade au dessus l’alchimie qui jusqu’à présent se faisait ressentir. Les deux antagonistes sont réunies sur un même pied d’égalité et doivent choisir quel tournant donner à leur histoire et plus encore, à leur vie.
Cette saison trois se situe comme la limite parfaite aux deux premières. Elle marque un tournant crucial et la fin de ce jeu du chat et de la souris qu’entretenait Villanelle et Eve. Les ouvertures et possibilités sont nombreuses pour la prochaine saison qui sera scénarisée par Laura Neal, scénariste déjà connue pour avoir travaillé sur une série phare de Netflix : Sex Education.