Avec cette 400ème critique, je décide d’écrire sur une série en changeant un peu mes habitudes. Bien qu’ayant un homonyme coréen faisant le buzz sur Netflix depuis le début de 2019, ce Kingdom est bien trop méconnu des sériephiles. Je tente de rendre justice à ses qualités avec ce petit papier. Il présente un univers assez underground se déroulant en Californie: celui des salles de combat et, par extension, du MMA.
Grâce à son premier rôle principal dans American Nightmare 2 obtenu en même temps que la diffusion de cette série, 2014 a été une année charnière dans la carrière de Frank Grillo. Ce dernier joue Alvin Kulina, une ancienne star du milieu tenant une salle de sport qu’il veut développer, avec la présence de ses fils (Nick Jonas-Nate Kulina / Jonathan Tucker-Jay Kulina) dont les tempéraments sont totalement opposés. Kiele Sanchez, une des seules présences féminines dans la première saison, interprète son associé (Lisa Prince) devant se faire respecter dans cet univers fortement testostéroné. Pour devenir une salle reconnue, ils vont devoir obtenir l’appui d’une ancienne connaissance sortie de prison (Matt Lauria-Ryan Wheeler) ayant une bonne renommée dans le MMA. On y retrouve même Bryan Callen (Cpt Frank Dashell dans Death Valley où il y a des zombies) jouant un promoteur un peu véreux, avec un certain humour.
La première saison pose les bases sur la « famille » Kulina dans le MMA et les difficultés rencontrées avec leur salle de sport. La deuxième apporte un éclairage intéressant sur la présence de combattantes féminines dans ce monde sportif, tout en densifiant les intrigues avec l’arrivée de nouveaux personnages joués par Natalie Martinez et Lina Esco. La troisième montre comment les personnages se remettent d’un traumatisme vécu dans la précédente avec des guest stars étonnantes : Talia Shire (Adrian dans Rocky) – un beau clin d’œil -, Dina Meyer (le temps d’un épisode) et Kirk Acevedo (Fringe,OZ) en entraîneur sportif peu recommandable.
Chaque saison développe des arcs narratifs différents, tout en proposant certains rebondissements surprenants et cliffhangers aussi puissants qu’un uppercut bien senti surtout dans la 2ème, la plus longue du show (20 épisodes). Le déroulement et l’issue des combats ne constituent pas le seul ressort scénaristique. J’ai trouvé qu’ils étaient parfois trop courts surtout dans la première saison. Ce défaut a été corrigé par la suite. Les auteurs de la série et notamment son créateur, Byron Ballasco, n’hésitent pas à approfondir les failles et les addictions des différents personnages leur conférant une certaine authenticité, sans tomber dans le pathos ou le misérabilisme. Ils s’attachent aussi à décrire de manière la plus réaliste possible tout ce qui entoure le monde des salles de sports et du MMA. Ils s’autorisent même à critiquer le mode de vie américain en donnant notamment un avis tranché sur les marginaux, la police et le système juridique. Ainsi sur 40 épisodes, chaque individu se bat à sa manière pour concrétiser leurs objectifs (rêves également) tout en cherchant leur place dans ce monde.
L’un des atouts les plus importants de Kingdom est, sans aucun doute, Jonathan Tucker. Il a su donner la meilleure intensité dans son jeu et son engagement physique en interprétant un combattant écorché vif et révolté. J’ai, également, apprécié la prestation de Frank Grillo avec son personnage devant faire face à ses limites et addictions. Les prestations féminines les plus intéressantes sont jouées par Joanna Going et Natalie Martinez.
Le final de la série est bien trouvé pour la clore avec un message fort envers la tolérance et le dépassement de soi.
Saison 1 : 7/10
Saison 2 : 9/10
Saison 3 : 8/10